Le pape François, en visite en Belgique, a assuré vendredi que l’Église devrait "avoir honte" et "demander pardon" pour les violences sexuelles commises sur des mineurs par des membres du clergé, alors que les attentes des victimes sont fortes dans ce pays marqué par des scandales.

"L’Église doit avoir honte, demander pardon et chercher à résoudre cette situation avec l’humilité chrétienne, et faire tout son possible pour que cela ne se reproduise pas", a déclaré le jésuite argentin de 87 ans devant les autorités belges réunies au château de Laeken, résidence du couple royal à Bruxelles.

François, qui avait déjà promis une "tolérance zéro" sur ce sujet, doit recevoir en fin de journée à la nonciature, à Bruxelles (l’ambassade du Saint-Siège), quinze victimes de viol ou d’agression sexuelle par des ecclésiastiques en Belgique au siècle dernier.

Une rencontre "en toute discrétion", selon l’Église belge qui dit vouloir protéger l’anonymat de ces personnes.

Vendredi matin, François s’est également dit "attristé" par le scandale dit des "adoptions forcées", avec la complicité d’ordres religieux, un drame qui a touché des milliers de Belges entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les années 1980.

La pratique concernait principalement des jeunes femmes célibataires, parfois victimes de viol ou d’inceste, dont les parents voulaient cacher la grossesse. Ces derniers se mettaient en contact avec des ordres religieux, eux-mêmes en lien avec des familles en attente d’adoption. De nombreuses victimes s’efforcent encore, des décennies plus tard, d’éclaircir les circonstances de ces séparations forcées.

Tant les violences sexuelles sur mineurs que les adoptions forcées ont "gravement entamé" la confiance des Belges dans l’Église, a assuré pour sa part le Premier ministre, Alexander De Croo.

"Les mots ne suffisent pas aujourd’hui, des mesures concrètes doivent être prises", a lancé le dirigeant libéral flamand.

Le dossier de la pédocriminalité dans l’Église belge a refait surface à l’automne 2023 avec la diffusion d’un documentaire choc où témoignaient des victimes livrant un secret enfoui parfois pendant des décennies, beaucoup déplorant une omerta dans l’Église pour protéger les agresseurs et le fait de n’avoir jamais pu obtenir justice.

Dans une lettre ouverte publiée début septembre par le quotidien Le Soir, des victimes ont réclamé une parole forte de François, lui demandant d’instaurer un processus de réparation financière, d’organiser une "réflexion de fond" sur le célibat des prêtres et de "renforcer le travail de libération de la parole, qui n’en est en réalité qu’à ses balbutiements".

De l’Irlande à l’Allemagne, en passant par les États-Unis, la multiplication des scandales sexuels dans l’Église a constitué l’un des plus douloureux défis pour le pape François, qui a demandé pardon aux victimes et créé une commission consultative pour la protection des mineurs au Vatican.

Parmi les mesures prises depuis 2019 figurent la levée du secret pontifical sur les violences sexuelles du clergé, l’obligation pour les religieux et laïcs de signaler tout cas à leur hiérarchie, ou la mise en place de plateformes d’écoute dans les diocèses du monde entier. Le secret de la confession demeure toutefois absolu.

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