Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a prononcé, mercredi, un discours devant un Congrès américain divisé, avec pour but de faire pression sur les États-Unis, dans un contexte tendu entre les deux pays alliés après plus de neuf mois de guerre à Gaza.

"Nous nous trouvons à un carrefour de l’histoire" alors que le monde est "en plein bouleversement", a-t-il introduit au début de son discours, après avoir été longuement applaudi à son entrée par les élus républicains, debout pour l’accueillir.

À l’inverse, une partie des élus démocrates sont restés assis.

Choc entre la barbarie et la civilisation

Au Moyen-Orient, "l’axe de la terreur" de l’Iran "affronte" les États-Unis, Israël et ses amis arabes. "Il ne s’agit pas d’un choc des civilisations. C’est un choc entre la barbarie et la civilisation", a ensuite insisté M. Netanyahou.

"C’est un choc entre ceux qui glorifient la mort et ceux qui sanctifient la vie. Pour que les forces de la civilisation triomphent, l’Amérique et Israël doivent faire front commun", a enchaîné le chef du gouvernement israélien.

"Nous gagnerons!", a-t-il répété.

M. Netanyahou a ensuite affirmé que le 7 octobre fut l’équivalent de "20 attentats du 11 septembre en un jour", compte tenu de la taille de la population rapportée à celle des États-Unis.

"Comme le 7 décembre 1941 et le 11 septembre 2001, le 7 octobre est un jour qui restera à jamais dans l’infamie", a-t-il  ajouté, reprenant en ce sens les mots du président américain Franklin D. Roosevelt dans son discours au Congrès, après l’attaque de Pearl Harbor, intitulée depuis "Day of Infamy".

"Ces monstres ont violé des femmes, décapité des hommes, brûlé des bébés vivants", a-t-il déclaré devant le Congrès. "Ils ont tué des parents devant leurs enfants et des enfants devant leurs parents. Ils ont traîné 255 personnes, vivantes ou mortes, dans les sombres cachots de Gaza", a-t-il insisté.

Remerciements à Biden

Benjamin Netanyahou a aussi remercié le président américain Joe Biden pour son soutien "sincère" à Israël.

"Le président Biden et moi-même nous connaissons depuis plus de 40 ans. Je tiens à le remercier pour un demi-siècle d’amitié envers Israël et pour avoir été, comme il le dit, un fier sioniste", a déclaré M. Netanyahou.

Le chef du gouvernement israélien a ensuite remercié M. Biden pour ses "efforts inlassables en faveur des otages et de leurs familles".

"Ils devraient avoir honte"

Au cours du discours, la députée démocrate du Michigan et seule Américano-Palestinienne membre du Congrès, Rashida Tlaib, a brandi une pancarte sur laquelle on pouvait lire d’un côté "War Criminal" (criminel de guerre), ainsi que "Coupable de génocide" de l’autre.

Selon M. Netanyahou, les manifestants qui soutiennent la cause palestinienne ont choisi de "se tenir aux côtés du mal" et du Hamas.

"Ils devraient avoir honte", a-t-il insisté, avant d’ajouter que "pour autant que nous le sachions, l’Iran finance les manifestations anti-israéliennes qui se déroulent en ce moment même à l’extérieur de ce bâtiment".

Le chef du gouvernement israélien a ensuite qualifié de "calomnies scandaleuses" les accusations selon lesquelles Israël se livrerait à un génocide contre les Palestiniens de Gaza, dans son discours devant le Congrès.

"Les calomnies scandaleuses qui dépeignent Israël comme un pays raciste et génocidaire visent à délégitimer Israël, en plus de diaboliser l’État juif et les juifs partout dans le monde", a-t-il insisté.

Concernant les accusations de la Cour pénale internationale (CPI), l’intéressé les a fustigées comme "un non-sens total", ajoutant qu’il s’agit d’une "fabrication pure et simple".

Démilitariser Gaza

Il a ensuite appelé à la démilitarisation et à la déradicalisation de la bande de Gaza d’après-guerre, exposant sa vision de l’étroit territoire côtier dévasté par neuf mois de guerre.

"Après notre victoire, avec l’aide des partenaires régionaux, la démilitarisation et la déradicalisation de Gaza peuvent également conduire à un avenir de sécurité, de prospérité et de paix. C’est ma vision pour Gaza", a déclaré M. Netanyahou aux législateurs américains.

D’autre part, il a demandé aux États-Unis d’accélérer l’aide militaire à son pays afin de mettre fin à la guerre à Gaza, après avoir précédemment accusé Washington de retarder l’aide.

"J’apprécie profondément le soutien de l’Amérique, y compris dans la guerre actuelle. Mais il s’agit d’un moment exceptionnel. L’accélération de l’aide militaire américaine pourrait considérablement accélérer la fin de la guerre à Gaza et contribuer à prévenir une guerre plus large au Moyen-Orient", a précisé M. Netanyahou.

Celui-ci a ensuite appelé tous les pays en paix, ou souhaitant faire la paix avec Israël, à rejoindre une "alliance Abraham régionale", destinée à contrer l’Iran et à promouvoir la stabilité au Proche-Orient, faisant allusion aux accords signés entre les Émirats arabes unis et l’État hébreu en 2020.

Frontière libano-israélienne

Le Premier ministre israélien a ensuite abordé la situation à la frontière libano-israélienne, affirmant qu’il fera "tout ce qui est nécessaire" pour sécuriser sa frontière nord, où ses forces sont engagées dans des affrontements quasi quotidiens avec le Hezbollah.

Il a toutefois ajouté préférer la voie diplomatique pour atteindre ce but.

"Permettez-moi d’être clair: Israël fera tout ce qui est nécessaire pour rétablir la sécurité à notre frontière nord et pour que nos concitoyens rentrent chez eux en toute sécurité", a déclaré M. Netanyahou, en faisant référence aux personnes déplacées par les combats.