À long terme, les milliers de missiles, drones et munitions envoyés par les États-Unis en Ukraine ainsi que le réarmement des pays occidentaux font que les marchands d’armes américains devraient profiter à plus long terme du conflit, avec des pays occidentaux soucieux de muscler leur défense face à la Russie.
Le stock de Washington
Selon Colin Scarola, du cabinet CFRA, " si 1.000 Stinger et 1.000 Javelin sont envoyés en Europe de l’Est chaque mois pendant l’année à venir, cela pourrait revenir à 1 à 2 milliards de dollars de chiffre d’affaires " pour Raytheon et Lockheed. Une somme non négligeable mais à rapporter à leur chiffres d’affaires respectifs de 64 et 67 milliards l’an dernier. Parmi les plus grandes entreprises du secteur de la défense aux Etats-Unis, Lockheed, Raytheon et Northrop Grumman n’ont pas répondu aux sollicitations de l’AFP.
" La guerre en Ukraine rebat les cartes de l’ordre géopolitique comme on ne l’avait plus vu depuis 30 ans ", remarque Burkett Huey, du cabinet Morningstar. " Les gens réalisent que le monde est beaucoup moins sûr et qu’il va probablement y avoir besoin d’une augmentation des investissements dans la défense pouvant bénéficier aux entreprises du secteur. "
Aux États-Unis, Joe Biden a proposé une augmentation du budget de la Défense de 4%, un chiffre à relativiser au regard de l’inflation. Mais au moins le budget ne recule pas.
" F-35-ification " des armées
L’Allemagne, après avoir longtemps traîné des pieds sur ses dépenses militaires, a annoncé fin février le déblocage immédiat d’une enveloppe de 100 milliards d’euros pour moderniser son armée. Dans ce contexte, " les pays vont aussi probablement chercher à augmenter l’interopérabilité (de leurs équipements) avec ceux des États-Unis, qui est quand même le pilier de l’OTAN ", ajoute M. Heginbotham.
L’Allemagne a ainsi décidé mi-mars d’acquérir des avions de chasse F-35 de Lockheed, début d’un processus de plusieurs années avant leur livraison, qui est le moment où les industriels reçoivent l’essentiel des revenus. Cette " F-35-ification " des armées en dehors des États-Unis est une bonne nouvelle pour les entreprises américaines, et les militaires américains y voient sûrement un côté pratique, remarque Eric Gomez, spécialiste des politiques de défense au Cato Institute.
" Mais cela rend plus difficile pour les États-Unis d’envisager de se mettre en retrait en Europe " au moment où l’administration Biden " répète régulièrement que sa priorité (en termes de défense) est la Chine ", ajoute-t-il.
Avec AFP