Des recherches récentes aux Etats-Unis ont établi un lien de causalité entre le climat chaud et la recrudescence des violences armées. Le pays connait actuellement une série de fusillades à Buffalo, New York et dans le Texas. Une hypothèse suggère ainsi que la chaleur pourrait favoriser le conflit : selon un article, une température supérieure de 10 degrés à la moyenne est associée à un taux de fusillades supérieur de 33,8%. Cependant, il y a des facteurs bien plus importants que la température, notamment le fait qu’environ 393 millions d’armes à feu circulaient aux États-Unis en 2020.

Environ 393 millions d’armes à feu circulaient aux États-Unis en 2020, et que plusieurs États ont assoupli ces dernières années les restrictions. (AFP)

Du massacre dans une école du Texas aux tirs dans un hôpital de l’Oklahoma en passant par de nombreuses autres fusillades moins médiatisées, une flambée de violences par arme à feu aux États-Unis semble confirmer une tendance qui crève les yeux pour la police: quand il fait plus chaud, les meurtres augmentent.

Les criminologues écrivent sur le sujet depuis des dizaines d’années, et des recherches plus récentes se sont concentrées sur le lien précis entre température et criminalité. Il y a d’abord un constat évident: l’on sort davantage de chez soin quand le temps est clément.

" Difficile de tirer sur quelqu’un s’il n’y a personne ", dit à l’AFP David Hemenway, professeur de santé publique à la faculté T.H. Chan School de Harvard, en expliquant pourquoi les crimes impliquant des armes à feu sont moins nombreux par mauvais temps.

Une autre hypothèse, plus controversée, suggère que la chaleur elle-même pourrait favoriser le conflit. Et bien que plusieurs facteurs expliquent la montée de la violence par arme à feu aux États-Unis, le climat pourrait jouer un rôle de plus en plus important dans un monde qui se réchauffe.

Les jours chauds, plus propices aux violences de masse 

Organisé par Moms Demand Action, Everytown for Gun Safety et Students Demand Action, un rassemblement a réuni des membres du Congrès et des survivants de la violence armée pour exiger une législation sur la sécurité des armes à feu à la suite de fusillades de masse à Buffalo, New York, et Uvalde. (AFP)

M. Hemenway dit s’intéresser depuis longtemps à la relation entre chaleur et criminalité élevée au vu des stéréotypes sur la division nord-sud au sein des États-Unis et de l’Italie, ou encore entre les pays scandinaves et les pays du sud de l’Europe.

En 2020, il a co-écrit un article dans Injury Epidemiology, examinant la ville de Chicago entre 2012 et 2016. L’article s’appuyait sur le journal Chicago Tribune pour le nombre de fusillades par jour et comparait ce nombre aux températures quotidiennes ainsi qu’à l’humidité, la vitesse du vent, la différence de température par rapport à la moyenne historique.

Résultat : une augmentation de 10 degrés Celsius était associée à une hausse de 34% des fusillades en semaine, et de 42% le week-end et pendant les vacances. Selon l’article, une température supérieure de 10 degrés à la moyenne était aussi associée à un taux de fusillades supérieur de 33,8%.

Un autre article, dirigé par Leah Schinasi de l’Université Drexel et publié dans le Journal of Urban Health en 2017, a examiné les crimes violents à Philadelphie. " Je vis à Philadelphie et je me souviens d’avoir fait du vélo pour rentrer du travail par une journée très chaude et d’avoir observé à quel point tout le monde semblait grincheux. J’étais curieuse de voir si cette observation se traduirait par des taux de criminalité plus élevés par temps chaud ", a-t-elle dit à l’AFP.

La chercheuse et son co-auteur, Ghassan Hamra, découvrent en effet que les crimes violents se produisent plus souvent pendant les mois plus chauds – de mai à septembre – et qu’ils sont le plus nombreux durant les journées les plus chaudes.

La circulation des armes, facteur plus décisif que la chaleur

Des manifestants défilent dans les rues lors d’une manifestation pour montrer leur indignation face aux récentes fusillades impliquant un officier le 29 juillet 2012 à Anaheim, en Californie. (AFP)

Une étude publiée par le National Bureau of Economic Research en 2019 consistait à placer des étudiants universitaires au Kenya et en Californie dans des chambres soit chaudes, soit froides et à mesurer l’impact sur un certain nombre de catégories de comportement.

Elle a constaté que " la chaleur affecte de manière significative la volonté des individus de détruire volontairement les avoirs des autres participants ".

Mais en ce qui concerne le problème global de la violence armée, il y a des facteurs bien plus importants que la température, reconnaît M. Hemenway. Notamment le fait qu’environ 393 millions d’armes à feu circulaient aux États-Unis en 2020, et que plusieurs États ont assoupli ces dernières années les restrictions.

Mais une meilleure compréhension de la relation avec la météo pourrait avoir des implications de politique générale, comme trouver plus d’activités pour les jeunes hommes afin de les éloigner des coins de rue pendant les journées d’été les plus chaudes et renforcer la présence policière dans des zones-clés en fonction des prévisions.

Avec AFP

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