La lauréate iranienne du prix Nobel de la paix, Narges Mohammadi, et d’autres codétenues ont été blessées lors d’affrontements avec des gardiens de la prison d’Evin, à Téhéran, selon sa famille, qui dit craindre pour sa santé.

"De nombreuses prisonnières politiques, dont Narges Mohammadi, se sont rassemblées (…) pour protester contre l’exécution de Gholamreza Rasaei", a déclaré la famille dans un communiqué, jeudi.

"Ordre a été donné de frapper et d’attaquer les femmes, en particulier celles qui se trouvaient en première ligne des protestations, qui ont été violemment battues par les forces de sécurité".

L’administration pénitentiaire iranienne a pour sa part démenti cette version, affirmant qu’aucune des détenues n’avait été battue et les accusant d’être à l’origine de l’agression de plusieurs gardiens, selon l’agence de presse Tasnim.

La famille indique également qu’après avoir reçu un coup de poing à la poitrine, Narges Mohammadi a souffert d’une "insuffisance respiratoire" et de "vives douleurs thoraciques" qui lui ont fait perdre connaissance dans la cour de la prison.

Elle a reçu des soins à l’infirmerie de la prison, mais n’a pas été transférée à l’hôpital. "Nous sommes profondément inquiets de l’état de santé de Narges Mohammadi", ont confié ses proches dans le communiqué.

Tensions à Evin

La militante des droits de l’homme, 52 ans, prix Nobel 2023, notamment pour son combat contre la peine de mort, est emprisonnée depuis novembre 2021 et a passé une large part de la dernière décennie en prison.

Ces derniers mois, elle a souffert de violentes douleurs au dos et au genou. En 2021, elle avait dû se faire poser un stent sur une artère bouchée.

Sa famille, qui vit à Paris, a souligné qu’elle n’avait aucun contact direct avec elle depuis que son droit de téléphoner lui a été retiré en novembre. Elle a expliqué avoir été mise au courant de ces évènements par les familles de ses codétenues.

Des informations ont fait état de tensions dans l’aile de la prison des femmes d’Evin après la condamnation à mort de deux militantes Kurdes, Sharifeh Mohammadi et Pakhshan Azizi, pour appartenance à une organisation interdite.

Malgré sa détention et les problèmes de santé auxquels elle fait face, Mme Mohammadi a continué de faire campagne et a, notamment, fermement soutenu les manifestations entamées en septembre 2022.

Celles-ci avaient éclaté à travers l’Iran après la mort en détention de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans arrêtée pour avoir violé les règles vestimentaires très strictes de la République islamique à l’égard des femmes.

La militante iranienne a été condamnée en juin à une nouvelle peine d’un an de prison pour "propagande contre l’Etat". Un chef d’inculpation qui s’ajoute aux nombreux autres pour lesquels elle a écopé d’une peine de 12 ans et trois mois d’emprisonnement, 154 coups de fouet, deux ans d’exil et diverses sanctions sociales et pénales.

Les organisations de défense des droits humains affirment que la République islamique a de nouveau intensifié l’usage de la peine de mort après une brève pause consécutive à l’élection du nouveau président, Massoud Pezeshkian.

Avec AFP