La campagne pour les élections législatives est officiellement lancée, avec trois blocs qui s’affrontent pour occuper le rôle d’opposition au camp présidentiel, qui selon les sondages pourrait maintenir la majorité à l’Assemblée Nationale. Le parti présidentiel, renommé " Renaissance " est notamment représenté par 19 ministres du gouvernement sortant et pourrait arracher entre 310 à 350 sièges. Jean-Luc Mélenchon, fort de sa Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES) souhaite briguer le poste de premier ministre. Les identitaires de Reconquête ! et le Rassemblement national forment le dernier bloc et pourraient obtenir entre 20 à 40 sièges selon les sondages. 

Des macronistes en force, une gauche réunie, le RN à l’offensive: à un mois du premier tour des législatives, les écuries politiques sont en place pour tenter de décrocher le Graal de la majorité ou, à défaut, un rôle de premier opposant sur les bancs du Palais Bourbon. Après des semaines de tractations parfois houleuses, les trois blocs ont aligné leurs candidats – vieux routiers ou néophytes – sur la plupart des 577 circonscriptions en jeu les 12 et 19 juin.

Pas moins de 19 membres du gouvernement sortant – dont Gérald Darmanin (Intérieur), Elisabeth Borne (Travail) ou Jean-Michel Blanquer (Education) – tentent leur chance. " Ne vous laissez pas intimider (…) battez-vous! ", a lancé Emmanuel Macron à ses troupes mardi.

Jean-Luc Mélenchon, figure de proue de la gauche réunie dans la Nupes (Nouvelle union populaire, écologique et sociale), se verrait bien en Premier ministre de cohabitation. Mais il ne devrait pas briguer de mandat lui-même.

Marine Le Pen, à nouveau candidate dans le Pas-de-Calais et forte d’un score inédit pour l’extrême droite au second tour de la présidentielle (41,5%), souhaite un groupe parlementaire le plus étoffé possible, mais sans se risquer à un pronostic chiffré. Reconquête! présentera des candidats presque partout, le RN ayant refusé de faire alliance. Eric Zemmour briguera lui même la circonscription de Saint-Tropez (Var).

Les candidats de la Nupes recueilleraient au premier tour environ 28% des voix, contre 26/27% pour ceux du camp présidentiel, 22/24% pour ceux du RN et 11% pour les LR et leurs alliés UDI et centristes, selon divers sondages. Mais après la réélection confortable d’Emmanuel Macron (58,5%), nombre d’analystes et même d’opposants s’attendent à ce qu’il conserve une majorité à l’Assemblée nationale autour de la troïka En Marche, MoDem, Horizons.

Mode de scrutin majoritaire à deux tours aidant, le camp macroniste raflerait finalement entre 310 et 350 sièges, contre 135 à 165 pour la Nupes, et 20 à 40 pour le RN, selon une projection de l’institut Opinionway.

Selon une autre étude, de Harris Interactive pour Challenges, 105 à 168 sièges iraient à la gauche, contre 52 à 80 pour le RN. Le camp présidentiel conserverait la majorité absolue avec 300 à 350 sièges.

Quelle opposition au camp présidentiel ? 

Le porte-parole du PS Pierre Jouvet accuse Emmanuel Macron de vouloir " enjamber " ce nouveau scrutin pour n’avoir à parler ni de son bilan, ni de ses projets, notamment la retraite à 65 ans.

Mais Marine Le Pen elle-même concède que " la logique des institutions réclame que le président de la République ait une majorité ". " La vraie question ", selon elle, " c’est quelle opposition " aura le chef de l’État face à lui. En clair, contester aux Insoumis et leurs alliés la place de premiers opposants de France.

Depuis l’avènement du quinquennat en 2002, les législatives " ont perdu leur autonomie et sont très fortement indexées sur le résultat de la présidentielle ", souligne Frédéric Dabi, de l’Ifop.

Mais plusieurs facteurs créent des incertitudes : ampleur de l’abstention, longue durée de la campagne – deux mois entre le premier tour de la présidentielle et celui des législatives -, chef de l’État réélu pour la première fois hors cohabitation… " Est-ce que les Français vont vouloir équilibrer, compenser leur vote ? " questionne M. Dabi.

Denys Pouillard, de l’Observatoire de la vie politique et parlementaire, estime aussi " que l’on va vers une majorité " reconduite pour le chef de l’Etat. " Mais le dosage reste une question " au sein d’une majorité macroniste qui va d’une aile gauche à des transfuges de la droite classique, ajoute-t-il.

Incertitudes à gauche aussi, où l’électorat de tradition social-démocrate, " qui ne veut pas entendre parler du programme de M. Mélenchon, pourrait bien aller vers la République en marche ", ajoute-t-il. Sans compter des candidatures " dissidentes " à gauche, qui pourraient faire trébucher des candidats de la Nupes.

À droite, LR, sonné par la débâcle de Valérie Pécresse à la présidentielle (4,78%), compte sur son solide réseau d’élus territoriaux. Et espère ramener au bercail sa frange la plus conservatrice séduite par l’extrême droite, mais aussi enrayer les départs d’élus vers le camp présidentiel.

Avec AFP

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