Narges Mohammadi, militante iranienne pour les droits des femmes, lauréate du prix Nobel de la paix 2023 et actuellement emprisonnée dans son pays, va être jugée pour avoir accusé les forces de sécurité iraniennes d’agressions sexuelles sur des détenues, a indiqué samedi sa famille.

Le procès, qui doit s’ouvrir dimanche, est lié à un message audio qu’elle a partagé en avril avec ses partisans depuis la prison où elle est incarcérée depuis fin 2021, dans lequel elle dénonçait une "guerre à grande échelle contre les femmes" dans la République islamique.

L’accusation lui reproche de faire de la "propagande contre le régime". Les autorités judiciaires iraniennes n’ont fait aucun commentaire sur cette affaire.

Citée par sa famille, Mme Mohammadi a indiqué que le procès devrait être ouvert au public pour que "les témoins et les survivantes puissent témoigner des agressions sexuelles commises par le régime de la République islamique à l’encontre des femmes" dans les prisons iraniennes.

Dans son message, la militante et journaliste détenue à la prison d’Evine, à Téhéran, a exhorté les femmes iraniennes à partager les faits concernant leurs arrestations et agressions sexuelles par les autorités sur son compte Instagram.

Elle a cité le cas de Dina Ghalibaf, journaliste et étudiante qui, selon des ONG, a été arrêtée après avoir accusé sur les réseaux sociaux les forces de sécurité de lui avoir passé les menottes et de l’avoir agressée sexuellement lors d’une précédente arrestation dans le métro. Mme Ghalibaf a ensuite été libérée.

Ces dernières semaines, les autorités iraniennes ont intensifié la répression contre les femmes en recourant notamment à la vidéosurveillance. En Iran, les femmes sont tenues de respecter un code vestimentaire strict les obligeant entre autres à porter un voile dans les lieux publics depuis la Révolution islamique de 1979.

Emprisonnée depuis novembre 2021, Mme Mohammadi n’a pas vu son mari et ses enfants jumeaux qui vivent à Paris depuis plusieurs années. Elle a déclaré que le procès qui doit s’ouvrir dimanche sera le quatrième de ce type à son encontre.

Agée de 52 ans, la militante a été maintes fois condamnée et emprisonnée depuis 25 ans pour son engagement contre le voile obligatoire pour les femmes et contre la peine de mort.

Avec AFP