La police iranienne a annoncé samedi l’arrestation de près de 70 personnes au lendemain d’un rassemblement émaillé de violences qui protestait contre l’assèchement d’une rivière emblématique à Ispahan, dans le centre du pays.

Les Etats-Unis se disent " profondément inquiets " de la " répression violente " contre des manifestants en Iran, a déclaré samedi le porte-parole du Département d’Etat. " Le peuple iranien a le droit d’exprimer sa frustration et de tenir son gouvernement pour responsable ", a tweeté Ned Price, en référence à la grogne de la population locale contre la sécheresse qui sévit sur la région.

Depuis plus de deux semaines, des manifestations sont organisées par des habitants de la troisième ville du pays qui se plaignent de la terrible sécheresse frappant la région depuis des années, reprochant aux autorités de détourner l’eau de la ville pour approvisionner la province voisine de Yazd, qui manque aussi cruellement d’eau.

La rivière Zayandeh-Roud qui traverse la ville est à sec depuis 2000, sauf pour quelques brèves périodes. Elle est devenue le principal lieu de rassemblement des manifestants.

La police, les Gardiens de la révolution (armée idéologique de la République islamique) et les services de renseignements ont procédé vendredi à " un nombre limité d’arrestations ", selon le chef de la police de la province, et des vidéos montrent des scènes de violence.

Outre la sécheresse due au réchauffement climatique, les habitants reprochent aux autorités de détourner l’eau de la ville pour approvisionner la province voisine de Yazd, qui manque aussi cruellement d’eau.

Samedi, la ville d’Ispahan était calme, selon des témoins et le site de la télévision d’État.

" J’ai l’habitude de me promener dans le lit de la rivière avec des amies mais aujourd’hui la police anti-émeute est déployée en grand nombre près du pont Khadjou et elle demande aux habitants d’éviter ce secteur ", a déclaré pour sa part une quinquagénaire jointe par téléphone.

" Deux manifestants gravement blessés "

Selon Nourodin Soltanian, porte-parole de l’hôpital universitaire d’Ispahan, cité samedi par l’agence de presse Mehr, " parmi les manifestants blessés, deux sont dans un état grave ". Il n’a déploré aucun mort.

Des heurts ont opposé vendredi à Ispahan la police à des manifestants qui ont également incendié du mobilier urbain lors d’un rassemblement contre l’assèchement de la rivière, selon les agences Fars et Isna.

" Après le départ des agriculteurs, les opportunistes et les contre-révolutionnaires sont restés sur place, ce qui a permis à l’appareil de sécurité, en particulier à la police, d’identifier et d’arrêter facilement les personnes qui ont détruit les biens publics ", a affirmé vendredi soir à la télévision le chef de la police d’Ispahan, Mohammad-Réza Mirheidari.

" En raison des jets de pierres et de l’utilisation de pétards et de bombes assourdissantes, certains de nos collègues ont été blessés tandis que d’autres l’ont été par des tirs de fusils de chasse ", a-t-il ajouté.

" Un policier a également été poignardé mais son état est satisfaisant ", a-t-il encore dit.

La police a tiré vendredi des grenades lacrymogènes sur les protestataires qui ont riposté avec des jets de pierre, brisant les vitres d’une ambulance, incendié une moto de police et du mobilier urbain, selon l’agence Fars.

Jeudi, un accord avait été conclu entre les agriculteurs de la région d’Ispahan et les autorités sur la distribution de 50 millions de mètres cubes d’eau, selon l’agence Fars.

D’après cette même agence, une canalisation acheminant l’eau de la province d’Ispahan vers Yazd a été détruite dans la nuit de jeudi à vendredi par un bulldozer, ainsi que trois réservoirs d’eau. En conséquence, l’eau potable dans quelques localités de la province de Yazd a été coupée.

La presse était divisée samedi sur les événements. Le journal ultraconservateur Kayhan a accusé "des voyous mercenaires d’avoir déclenché des émeutes et créé une atmosphère de terreur parmi les passants".

En revanche, pour le journal réformateur Etemad, "la raison de la nouvelle vague de protestations est le manque de confiance des manifestants envers du gouvernement pour résoudre les problèmes".

Pays aride, l’Iran connaît une sécheresse chronique depuis des années, avec pour conséquences des inondations régulières provoquées par la combinaison du durcissement des sols et de précipitations plus ou moins violentes.

Credit: AFP

Abonnez-vous à notre newsletter

Newsletter signup

Please wait...

Merci de vous être inscrit !