L’instabilité règne au Yémen depuis plusieurs années, la guerre a engendre une tragédie humanitaire et déplacé des milliers de personnes.

Le nouveau conseil présidentiel du Yémen est " prêt à la guerre " si l’actuelle tentative de paix avec les rebelles Houthis vient à échouer mais il souhaite que le conflit prenne rapidement fin, a déclaré un de ses membres à l’AFP.

" Notre première option est la paix mais nous sommes prêts à la guerre ", a affirmé samedi soir Abdallah al-Alimi dans sa première interview depuis sa nomination au sein d’un conseil de huit membres chargé de diriger le pays à la suite de la démission surprise du président Abed Rabbo Mansour Hadi le 7 avril.

" Nous pensons que le conseil, avec le soutien de la coalition, est en position de remporter une victoire militaire décisive ", ajoute al-Alimi.

Le gouvernement de Hadi, reconnu par la communauté internationale, était pris depuis sept ans dans un conflit contre les Houthis, soutenus par l’Iran, qui contrôlent la capitale Sanaa et la majeure partie du nord du pays, malgré l’intervention militaire de soutien de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite en 2015.

Cette guerre a causé l’une des tragédies humanitaires les plus graves au monde, faisant des centaines de milliers de morts, des millions de déplacés et poussant une grande partie de la population au bord de la famine.

La démission de Hadi et la création du conseil présidentiel sont intervenus à l’issue de pourparlers dans la capitale saoudienne réunissant les factions anti-Houthis mais boycottés par les rebelles, qui considèrent Ryad comme un territoire " ennemi ".

Ces développements suivaient l’annonce début avril d’une trêve de deux mois renouvelable qui a apporté un rare répit dans le pays et suscité de prudents espoirs que la guerre se termine enfin.

" Nous espérons que la situation désastreuse au Yémen donnera aux gens le désir de laisser les intérêts personnels et partisans derrière eux pour rechercher la paix ", a poursuivi M. Alimi, qui est l’ancien chef de cabinet de Hadi.

Réticence des rebelles

Les membres du conseil présidentiel doivent rencontrer dans les prochains jours l’envoyé spécial des Nations unies au Yémen, Hans Grundberg, qui s’est rendu la semaine dernière à Sanaa pour la première fois afin de s’entretenir avec les dirigeants Houthis.

Après avoir rencontré Grundberg, le conseil se rendra dans le pays, dans un lieu qu’al-Alimi a refusé de préciser, pour prêter serment.

Le conseil n’a, par ailleurs, pas encore décidé du délai qu’il accordera aux Houthis pour revenir à la table des négociations, a indiqué le dirigeant, ajoutant que les pourparlers pourraient à l’avenir se tenir dans un cadre plus neutre, comme chez le voisin Oman.

Cependant, les rebelles se sont jusque-là montrés dédaigneux, dénonçant le nouveau conseil présidentiel comme " une tentative désespérée de resserrer les rangs des mercenaires " qui combattent au Yémen.

Les observateurs rappellent d’ailleurs que les Houthis ont conditionné la paix au départ des forces étrangères et certains pensent qu’ils ne sont réellement intéressés que par des pourparlers avec les Saoudiens.

" Les Houthis ne se considèrent pas en conflit avec les Yéménites. Ils se voient en conflit avec l’Arabie saoudite ", affirme ainsi Fatima Abo Alasrar, du Middle East Institute à Washington.

Si les efforts de paix n’aboutissent pas, les forces anti-Houthis sont en mesure de poursuivre " une campagne concertée sur plusieurs fronts " contre les rebelles, à condition que les membres du conseil présidentiel à la composition hétérogène restent soudés, estime pour sa part Peter Salisbury, analyste Yémen pour l’International Crisis Group.

" Ils (le conseil présidentiel, ndlr) ont la possibilité de chercher plus agressivement la paix et de poursuivre plus agressivement la guerre, et le résultat le plus probable est qu’ils fassent un peu l’un et l’autre ", poursuit-il.

Avec AFP

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