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Et si c’était Keir Starmer qui franchirait la porte du 10 Downing Street le 4 juillet prochain? Le chef de l’opposition travailliste contemple depuis l’appel à des élections générales anticipées par le Premier ministre , la possibilité toujours très présente de remporter les prochaines élections et d’achever 14 ans de mandats successifs conservateurs. Aujourd’hui en tête des sondages, Starmer se trouve à un carrefour critique, où ses convictions, idées et propositions sont scrutées avec une attention accrue par une nation en quête d’alternance.

Mais que savons-nous réellement de Keir Starmer et de sa vision pour la Grande-Bretagne? Sous une façade de pragmatisme et de modération, M. Starmer n’est-il pas simplement un porte-drapeau des idéologies travaillistes traditionnelles qui prônent l’interventionnisme étatique et les dépenses publiques incontrôlées? Maints observateurs estiment que le spectre d’un socialisme effréné qui pourrait anéantir l’économie britannique et miner l’esprit entrepreneurial, plane lourdement sur ses propositions.

Peut-on raisonnablement croire que Keir Starmer redonnera à la Grande-Bretagne son éclat d’antan sur la scène mondiale, alors qu’il semble prêt à plonger le pays dans un maelström de régulations et de taxes? Sera-t-il le sauveur d’une nation en déclin ou, au contraire, l’artisan de son naufrage sous le poids d’une bureaucratie tentaculaire et inefficace? Ainsi, peut-on vraiment envisager que Starmer, si ses idées s’avèrent être déconnectées des réalités pragmatiques, parvienne à réconcilier une société fragmentée et à redresser une économie en berne? Qu’en sera-t-il de sa politique étrangère? Suivra-t-elle l’immoralité de son prédécesseur Jeremy Corbyn? Le 10 Downing Street pourrait bientôt accueillir un homme dont les actions risquent de définir l’avenir du Royaume-Uni.

Keir Starmer, en tant que potentiel chef de l’exécutif britannique, devra faire face à une nation désillusionnée et sceptique. Sera-t-il l’architecte d’une Grande-Bretagne revitalisée ou celui qui précipitera le pays dans les affres d’un socialisme destructeur? L’incertitude demeure, mais l’inquiétude est palpable: l’histoire pourrait bien juger sévèrement son passage au pouvoir.

Pour mieux comprendre l’éventualité de la victoire de Keir Starmer, il serait intéressant de décortiquer ses propositions, lorsqu’il y en a. Au sujet de l’économie et du pouvoir d’achat, les travaillistes demeurent très vagues. Ils promettent de ne pas augmenter les taxes sur les revenus, la TVA et l’assurance nationale. La chancelière de l’Échiquier du cabinet fantôme, Rachel Reeves, a même assuré lors d’une interview accordée à la chaîne britannique Sky News que les taxes ne seraient pas plus hautes au bout du mandat parlementaire 2024-2029 et seraient même plus basses. Mais comment est-ce possible pour un parti qui succède les promesses d’investissements non financés, qui souhaite augmenter les dépenses considérablement et qui n’a aucun plan pour contrôler la dette publique ?

Conventionnellement, le système monétaire prévoit que, pour financer toutes ces dépenses, il faudrait soit hausser les prélèvements sociaux (taxes), soit emprunter, ce qui ne plairait pas à la Banque d’Angleterre dont l’objectif est de baisser la dette publique qui a atteint des niveaux astronomiques lors de la crise Covid. Des estimations réalisées par l’Office de Responsabilité Budgétaire préconisent qu’il est nécessaire d’emprunter au moins 25 milliards de livres sterlings additionnels annuels pour financer le programme travailliste. Le flou autour de ces propositions économiques et la promesse d’une fiscalité inchangée ou réduite soulèvent de sérieuses questions quant à la viabilité et la crédibilité des projets travaillistes. La rhétorique séduisante de Starmer et de ses collègues peine à masquer une absence de solutions concrètes et réalistes pour un avenir économique stable et prospère.

Une deuxième préoccupation majeure des électeurs britanniques est le système de santé et les listes d’attente toujours trop longues de la NHS (système de santé publique). Si le Premier ministre actuel, Rishi Sunak, a admis ne pas avoir obtenu les résultats attendus et nécessaires à ce sujet, Keir Starmer, lui, promet, comme par enchantement, être capable de résoudre la crise de la NHS en moins d’un mandat parlementaire. Pour cela, il promet d’augmenter le nombre de personnels médicaux de 15,000 et d’investir massivement dans des lits additionnels et des machines toujours plus modernes. Mais comment financer un tel projet? Silence radio. Une fois de plus, les travaillistes semblent maîtriser l’art des beaux discours et complaisent dans des promesses dénuées de toute planification financière réaliste. Sans compter le dossier important de l’immigration illégale, qui a d’ailleurs connu une amélioration sous Sunak (diminution d’un tiers). Sir Keir Starmer préfère rester vague, assurant qu’il annulerait le projet de loi dit "Rwanda" (voir article du 06-05-2024), sans ajouter de plus amples détails. Sans doute pour ne pas contrarier l’aile de gauche extrême de son parti…

Cependant, un dossier où il est question de continuité presque parfaite avec le gouvernement conservateur actuel est la politique étrangère. En contraste avec l’immoralité de son très controversé prédécesseur Jeremy Corbyn, Keir Starmer s’est montré très franc dans les dossiers mondiaux. Depuis le premier jour, il a pris le camp ukrainien dans l’invasion russe de l’Ukraine, encourageant l’envoi d’armes, de missiles, de chars, d’avions de chasse et d’aides humanitaires, condamnant fermement "l’agression russe injustifiée" et soutenant la position du gouvernement à cet égard. Il a même visité le président ukrainien Volodymyr Zelensky à plusieurs reprises à Kiev et s’est montré très frontal avec la Russie de Poutine.

Quant au dossier de la guerre Israël-Hamas, Starmer a fermement condamné dès le 7 octobre 2023 "l’attaque d’un Hamas terroriste" contre les civils israéliens et s’est montré soutenant le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Il a longtemps contredit l’appel à un cessez-le-feu jusqu’en février dernier. Le problème dans ce dossier réside dans son gros soutien de la part de la communauté musulmane britannique: dès lors, il se montre plus vague, voulant jongler entre ses positions anti-Hamas et anti-bombardement de civils palestiniens. Il aurait même confirmé vouloir reconnaître l’État de Palestine dans le cadre d’un processus de paix plus global. Cela reste encore à être confirmé…

Aujourd’hui, 12 points uniquement séparent les conservateurs des travaillistes dans les sondages, contre 20 points il y a un mois. Si Keir Starmer est le favori pour les élections du 4 juillet prochain, c’est qu’il a su capitaliser sur les échecs et les scandales à répétition des conservateurs au cours des 14 dernières années, sans jamais proposer d’alternative claire et crédible. Sa rhétorique séductrice ne saurait masquer l’absence de solutions concrètes face aux défis colossaux qui attendent le pays. Les électeurs, fatigués des déceptions passées, risquent de découvrir que derrière les belles paroles se cache une vacuité inquiétante, incapable de répondre aux besoins urgents de la nation.