Après sa visite à Ankara lundi dernier, où il avait déclaré " comprendre " la nécessité d’une opération militaire turque contre les Kurdes en Syrie, le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, a déclaré samedi depuis Damas que toute action militaire de la Turquie en Syrie déstabiliserait la région! La position du ministre iranien varie selon qu’il est accompagné de Bachar al-Assad ou de Recep Tayyip Erdogan. En effet, Téhéran comme Ankara sont hostiles aux séparatistes kurdes qui mènent des opérations tant en Turquie qu’en Iran. Mais la République islamique est également un puissant allié du régime du Bachar al-Assad et défend l’intégrité de la Syrie, dont une partie est sous le contrôle des groupes armés kurdes.

" Toute action militaire turque dans le nord de la Syrie serait un élément déstabilisateur dans la région ", a déclaré Amir-Abdollahian lors d’une conférence de presse à Damas, dont les propos en persan ont été traduits simultanément en arabe.

Le ministre des Affaires étrangères iranien a été reçu à Damas par le président syrien Bachar al-Assad.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé à plusieurs reprises depuis fin mai de mener une nouvelle opération militaire contre deux localités du nord de la Syrie, visant des combattants kurdes qu’il qualifie de " terroristes ".

Le gouvernement syrien est opposé à une telle offensive dans cette partie de la Syrie dont il a perdu le contrôle pendant la guerre déclenchée en 2011.

 

M. Assad, cité dans un communiqué, a jugé " nulles " les " allégations turques pour justifier son offensive en territoire syrien ". Selon lui, elles " violent les dispositions de la Charte des Nations unies et les principes du droit international ".

" Ce régime attaque le territoire syrien dès que l’armée syrienne progresse contre des organisations terroristes ", ajoute le communiqué.

Dans la matinée, Amir-Abdollahian, cité par l’agence officielle Irna, a indiqué que son voyage en Syrie " avait notamment pour but d’établir la paix et la sécurité dans la région entre la Syrie et la Turquie ".

Le chef de la diplomatie iranienne avait effectué lundi une visite à Ankara où il avait dit " comprendre " la nécessité d’une nouvelle opération militaire turque contre des combattants kurdes en Syrie.

Les deux localités contre lesquelles la Turquie veut lancer son opération, Tal Rifaat et Manbij, font partie d’une " zone de sécurité " de 30 km qu’Ankara souhaite mettre en place le long de la frontière turco-syrienne.

Les Etats-Unis ont multiplié les mises en garde contre une offensive turque qui risque à leurs yeux de déstabiliser la région et mettre en péril la lutte antijihadiste.

Avec AFP