Le ministre israélien de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a vertement critiqué l’Irlande, la Norvège et l’Espagne, pour avoir annoncé leur intention de reconnaître l’existence d’un État palestinien. "Les pays qui ont reconnu aujourd’hui un État palestinien récompensent les meurtriers et les agresseurs", a-t-il dénoncé, dans une vidéo publiée sur X et filmée depuis l’esplanade des Mosquées, mont du Temple pour les juifs, où il s’est rendu mercredi, pour la première fois depuis le début de la guerre à Gaza, le 7 octobre.

En vertu d’un statu quo décrété après la conquête de Jérusalem-Est par Israël en 1967, les non-musulmans peuvent se rendre sur l’esplanade des Mosquées à des heures précises, sans y prier, une règle de moins en moins suivie par certains juifs nationalistes. Le lieu est administré par la Jordanie, mais son accès est contrôlé par les forces de sécurité israéliennes. M. Ben Gvir, coutumier de visites sur ce lieu, a réaffirmé lors de son passage mercredi matin que le "site le plus sacré du peuple juif n’appartient qu’à l’Etat d’Israël".

Les visites de juifs nationalistes sur ce lieu sont souvent dénoncées par les Palestiniens et par le Waqf qui administre le lieu.

Chef du parti d’extrême-droite Force juive, M. Ben Gvir a été inculpé plus de 50 fois dans sa jeunesse pour incitation à la violence ou pour des discours de haine. En 2007, il a été condamné pour soutien à un groupe terroriste et incitation au racisme.

"Le terrorisme paie"

De son côté, le chef de la diplomatie israélienne, Israël Katz, a affirmé qu’en reconnaissant l’État de Palestine, l’Irlande, la Norvège et l’Espagne veulent envoyer "un message aux Palestiniens et au monde entier", selon lequel "le terrorisme paie".

"Après que l’organisation terroriste Hamas a perpétré le plus grand massacre de juifs depuis la Shoah, après avoir commis les crimes sexuels les plus horribles que le monde ait connus, ces pays ont choisi de récompenser le Hamas (…) et de reconnaître un État palestinien", a-t-il ajouté.

Les envoyés et ambassadeurs israéliens sont rappelés de Dublin, Oslo et Madrid pour des "consultations urgentes" et des "conséquences graves", a ajouté le ministre.

Un coup de pouce à la cause

Pour l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le Hamas, la décision de l’Irlande, la Norvège et l’Espagne est un coup de pouce à leur cause. "Nous considérons cela comme une étape importante vers l’affirmation de notre droit à notre terre", a déclaré le Hamas dans un communiqué, appelant "les pays du monde entier à reconnaître nos droits nationaux légitimes".

Selon le haut responsable du parti, Bassem Naim, c’est la "résistance courageuse" du peuple palestinien qui avait incité les trois pays européens à prendre cette décision. "Nous croyons que cela marquera un tournant dans la position internationale sur la question palestinienne", a-t-il poursuivi.

Hussein al-Sheikh, secrétaire général du comité exécutif de l’OLP, considérée internationalement comme le seul représentant légitime du peuple palestinien, a pour sa part souligné que ces décisions sont des "moments historiques où le monde libre triomphe pour la vérité et la justice".

L’Arabie saoudite a également "accueilli favorablement cette décision positive", appelant les autres pays à faire de même.

La Jordanie a, quant à elle, estimé que cette action coordonnée est une "étape importante et essentielle vers l’établissement d’un État palestinien". "Nous accueillons favorablement les décisions prises aujourd’hui par des pays européens amis de reconnaître un État palestinien", a déclaré le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, lors d’une conférence de presse conjointe à Amman. Le pays est le gardien des sites saints musulmans et chrétiens à Jérusalem et a joué un rôle de médiateur entre Israël et les Palestiniens par le passé.

M. Safadi a exprimé l’espoir que "ces décisions feront partie d’un mouvement plus large qui… mettra tous les pays du monde et de la région sur une voie claire vers une paix juste et globale, qui est le seul garant de la sécurité et de la stabilité pour la région".

Moment inopportun

La France à contrario a déclaré, mercredi, que ce n’est pas le moment opportun pour elle de reconnaître un État palestinien. "Notre position est claire, a écrit le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné. La reconnaissance d’un État palestinien n’est pas un tabou pour la France."

"Cette décision doit être utile, c’est-à-dire permettre une avancée décisive sur le plan politique, a-t-il ajouté dans un communiqué. La France ne considère pas que les conditions ont été réunies à ce jour pour que cette décision ait un réel impact dans ce processus."

Avec AFP