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Victoire du Rassemblement national (RN) aux élections européennes, dissolution de l’Assemblée nationale, législatives anticipées, nouveau "front populaire" à gauche, une "alliance" avec le RN voulue par la droite… Depuis quelques jours, la vie politique française est bien secouée.

Des coups de théâtre, l’histoire de la vie politique française en est truffée. Mais ces dernières heures, ils s’enfilent comme des perles.

Le premier a lieu dimanche 9 juin à 20h. Les chaînes de télévision françaises annoncent les résultats des élections européennes. La liste du parti d’extrême droite du Rassemblement national (RN) – portée par Jordan Bardella – l’a largement emporté face à celle de la candidate de la majorité présidentielle, Valérie Hayer. La liste RN a recueilli 31,37% des suffrages, soit plus du double du score de celle de Valérie Hayer (14,60%), selon les chiffres avancés par le ministère de l’Intérieur.

Le deuxième coup de tonnerre intervient une heure plus tard, à 21h. Lors d’une prise de parole inattendue diffusée à la télévision, le président français Emmanuel Macron, prenant acte des résultats des élections européennes, prononce la dissolution de l’Assemblée nationale et la tenue de nouvelles élections législatives – avec un premier tour le 30 juin et un second tour le 7 juillet. Ce scénario n’est pas arrivé depuis 1997, sous la présidence de Jacques Chirac. Un pari risqué pour le président français qui pourrait, en cas de mauvais résultats, perdre sa majorité à l’Assemblée nationale et entrer en "cohabitation", le tout à la veille des Jeux olympiques.

Une "alliance" de la droite avec le Rassemblement national

Troisième coup de tonnerre ce mardi 11 juin, à 13h. Alors que la période des tractations électorales s’ouvre entre les partis politiques pour tenter de constituer des coalitions – et que les différents partis de gauche semblent avoir décidé de présenter des candidatures uniques aux législatives autour d’un "Front populaire" – les choses bougent du côté de la droite. Le patron du parti Les Républicains (LR), Éric Ciotti, a affirmé au journal de 13h de TF1 vouloir nouer une "alliance" avec le Rassemblement national. "Il faut une alliance avec le Rassemblement national", a déclaré Éric Ciotti, avant d’ajouter: "Je souhaite ma famille politique aille dans ce sens".

Cette décision a provoqué l’ire de bon nombre d’élus du parti, dont ses ténors. Ainsi, le président du Sénat, Gérard Larcher, qui a notamment demandé la démission d’Éric Ciotti de la présidence du parti, de même que le président du groupe LR à l’Assemblée nationale, Olivier Marleix. D’actuels membres du gouvernement – et anciens membres du parti – tels que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ou celui de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, se sont également prononcés au sujet de la décision d’Éric Ciotti.

Cela signifie-t-il l’explosion du parti Les Républicains, héritier du RPR de Jacques Chirac et du parti gaulliste? Difficile à dire. Quoi qu’il en soit, la droite est en train de se déchirer.

Quelques heures après ce coup de tonnerre, la députée européenne Marion Maréchal a indiqué que son parti, Reconquête (classé à l’extrême droite), ne nouera pas d’alliance avec le Rassemblement national. Sur X, Marion Maréchal a déclaré: "Jordan Bardella m’a informée cet après-midi d’un changement de position et du refus du RN du principe d’un accord".

La campagne pour le premier tour des législatives, qui commence officiellement le 17 juin, promet d’être musclée, pleine de suspense et de surprises. Les candidats ont jusqu’au dimanche 16 juin pour déposer leur candidature. Le président français, Emmanuel Macron, doit par ailleurs s’exprimer mercredi à la mi-journée lors d’une conférence de presse.