L’annonce a fait un tollé en Afrique du Sud : les frères Gupta, qui ont siphonné les caisses de l’État durant des années avec la complicité de l’ancien président Jacob Zuma, ont été arrêtés à Dubaï. La procédure d’extradition est en cours, mais devrait se prolonger durant une longue période. La justice sud-africaine tentait depuis des années de mettre la main sur la famille qui a exercé une véritable emprise sur l’Etat sud-africain, achetant la famille Zuma à coups de pot-de-vin, en échange d’influence sur le choix des ministres, de judicieux contrats publics et pillage des entreprises d’Etat (électricité, transports, aviation). Les frères Gupta, d’origine indienne, auraient raflé l’équivalent de 3 milliards de dollars USD. 

Atul et Rajesh Gupta ont été arrêtés. La police de Dubaï, liant leur interpellation à " des accusations criminelles et de blanchiment d’argent ", a précisé que leur extradition doit attendre d’être finalisée. (AFP)

L’arrestation à Dubai de deux des frères Gupta, principaux suspects dans le vaste scandale de corruption qui a abouti à la chute de l’ancien président sud-africain Jacob Zuma, a fait l’effet d’un séisme en Afrique du Sud.

L’annonce est tombée lundi soir, via un communiqué du gouvernement sud-africain : Atul et Rajesh Gupta ont été arrêtés. La police de Dubaï, liant leur interpellation à " des accusations criminelles et de blanchiment d’argent ", a précisé que leur extradition doit être finalisée.

La traque des sulfureux hommes d’affaires d’origine indienne qui ont siphonné les caisses de l’Afrique du Sud touche à sa fin. La justice tente depuis des années de mettre la main sur la famille qui a acheté Jacob Zuma, à coups de pots-de-vin, pendant ses deux mandats à la tête du pays (2009-2018).

Officiellement, les deux frères étaient recherchés par Interpol au sujet d’un contrat douteux d’1,5 million d’euros. Le procès dans cette affaire a été repoussé en l’absence des accusés et prévu pour septembre, mais " l’extradition est une procédure complexe ", a prévenu mardi le parquet. L’ANC, parti historique au pouvoir, réclame une procédure accélérée pour que la justice puisse faire son œuvre.

La richissime famille est plus largement accusée d’avoir infiltré le sommet de l’État grâce à sa longue amitié avec Jacob Zuma : influence sur les choix de ministres, pressions pour empocher des contrats publics, pillage des entreprises publiques (électricité, transports, aviation), avant de prendre la fuite. Selon certaines estimations, le trio aurait raflé l’équivalent d’environ trois milliards d’euros.

Le principal parti d’opposition, Democratic Alliance, s’est réjoui de ces arrestations, espérant qu’elles signalent le début des poursuites contre les " responsables des difficultés auxquelles des millions de Sud-Africains sont confrontés aujourd’hui ".

Une véritable emprise sur l’État sud-africain 
La justice tente depuis des années de mettre la main sur la famille qui a acheté Jacob Zuma, à coups de pots-de-vin, pendant ses deux mandats à la tête du pays (2009-2018). (AFP)

Après des révélations de presse, un rapport explosif de la médiatrice de la République avait dévoilé fin 2016 l’ampleur de l’emprise : l’Afrique du Sud est outrée, des poursuites contre la fratrie sont lancées pour vol, fraude et association de malfaiteurs.

En 2018, une commission indépendante est chargée d’enquêter sur la corruption d’État. L’ANC pousse alors Zuma à la démission. Sentant le roussi, la famille Gupta s’évanouit dans la nature. La rumeur laisse entendre qu’ils auraient trouvé refuge à Dubaï.

Un volet du rapport de la commission, dont les conclusions sont encore attendues, soulignait en avril que " dès le début de son premier mandat ", Zuma " était prêt à faire tout ce que les Gupta voulaient ".

Le président Ramaphosa, à son tour plongé dans la disgrâce 

Cyril Ramaphosa, qui a succédé à Zuma disgracié, a juré d’éradiquer la corruption. Rapatrier les Gupta serait un coup d’éclat, mais le chef d’État est lui-même dans la tourmente.

Une plainte déposée la semaine dernière affirme que le président, à la tête d’une importante fortune personnelle, a dissimulé un cambriolage en 2020 dans une de ses propriétés, à la police comme au fisc.

La richissime famille est accusée d’avoir infiltré le sommet de l’État grâce à sa longue amitié avec Jacob Zuma : influence sur les choix de ministres, pressions pour empocher des contrats publics, pillage des entreprises publiques (électricité, transports, aviation), avant de prendre la fuite. (AFP)

Les voleurs y avaient trouvé l’équivalent de 3,8 millions d’euros en espèces, selon cette plainte déposée par l’ex-chef du renseignement, Arthur Fraser. Ce dernier avance que le président aurait " payé " les cambrioleurs " pour leur silence ".

" Ceux qui pourchassent les corrompus ont aussi des cadavres dans leurs placards ", estime auprès de l’AFP Sandile Swana, un politologue sud-africain indépendant.

M. Ramaphosa assure n’avoir jamais volé d’argent, que les montants avancés sont très exagérés et dénonce les " motivations politiques " de ses opposants, selon lui, à la manœuvre.

Le leader de la gauche radicale Julius Malema a appelé mardi au " retrait " du chef de l’État le temps de l’enquête, lors d’une conférence de presse.

Cette affaire embarrasse Cyril Ramaphosa quelques mois avant que l’ANC ne se prononce sur son maintien pour un second mandat lors de l’élection présidentielle de 2024.

Avec AFP

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