La candidate de la gauche au pouvoir, Claudia Sheinbaum, va devenir la première femme présidente dans l’histoire du Mexique, d’après trois enquêtes sorties des urnes diffusées après la fermeture de tous les bureaux de vote.

L’ex-maire de Mexico totalise entre 58 et 60% des voix, loin devant sa rivale de l’opposition, l’ex-sénatrice de centre-droit Xochitl Galvez, créditée de 26 à 28% des voix pour cette élection à un tour, a indiqué la présidente de l’INE Guadalupe Taddei. Le centriste Jorge Alvarez Maynez a obtenu entre 9 et 10% des voix.

Mme Sheinbaum, 61 ans, l’emporte largement avec 57,8% des voix contre 29,1% pour l’ex-sénatrice de centre droit Xochitl Galvez, d’après l’enquête de l’institut Enkoll. Le candidat centriste Jorge Alvarez Maynez arrive loin derrière (11,4%) de cette élection à un tour.

D’autres sondages de Televisa et d’El Financiero annoncent également la victoire de la candidate du Mouvement pour la régénération nationale (Morena), mais sans donner de pourcentage.

Ces enquêtes ont été autorisées par l’Institut national électoral (INE), qui donnera sa projection officielle entre 22h00 et 23h00 de Mexico (entre 04h:00 et 05h:00 GMT lundi).

Les enquêtes ont été diffusées après la fermeture des derniers bureaux de vote sur la côte Pacifique à 19h00 de Mexico (01h00 GMT), dans ce pays de près de deux millions de km2 à cheval sur trois fuseaux horaires.

Si les tendances se confirment, Mme Sheinbaum prendra la parole et célébrera sa victoire en soirée sur la grande place centrale du Zocalo, sous les fenêtres du palais national, siège de la présidence.

Scientifique de 61 ans, l’ex-maire de Mexico prendrait le 1er octobre le relais de son mentor en politique, le président sortant Andres Manuel Lopez Obrador, pour un mandat de six ans jusqu’en 2030.

Elle deviendrait la première femme présidente dans l’histoire d’un pays qui a enregistré en 2023 une moyenne de dix assassinats de femmes par jour, d’après les chiffres de l’ONU.

Au total, 70% des Mexicaines de plus de 15 ans ont fait l’expérience de la violence au moins une fois dans leur vie, de même source.

En votant à Mexico, Mme Sheinbaum a salué un "jour historique". Elle a confié qu’elle n’avait pas voté pour elle-même à la présidentielle, mais pour une pionnière de la gauche mexicaine, Ifigenia Martinez, 93 ans, en hommage à sa lutte. "Vive la démocratie!", a conclu Mme Sheinbaum.

Petite-fille de juifs ayant fui le nazisme et la misère en Lituanie et en Bulgarie, Mme Sheinbaum est portée par la popularité du président sortant, qui termine son mandat avec 66% d’opinions favorables.

Elle a pu également s’appuyer sur l’ancrage du parti au pouvoir Morena, qui a conquis en dix ans d’existence avec ses alliés la présidence, la majorité parlementaire, ainsi qu’une vingtaine des 32 États.

Les électeurs étaient également appelés à renouveler le Congrès et le Sénat, à choisir les gouverneurs dans neuf des 32 États et à désigner des députés locaux et maires.

Dans un message juste après la fermeture de tous les bureaux de vote, Mme Galvez a mis en garde ses partisans contre "l’autoritarisme" du pouvoir en place ajoutant: "Ils sont capables de tout."

File d’attente et violences

Au total 98,3 millions d’électeurs étaient inscrits sur les listes électorales. De Tijuana à Mexico en passant par Guadalajara. La journée a été marquée par de longues files d’attente devant les bureaux de vote sous un soleil de plomb, d’après des photographes de l’AFP.

"Je crois que ça va être historique en termes de participation", affirme Ana Hernandez, 28 ans, politologue, devant un bureau de vote dans la capitale.

La journée électorale a été rattrapée par la violence en certains endroits.

Deux personnes ont été tuées dans deux attaques contre des bureaux de vote dimanche dans l’État de Puebla dans le centre du pays, a indiqué une source de sécurité du gouvernement local.

Un candidat aux élections locales avait déjà été tué dans ce même État vendredi. Un autre candidat à un mandat mineur a été tué dans la nuit quelques heures avant l’ouverture des bureaux de vote dans l’ouest, d’après le parquet.

Au moins 25 candidats ont été assassinés pendant la campagne, d’après le comptage de l’AFP arrêté samedi.

"Je vais voter Morena, parce qu’ils ont donné beaucoup d’aide aux personnes âgées, aux enfants", a témoigné Reina Balbuena, 50 ans, qui vend des "tamales", plat typique mexicain (sorte de papillote garnie de viande et de maïs).

"Je reçois une bourse pour ma petite-fille, je l’élève, la mère je ne sais pas où elle est, elle me l’a laissée. Pour cela ils me versent 800 pesos (47 dollars) et cela m’a aidée pour ses uniformes", ajoute-t-elle, persuadée en plus qu’"une femme présidente aidera davantage les femmes".

"Tout va mal aujourd’hui, sécurité, travail, école, retraites, services", se plaint au contraire Alma Mateos, la quarantaine, qui s’apprêtait à voter pour le PAN, parti de droite, l’un des trois qui soutient Mme Galvez.

Par Jean Arce, AFP