La guerre civile en cours au Soudan a provoqué l’une des pires crises humanitaires au monde depuis des décennies, selon le responsable international de l’organisation caritative Médecins sans frontières, dans une déclaration faite jeudi.

La guerre a plongé le Soudan dans "une des pires crises" humanitaires au monde depuis des décennies, a déclaré, jeudi, Médecins sans Frontières.

"Le Soudan est marqué par l’une des pires crises que le monde ait connues depuis des décennies et la réponse humanitaire est profondément inadéquate", a dit sur X le président international de MSF, Christos Christou.

Sudan is one of the worst crises the world has seen for decades. There are extreme levels of suffering across the country, the needs are growing by the day, but the humanitarian response is deeply inadequate. – @DrChristou #LetsTalkAboutSudanMSF pic.twitter.com/7zio1EeVRL

— MSF East Africa (@MSF_EastAfrica) April 8, 2024

"Il y a des niveaux extrêmes de souffrance à travers le pays et les besoins grandissent de jour en jour", a-t-il ajouté.

L’accès des organisations humanitaires au Soudan est "insuffisant" et une partie de la population risque de "mourir de faim", a averti de son côté le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi.

Afin de s’emparer de la ville, les FSR l’ont assiégée, piégeant des centaines de milliers de civils.

Tard mercredi, des bombardements d’artillerie lancés par les FSR "ont fait 14 morts et 25 blessés", a affirmé jeudi le Comité d’urgence du camp de déplacés d’Abou Shouk, près d’El-Facher, un des nombreux groupes de défense de la démocratie qui organisent l’entraide au Soudan.

Crimes de guerre

Le Comité de résistance de Kutum, à 70 kilomètres au nord d’El-Facher, a annoncé que quatre civils avaient été tués dans une frappe aérienne de l’armée mercredi.

Selon MSF, les combats à El-Facher ont fait plus de 220 morts entre le 10 mai et le 8 juin.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la semaine dernière une résolution exigeant la fin du "siège" d’El-Facher.

MSF au Soudan a par ailleurs indiqué sur X qu’à Omdourman, une banlieue nord-ouest de la capitale Khartoum, l’hôpital Al-Naw, soutenu par cette ONG, avait été visé par un bombardement mercredi, qui a fait au moins trois morts et 27 blessés.

Des bombardements intenses ont eu lieu autour de la ville, selon cette même source.

Les deux belligérants ont été accusés de crimes de guerre pour avoir visé délibérément des civils, bombardé des zones habitées et bloqué l’aide humanitaire, malgré la menace de famine qui pèse sur des millions de Soudanais.

Des groupes de défense des droits humains ainsi que les États-Unis ont aussi accusé les paramilitaires de nettoyage ethnique et de crimes contre l’humanité.

Les États-Unis ont annoncé, la semaine dernière, une aide d’urgence de 315 millions de dollars pour le Soudan et appelé les deux camps à permettre l’accès à l’aide humanitaire.

"Des niveaux jamais vus"

L’ambassadrice des États-Unis aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a affirmé que la faim au Soudan pourrait atteindre des niveaux jamais vus depuis la famine en Éthiopie au début des années 1980, qui avait fait 1,2 million de morts.

"Nous avons vu des projections de mortalité selon lesquelles plus de 2,5 millions de personnes – environ 15% de la population – au Darfour et au Kordofan, les régions les plus durement touchées, pourraient mourir d’ici la fin du mois de septembre", a-t-elle prévenu.

"Il s’agit de la plus grande crise humanitaire de la planète, et elle menace encore de s’aggraver à l’approche de la saison des pluies", a ajouté la diplomate.

Avec AFP