Le Hamas a pris la décision lundi soir d’accepter une proposition de cessez-le-feu avec Israël, alors que l’armée israélienne a lancé son opération d’évacuation à Rafah. Toutefois, le gouvernement de Netanyahou persiste et signe: l’opération à Rafah se poursuit, alors qu’une délégation israélienne sera envoyée au Caire pour poursuivre les pourparlers. 

Le Hamas a indiqué lundi, en début de soirée, avoir informé l’Égypte et le Qatar qu’il acceptait leur proposition pour un cessez-le-feu avec Israël dans la bande de Gaza, dévastée par sept mois de guerre. Le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a annoncé lundi, en soirée, qu’Israël enverrait une délégation au Caire pour poursuivre les pourparlers avec le Hamas, même si la proposition ne répond pas aux exigences d’Israël. Toutefois, "Le cabinet de guerre a décidé à l’unanimité qu’Israël poursuivrait l’opération à Rafah afin d’exercer une pression militaire sur le Hamas", a indiqué le bureau du Premier ministre.

L’armée israélienne intensifie ses bombardements sur l’est de la ville de Rafah ce lundi soir, après l’annonce par le Hamas qu’il avait accepté une proposition de cessez-le-feu, selon l’AFP. Les frappes se poursuivent sans relâche, l’armée ayant réitéré lundi soir l’appel lancé en matinée aux habitants des quartiers est de Rafah afin de procéder à une évacuation. Cette mesure est présentée comme une prélude à une opération "terrestre" dans cette ville située à la lisière sud de la bande de Gaza assiégée et qui sert de refuge à plus d’un million de Palestiniens.

Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, s’est entretenu par téléphone avec le Premier ministre qatari, cheikh Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, et le chef du renseignement égyptien, Abbas Kamel, les informant que "le Hamas avait approuvé leur proposition d’accord de cessez-le-feu", selon un communiqué publié sur le site du mouvement palestinien, qui ne donne pas de détails sur le contenu de la proposition.

Un responsable du Hamas a indiqué à l’AFP sous le couvert de l’anonymat que "la balle est désormais dans le camp" d’Israël, qui a le choix "entre accepter l’accord de cessez-le-feu, ou y faire obstacle".

Le ministre israélien de la Sécurité nationale (extrême droite), Itamar Ben-Gvir, a réagi à cette proposition en déclarant que le groupe s’engageait dans des "jeux" qui n’avaient qu’une seule réponse: l’ordre immédiat d’occuper Rafah!

Le Forum israélien des familles d’otages et de disparus s’est félicité de la décision du groupe, ajoutant que c’est au tour du gouvernement israélien de prouver son engagement envers ses citoyens.

"Il est maintenant temps pour le gouvernement israélien de prouver, par des actes, son engagement envers ses citoyens, a déclaré le Forum. Le cabinet doit transformer l’acceptation du Hamas en un accord garantissant le retour de tous les (otages)."

Du côté américain, le directeur de la CIA, William Burns, s’est rendu dans la région pour discuter de cette proposition, a déclaré à la presse le porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby. "Nous voulons que les otages soient libérés, qu’un cessez-le-feu soit mis en place pour six semaines et que l’aide humanitaire soit augmentée", a déclaré M. Kirby, ajoutant que la conclusion d’un accord serait "le meilleur résultat possible".

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, appelle Israël et le Hamas à "faire le nécessaire" pour conclure un accord.

Le cessez-le-feu en trois phases

Selon Khalil al-Hayya, un haut responsable du Hamas, interviewé par Al-Jazeera, la première phase consisterait en un arrêt des hostilités, accompagné du retrait israélien du corridor de Netzarim, utilisé par Israël pour diviser le nord et le sud de Gaza.

Dans la deuxième phase, il y aurait une approbation pour un arrêt permanent des opérations militaires et hostiles, ainsi que le retrait total des forces israéliennes de Gaza.

La proposition inclurait également une disposition pour mettre fin au blocus de Gaza dans une troisième phase.

À Rafah, ville située à la lisière sud de la bande de Gaza, où l’armée avait appelé lundi matin les résidents de certains quartiers à évacuer en prévision d’une éventuelle opération militaire israélienne, l’annonce du Hamas a déclenché des scènes de liesse, accompagnées de tirs en l’air.

Les gens se réjouissent et remercient Dieu, a rapporté un correspondant de l’AFP sur place. "Des gens pleurent de joie et il y a des tirs en l’air de célébration".

Pendant plusieurs mois, une médiation impliquant l’Égypte, le Qatar et les États-Unis a tenté de négocier un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. Cette trêve était prévue pour inclure une pause dans les combats ainsi que l’échange de prisonniers palestiniens détenus dans les geôles israéliennes contre des otages israéliens pris lors de l’attaque sans précédent du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre, qui a déclenché la guerre.

Un cycle de négociations indirectes avait pris fin dimanche au Caire sans aucun progrès. Le Hamas réclamait que l’accord de trêve prévoie la fin de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza, une condition que rejette Israël qui se dit déterminé à anéantir le Hamas.

Avec AFP