Au pied des montagnes bavaroises, dans un décor de conte de fées, le château d’Elmau se présente comme une bulle de luxe et de haute sécurité pour les dirigeants du G7 qui s’y retrouvent de dimanche à mardi. Posée sur un alpage vert émeraude, la résidence cinq étoiles classée monument historique offre une vue unique sur le massif du Wetterstein et son célèbre Zugspitze, point culminant de l’Allemagne à presque 3.000 m d’altitude.

C’est dans ce paysage mêlant prairies, vaches replètes, chalets en bois fleuris de géraniums et rivières cristallines que l’Allemagne avait déjà accueilli en 2015 les principaux dirigeants de la planète. À l’époque, Angela Merkel était l’hôte de ce sommet et, flanquée de ses invités, elle avait posé pour les photographes sur fond de cimes enneigées.

Quant au président américain d’alors, Barack Obama, il s’était essayé aux spécialités locales: saucisses et bière blanches, bretzels. Les Bavarois en tenue traditionnelle et coiffés de chapeaux tyroliens qui l’entouraient avaient fait là aussi le bonheur des photographes.

Éviter le scénario de 2017

C’est maintenant le très sobre et réservé Olaf Scholz, au pouvoir depuis décembre qui reçoit ses homologues des Etats-Unis, de France, d’Italie, du Japon, du Canada et du Royaume-Uni. Tous découvrent pour la première fois ce château situé à une centaine de kilomètres de Munich, non loin de la frontière autrichienne.

Quelques 18.000 policiers ont été mobilisés pour assurer la sécurité des dirigeants du G7.

Le choix d’un hôtel retiré du monde ne doit rien au hasard. Les autorités allemandes veulent à tout prix éviter de répéter le scénario cauchemardesque du sommet du G20 en 2017 à Hambourg qui fut dominé par des violences d’une rare ampleur en Allemagne. Voitures incendiées, magasins pillés, affrontements entre policiers et " black blocs ", les débordements dans le grand port allemand –dont le maire était alors Olaf Scholz– avaient fait de ce G20 un " fiasco " selon les médias allemands et largement pris le pas sur les débats entre chefs d’Etat et de gouvernement.

A Elmau, une clôture métallique de 16 km de long et de jusqu’à 3 mètres de hauteur a été érigée ces dernières semaines pour empêcher l’accès à d’éventuels protestataires. Et jusqu’à 18.000 policiers sont mobilisés avec des renforts venus de toute l’Allemagne, selon le ministère bavarois de l’Intérieur. La résidence aux 115 chambres et suites, équipée de spas, piscines en plein air, salle de concert, cinq restaurants dont l’un dispose de deux étoiles au Michelin, placera donc les dirigeants dans une bulle.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le Premier ministre japonais Fumio Kishida, le Premier ministre canadien Justin Trudeau, le chancelier allemand Olaf Scholz et le président américain Joe Biden au cours de la première journée du sommet des dirigeants du G7 qui s’est tenu au château d’Elmau.

Outre quelques chemins de randonnées, une seule petite route permet d’accéder au château. Barrée par la police, elle ne laissera passer que de rares véhicules officiels. Les sept dirigeants seront transportés par hélicoptère depuis l’aéroport international de Munich jusqu’à Elmau.

Les flots de l’Histoire

Ils pourront à leur arrivée découvrir l’histoire particulière de ce lieu, exemplaire de la façon dont l’Allemagne a fait face à son passé nazi après-guerre. Situé à plus de 1.000 m d’altitude sur la commune de Krün, le château a été bâti de 1914 à 1916 par le philosophe et théologien protestant Johannes Müller.

Cet homme était devenu sous le IIIe Reich à la fois un partisan d’Hitler et un opposant à sa politique antisémite qu’il considérait comme une " honte pour l’Allemagne ". La vaste demeure avait servi à partir de 1942 de centre d’accueil pour les soldats de la Wehrmacht qui venaient se reposer après la bataille. Après la chute du Reich, le château, saisi par les États-Unis, a servi d’hôpital militaire américain, puis de refuge pour des survivants de l’Holocauste.

 

Le château d’Elmau est situé à une quarantaine de kilomètres de la ville autrichienne d’Innsbrück et à 18 kilomètres de Garmisch-Partenkirchen, la station de sport d’hiver où un grand centre de presse accueillera des centaines de journalistes du monde entier. L’État régional de Bavière, l’un des plus prospères du pays, espère comme en 2015 d’importantes retombées touristiques. Non loin d’Elmau se trouve aussi le château de Neuschwanstein, le plus visité d’Allemagne, construit par le roi Louis II de Bavière et devenu le logo du studio américain Walt Disney.

AFP