Législatives en France: début d'un second tour historique
La brève campagne électorale en France s'est achevée samedi à la veille du vote final, tandis que les premiers bureaux de vote ouvraient leurs portes dans les territoires d'outre-mer.

Le «front républicain» formé pour contrer l'extrême droite va-t-il fonctionner? Les Français ont commencé samedi à donner leur réponse, dans les outre-mer et en Amérique, pour un week-end d'élections législatives aux enjeux historiques.

Les électeurs de Saint-Pierre-et-Miquelon, la petite collectivité française de l'Atlantique nord, ont été les premiers appelés aux urnes samedi à partir de 10h00 GMT. Dans l'unique circonscription de cet archipel, un divers droite et un socialiste s'affrontent.

Suivront la Guyane, les Antilles, les Français vivant sur le continent américain et la Polynésie, puis la Nouvelle-Calédonie en soirée. Les Français vivant en métropole et dans les autres territoires d'outre-mer voteront dimanche.

Au niveau national, rarement des élections législatives auront déchaîné autant les passions, suscité l'anxiété des uns ou l'espoir de ceux qui, en votant pour le parti Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen, veulent donner à l'extrême droite la possibilité de gouverner.



Un gouvernement issu de l'extrême droite en France serait une première depuis la Seconde Guerre mondiale.

Quelques heures avant la fin de la campagne électorale, vendredi, à minuit, et le début d'une période de réserve, plusieurs sondages semblaient montrer un resserrement entre les trois blocs: à l'extrême droite le RN et ses alliés, à gauche l'alliance Nouveau Front populaire (NFP) et au centre-droit les partisans du président Emmanuel Macron.

Dans l'Assemblée nationale qui sortira des urnes dimanche, l'extrême droite et ses alliés n'auraient pas la majorité absolue, selon les dernières enquêtes d'opinion. Ils en seraient même assez éloignés, avec 170 à 210 sièges, pour une majorité absolue fixée à 289 députés. Ils seraient talonnés par le NFP (155 à 185 sièges) et suivis par les macronistes (95 à 125 sièges).
«Parti unique»

Pour Marine Le Pen, si les derniers sondages se confirmaient, ce serait le triomphe du «parti unique» de «ceux qui veulent conserver le pouvoir contre la volonté du peuple».

Dans les heures qui ont suivi le premier tour, plus de 200 candidats de la gauche et du centre se sont désistés. Et des dizaines de triangulaires, qui semblaient favorables au RN, se sont transformées en duels beaucoup plus incertains.

Partisan de l'union à gauche malgré son opposition à La France insoumise (LFI, gauche radicale), l'eurodéputé Raphaël Glucksmann, ex-tête de liste des socialistes aux européennes, a mis en garde contre une démobilisation des électeurs et affirmé que la possibilité d'une majorité absolue pour l'extrême droite ne pouvait pas être écartée.


«Contrairement à la petite musique qui s'installe, ce n'est pas du tout garanti au moment où on se parle», a-t-il déclaré vendredi soir.

«Aujourd'hui, le péril, c'est une majorité dominée par l'extrême droite et ce serait un projet catastrophique», a prévenu vendredi soir le Premier ministre, Gabriel Attal, chef de la campagne des macronistes, sur la chaîne publique France 2.



Si le RN franchissait la barre des 289 élus ou s'en approchait, c'est Jordan Bardella, 28 ans, qui entrerait à Matignon, fort de sa victoire aux élections européennes du 9 juin, qui avait incité Emmanuel Macron à dissoudre l'Assemblée nationale.

Il deviendrait le plus jeune Premier ministre de l'histoire et mettrait en place le programme anti-immigration prôné depuis des décennies par son parti.

Mais si la gauche et les macronistes parvenaient, avec leur front républicain, à faire échec au RN, il leur faudrait proposer aux Français une solution pour gouverner le pays.
«La carpe et le lapin»

L'idée d'une large coalition rassemblant une partie de la gauche, le bloc central et la droite hostile à un accord avec le RN, a donc émergé. Mais sur quel programme cette alliance décrite par les politologues comme relevant «de la carpe et du lapin» pourrait-elle s'entendre ?

«Les Français peuvent imposer dimanche une coalition républicaine par les urnes», affirmait vendredi un proche d'Emmanuel Macron.

Gabriel Attal a déclaré vendredi que son gouvernement pourrait assurer la continuité de l'État «aussi longtemps que nécessaire», c'est-à-dire expédier les affaires courantes en attendant la formation d'un nouveau gouvernement. La question se pose d'autant plus que Paris accueillera les Jeux olympiques du 26 juillet au 11 août.

La tradition veut que le gouvernement présente sa démission après des élections législatives. Gabriel Attal a fait savoir qu'il s'exprimerait dimanche soir sur ses intentions.

La fin de campagne, dans un climat de grande tension, a été marquée par des agressions et des violences contre des candidats ou des militants. Face à d'éventuels débordements dimanche soir, 30.000 policiers seront mobilisés, dont 5.000 à Paris.

Hervé Rouach, avec AFP
Ici Beyrouth
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