Les discussions prévues entre l’Iran et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en vue de sortir de l’impasse actuelle ont été suspendues en raison de la mort du président Ebrahim Raïssi, selon un rapport de l’instance onusienne.

Parallèlement, le programme nucléaire iranien a continué de monter en puissance ces derniers mois.

Au lendemain du décès du dirigeant survenu le 19 mai dans un crash d’hélicoptère, "l’Iran a fait savoir qu’à cause des “circonstances particulières”, il n’était pas approprié de poursuivre les discussions" et qu’une nouvelle date serait fixée ultérieurement, peut-on lire dans le document consulté lundi par l’AFP.

Au retour d’un voyage en Iran, début mai, pour renouer des liens fortement distendus, le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, avait demandé "des résultats concrets au plus vite".

"La situation actuelle n’est absolument pas satisfaisante. Nous sommes quasiment dans une impasse (…) et cela doit changer", avait-il déclaré, espérant des avancées d’ici au Conseil des gouverneurs, prévu la semaine prochaine à Vienne, en Autriche.

Mais, entretemps, la mort de M. Raïssi et de son ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a compliqué la situation.

Dans ce rapport, le chef de l’AIEA "réaffirme au nouveau gouvernement iranien sa volonté de poursuivre le dialogue à un haut niveau et les échanges techniques et son appel à ce faire".

Plus de 30 fois la limite

Dans un second document, l’AIEA fait un point sur l’escalade nucléaire de l’Iran.

Les stocks d’uranium enrichi s’élevaient à 6.201,3 kg le 11 mai (contre 5.525,5 kg en février), soit plus de 30 fois la limite autorisée par l’accord international de 2015, même si Téhéran nie vouloir se doter de la bombe.

Il était censé encadrer les activités atomiques de Téhéran en échange d’une levée des sanctions internationales, sous la supervision de l’instance onusienne chargée de vérifier le caractère pacifique du programme iranien.

Cependant, l’Iran s’est progressivement affranchi des engagements pris dans le cadre de ce pacte, connu sous l’acronyme JCPOA, en réaction au retrait des États-Unis décidé en 2018 par le président d’alors, Donald Trump.

Des discussions menées à Vienne pour le ranimer ont échoué à l’été 2022.

Outre l’accumulation de stocks, Téhéran a largement dépassé le plafond fixé à 3,67% – équivalant à ce qui est utilisé dans les centrales nucléaires pour la production d’électricité: il possède 751,3 kg d’uranium enrichi à 20% (contre 712,2 kg trois mois auparavant).

Dans le cas du seuil de 60%, proche des 90% nécessaires pour élaborer une arme atomique, Téhéran a accru son stock à 142,1 kg (contre 121,5 kilos précédemment), soit suffisamment de matière pour fabriquer trois bombes, d’après la définition de l’AIEA.

Avec AFP