Surnommé le " Métro de Gaza " par l’armée israélienne, le réseau de tunnels palestiniens employé surtout autrefois par le Hamas n’a pas été entièrement détruit. Dans l’un d’entre eux creusé dans le sud de la bande de Gaza, des combattants du Jihad islamique se préparent à une nouvelle confrontation avec Israël, qu’ils estiment imminente, après une hausse des tensions dans les Territoires palestiniens.

Labyrinthe souterrain

En surface rien n’y paraît. Mais au fond d’une zone boisée, près de Khan Younès, sept hommes masqués, en treillis, munis de mitrailleuses et de lance-roquettes s’engouffrent dans un trou discret, au pied d’une colline sablonneuse, porte d’entrée d’un tunnel secret.  Ces combattants des brigades Al-Quds, branche armée du Jihad islamique, principal groupe islamiste armé palestinien après le Hamas, pénètrent un à un dans cette ouverture étroite qui donne sur un tunnel au sol en terre et dont les murs sont couverts de panneaux préfabriqués.

Des conduites d’aération, des câbles de télécommunication et des petites pièces pour le stockage des armes sont aménagés dans le tunnel alimenté en électricité, auquel une équipe de l’AFP a eu accès lors d’une visite organisée pour des médias.  Lors de la guerre de mai 2021 à Gaza, l’armée israélienne avait multiplié les frappes contre ce réseau complexe de galeries souterraines permettant aux combattants de circuler à l’ombre du regard des drones et de frapper Israël sans prévenir.

Pour contourner le blocus israélien contre Gaza, mis en place après la prise du pouvoir par le Hamas en 2007, les Palestiniens avaient multiplié les tunnels sous la frontière avec l’Egypte, afin de faire entrer des armes et des munitions. Ces dernières années, l’Égypte a détruit la majorité de ces tunnels. Et les Israéliens ont renforcé leur dispositif autour de Gaza en doublant la barrière hypersécurisée qui ceint l’enclave d’une paroi d’acier souterraine, afin d’empêcher le passage de tunnels en son territoire.

Menace d’escalade

Depuis fin mars, à la suite de deux attaques meurtrières menées dans la région de Tel-Aviv, l’armée israélienne a multiplié les opérations à Jénine, secteur du nord de la Cisjordanie d’où sont originaires les deux assaillants palestiniens. Ces raids ont donné lieu à d’intenses échanges de tirs et entraîné la mort de plusieurs combattants du Jihad islamique, mouvement proche de l’Iran, ennemi juré d’Israël.

Depuis la dernière guerre de Gaza, " les tunnels ont été restaurés et le stock de missiles réalimenté ", soutient Abou Hamza, en saluant le " soutien financier illimité de l’Iran ". A quelques dizaines de mètres de l’une des sorties du tunnel, un groupe de combattants palabre sous les arbres de la forêt. " Nous avons reçu des instructions pour nous mobiliser, afin de défendre la mosquée Al-Aqsa et Al-Qods (Jérusalem, en arabe). Les missiles sont prêts, nous attendons la décision des dirigeants ", lance l’un de ces hommes.

Quelques heures plus tard, une roquette a été tirée depuis Gaza vers Israël qui a répliqué avec des frappes aériennes sur des positions du Hamas que l’Etat hébreu tient pour " responsable " de la situation sécuritaire dans l’enclave palestinienne. Pour se lancer dans une offensive face à Israël, le Jihad islamique pourrait donc devoir compter sur le feu vert du Hamas. Or, un an après la guerre de Gaza, ce mouvement a moins d’appétit pour en découdre, estiment en Israël des responsables sécuritaires.

Avec AFP