Une offensive israélienne à grande échelle à Rafah provoquerait "le chaos" sans pour autant éliminer le Hamas, a averti le chef diplomatique américain Antony Blinken dimanche. De son côté, le Hamas a qualifié les déclarations du président américain Joe Biden sur les otages la veille de "revers" pour les négociations de trêve.

Une offensive majeure d’Israël à Rafah provoquerait "le chaos" et "l’anarchie", sans pour autant éliminer le Hamas, a alerté dimanche le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, tout en admettant que la guerre avait tué plus de civils que de membres du mouvement palestinien.

Le plan actuellement envisagé par Israël à Rafah "risque de provoquer d’énormes dégâts auprès de la population civile sans pour autant résoudre le problème", a estimé le secrétaire d’État sur NBC. "Il restera toujours des milliers de membres armés du Hamas", même avec une intervention à Rafah, a-t-il déclaré, soulignant qu’à terme, le Hamas reviendra.

"Nous avons vu le Hamas revenir dans les zones qu’Israël a libérées dans le nord, même à Khan Younès", ville en ruines proche de Rafah, a assuré le responsable américain.

Les États-Unis ont publiquement menacé de suspendre la livraison de certaines catégories d’armes à Israël, notamment des obus d’artillerie, si Israël lançait une offensive majeure dans la ville surpeuplée de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à laquelle le président Joe Biden s’oppose. "Nous leur avons parlé d’une bien meilleure façon d’obtenir un résultat durable", a conclu Antony Blinken.

Un "revers"

Par ailleurs, le Hamas a estimé dimanche que les déclarations tenues la veille par le président américain Joe Biden sur les otages constituaient un "revers" pour les négociations en vue d’une trêve dans la bande de Gaza. M. Biden avait estimé qu’un cessez-le-feu était possible, dimanche, si les 128 otages (selon les chiffres de l’armée israélienne) qui sont toujours retenus à Gaza étaient relâchés.

"Nous condamnons cette position du président américain, nous la considérons comme un revers par rapport aux résultats du dernier cycle de négociations" en vue d’une trêve et d’un échange d’otages, a déclaré le mouvement dans un communiqué. Menées sous la médiation de l’Égypte, du Qatar et des États-Unis, ces négociations semblent être dans l’impasse en raison de l’action militaire israélienne dans la ville de Gaza, au sud du pays.

Dimanche, le Hamas a également affirmé que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s’était "empressé de faire capoter" les pourparlers en attaquant Rafah. Le groupe palestinien a aussi accusé le gouvernement israélien d’"intensifier ses massacres (…) dans diverses zones de la bande de Gaza" et de "réaffirmer sa volonté de poursuivre la guerre génocidaire à Gaza".

Avec AFP