Cinquante ans après le scandale du Watergate,  l’invasion du Capitole par les supporters de Donald Trump à la suite des élections présidentielles de 2020 suscite bien moins de remous, l’ancien président Donald Trump n’étant pas directement inquiété par l’enquête et envisageant même de se représenter à la présidentielle de 2024. Au contraire, le Watergate avait représenté un coup fatal à la carrière politique de Nixon, forcé de démissionner et qui ne s’est jamais représenté. Une des interprétations possibles à cette indifférence de l’opinion pourrait être l’absence de confiance en l’État d’une grande partie des Américains, notamment dû au scandale du Watergate qui a représenté une véritable rupture dans le rapport avec les institutions. 

Le président Richard Nixon a dû mettre fin à sa carrière politique après le scandale du Watergate en 1974, dans lequel il avait directement été incriminé. Ce scandale constitue en une vaste opération d’espionnage politique des locaux du parti démocrate durant les élections présidentielles par le président de la République. (AFP)

L’un démissionna, l’autre pourrait à nouveau être candidat : 50 ans après le scandale du Watergate, fatal à la présidence de Richard Nixon, Donald Trump paraît bien moins inquiété par l’enquête sur l’assaut du Capitole, tant le milliardaire conserve sa mainmise sur le parti républicain.

À un demi-siècle d’écart, ces deux affaires ont choqué le monde et exposé la fragilité de la démocratie américaine.

Tout au long du mois de juin, une commission d’enquête parlementaire cherche, à travers une série d’auditions, à placer l’ancien président Trump au cœur d’une " tentative de coup d’État ", l’accusant d’avoir cherché à se maintenir au pouvoir à la suite de sa défaite contre Joe Biden à l’élection de 2020.

Au contraire de Nixon, la domination de Trump sur le parti républicain

En convoquant ses partisans par milliers à Washington le 6 janvier 2021, en martelant à tue-tête ses fausses accusations d’une présidentielle " volée ", en faisant pression sur des élus pour renverser l’élection, Donald Trump a effectué une véritable tentative de coup d’État contre les institutions selon de nombreux observateurs. (AFP)

En convoquant ses partisans par milliers à Washington le 6 janvier 2021, en martelant à tue-tête ses fausses accusations d’une présidentielle " volée ", en faisant pression sur des élus pour renverser l’élection, Donald Trump a ,aux yeux de certains, fait bien pire que Richard Nixon, accusé d’avoir couvert l’espionnage du siège du Parti démocrate le 17 juin 1972.

Pour autant, il est peu probable que les républicains tournent le dos à l’ancien magnat de l’immobilier comme nombre d’entre eux l’avaient fait avec le président Nixon en 1974, ne lui donnant d’autre choix que de démissionner pour éviter la destitution.

Car un an et demi après la défaite de Donald Trump, la fracture entre ses partisans et ses détracteurs définit encore grandement la société américaine, l’ancien président conservant une main de fer sur le parti républicain.

Réuni en Congrès au printemps, le " Grand Old Party " a qualifié les manifestations du 6 janvier 2021 qui ont mené à l’assaut du Capitole d' "expression politique légitime " et sanctionné les deux membres de leur camp ayant accepté de participer à l’enquête parlementaire.

Rare aussi seront ceux qui oseront barrer la route à Donald Trump s’il venait à se relancer dans la course à la Maison Blanche en 2024, scénario avec lequel le républicain flirte de plus en plus ouvertement.

Un scandale qui rappelle le Watergate 

Le Watergate reste une référence dans l’histoire des scandales politiques, le terme étant usité dans de nombreuses situations. Ainsi, le " Partygate " est le nom donné à un scandale qui a impliqué le premier ministre britannique Boris Johnson, accusé d’organiser des célébrations de masse en plein confinement à Londres. (AFP)

Les auditions de la commission enquêtant sur l’assaut du Capitole pourraient-elles changer la donne ? Selon de nombreux experts, c’est bien la retransmission chaque soir à la télévision des auditions de la " Commission du Watergate " qui avait donné aux Américains le goût pour ce scandale, jusque-là largement ignoré par l’opinion publique.

Quelque 80 millions d’Américains s’étaient branchés pour suivre le spectaculaire témoignage devant le Congrès de John Dean, alors chef des services juridiques de la Maison Blanche, quand il avait impliqué Richard Nixon dans le scandale; des accusations qui avaient contribué à pousser le président à la démission un an plus tard.

Mais par comparaison, seuls 20 millions d’entre eux ont suivi la retransmission en direct du premier exposé de la commission d’enquête sur l’assaut du Capitole, pourtant programmé à une heure de grande écoute et assorti de vidéos inédites de la violence de l’attaque contre le Congrès américain.

Les chaînes préférées des conservateurs, nombre d’entre épousant encore, comme Donald Trump, l’idée que la présidentielle de 2020 lui aurait été " volée ", ont même fait le choix de ne pas retransmettre ces auditions.

Selon un sondage du Pew Research Center, seuls 20% des Américains ont affirmé faire confiance à l’État. (AFP)

Pour Julian Zelizer, professeur d’histoire à l’université de Princeton, le manque d’appétit pour cette affaire peut en partie être attribué… au Watergate. " D’une certaine façon, depuis le Watergate, les Américains ont moins confiance en l’État ", souligne le professeur auprès de l’AFP.

De fait, 53% des Américains sondés en 1972 disaient avoir confiance en leurs dirigeants, selon une enquête du Pew Research Center. Cinquante ans plus tard, ils ne sont plus que 20%. " Et donc, d’une certaine manière, il est plus difficile de susciter le même genre d’indignation qu’en 1974 ", assure-t-il, " simplement parce que la population n’en attend pas autant ".

Avec AFP

Abonnez-vous à notre newsletter

Newsletter signup

Please wait...

Merci de vous être inscrit !