L’allocution d’Emmanuel Macron du 22 juin aura au moins réussi une chose, faire l’unanimité dans le désaccord de tous les partis d’opposition. Le président français leur a demandé de clarifier leurs positions afin, pourquoi pas, de créer un gouvernement d’union nationale. Tous ont rejeté la proposition, adoptant une attitude de méfiance.

Les oppositions ont fraîchement accueilli l’allocution d’Emmanuel Macron au soir du mercredi 22 juin qui, avant d’entamer ce jeudi un marathon international, les a enjointes à " clarifier " dans les 48 heures la manière de " bâtir des compromis " pour résoudre la crise politique née des élections législatives.

Écartant en quelques mots l’hypothèse d’un gouvernement d’union nationale, testée mardi et mercredi auprès de certains dirigeants de parti, le chef de l’État a demandé un choix à la gauche unie, au Rassemblement national et aux Républicains, qui l’ont empêché d’avoir une majorité absolue dimanche.

Les groupes au Palais Bourbon doivent " dire en toute transparence jusqu’où ils sont prêts à aller ", et ce à courte échéance, a-t-il prévenu : " Il faudra clarifier dans les prochains jours la part de responsabilité et de coopération que les différentes formations de l’Assemblée nationale sont prêtes à prendre : entrer dans une coalition de gouvernement et d’action (ou) s’engager à voter simplement certains textes, notre budget ".

Gouverner et légiférer différemment

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La majorité devra composer avec les groupes pour faire passer ses projets de lois (AFP)

Il leur a donné 48 heures, voulant " commencer à bâtir cette méthode et cette configuration nouvelle " à son retour du sommet européen de jeudi et vendredi à Bruxelles. Son marathon diplomatique le conduira ensuite à un sommet de l’Otan et à un sommet du G7.

M. Macron a rappelé que les élections législatives avaient " fait de la majorité présidentielle la première force ", avertissant de sa détermination à " ne jamais perdre la cohérence du projet que vous [les électeurs] avez choisi en avril dernier ", à sa réélection.

Toutefois, il a reconnu la nécessité " d’apprendre à gouverner et légiférer différemment ", usant de nombreuses fois du mot " compromis ". Car " aucune force politique ne peut aujourd’hui faire les lois seule ", un " fait nouveau ", a déclaré le président de la République.

" J’entends et je suis décidé à prendre en compte la volonté de changement que le pays a clairement demandée ", a dit Emmanuel Macron.

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Les demandes d’Emmanuel Macron n’ont pas bien été reçues par les groupes d’opposition (AFP)

" En choisissant soit le contrat de coalition, soit la recherche de majorités par projet, le président tente de sauver ce qui reste de la fonction présidentielle ", a commenté dans la soirée Marine Le Pen, qui s’apprête à prendre jeudi la direction d’un groupe RN fort de 89 députés. Ceux-ci, a-t-elle néanmoins promis, vont " examiner les textes à la lumière de l’intérêt des Français et de la France ".

La gauche n’adhère pas

Fin de non-recevoir plus nette encore des autres opposants au président. Ainsi Jean-Luc Mélenchon a tonné : " Il est vain de dissoudre la réalité du vote en l’enfumant de considérations et d’appels de toutes sortes ". L’ex-candidat de LFI à la présidentielle a estimé que désormais " l’exécutif est faible, mais l’Assemblée nationale est forte de toute la légitimité de son élection récente ".

Disant ne pas faire confiance à la macronie pour respecter les textes présentés par l’opposition, il a à nouveau appelé la Première ministre Elisabeth Borne à solliciter la confiance par un vote des députés, et à démissionner si elle ne l’obtient pas.

À droite, le nouveau chef de file des députés LR, Olivier Marleix, a, lui aussi, rejeté un " chèque en blanc, de surcroît sur un projet peu clair ". Il a aussi promis que son groupe ferait la semaine prochaine des propositions sur le pouvoir d’achat.

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Emmanuel Macron a reçu les représentants de chaque groupe ces derniers jours (AFP)

" Son discours de la méthode vise à évacuer sa responsabilité et à ne rien changer de son projet ", a aussi rejeté le communiste Fabien Roussel, tandis que le socialiste Olivier Faure taclait : " Non, les formations politiques n’ont pas à lui répondre jusqu’où elles sont prêtes à aller pour lui donner un chèque en blanc ".

Le chef des écologistes Julien Bayou a jugé sur LCI le discours " flou ". " Le président dit qu’il veut agir sur le climat, nous ne le croyons pas ", a-t-il dit, ajoutant que la Nupes ferait des propositions sur le sujet.

Les groupes à l’Assemblée nationale achèvent jeudi de nommer leurs présidents. C’est au tour du Parti socialiste et d’EELV, après le choix d’Aurore Bergé par Renaissance, de Mathilde Panot par LFI, ou encore d’André Chassaigne par les communistes.

Avec AFP