Covid oblige, le président Joe Biden a décidé de minimiser les contacts lors de sa visite au Moyen-Orient, évitant les effusions. Tandis que la Maison Blanche affirme que ce sont les protocoles sanitaires habituels, plusieurs observateurs ont suggéré qu’il s’agirait un moyen pour le dirigeant d’éviter des poignées de main embarrassantes, notamment avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. En effet, le président américain ne s’est pas privé de serrer longuement la main de l’ancien Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, ou encore prendre dans ses bras deux femmes survivantes de la Shoah. 

En visitant le mémorial israélien de la Shoah de Yad Vashem, à Jérusalem, M. Biden a eu un échange très proche avec deux survivantes du génocide juif par l’Allemagne nazie, prenant chacune des deux femmes dans ses bras. (AFP)

Jeux de mains, jeux diplomatiques… Joe Biden a, selon la Maison Blanche, décidé de " minimiser les contacts " lors de sa visite en Israël et en Arabie saoudite, Covid oblige, mais son naturel démonstratif a par moments repris le dessus.

Accueilli mercredi en grande pompe à l’aéroport de Tel-Aviv, le président américain a présenté son poing à ses hôtes, dont le président israélien Isaac Herzog et le Premier ministre Yaïr Lapid, qui, pour certains, lui tendaient la main.

Joe Biden, 79 ans, et ses interlocuteurs se sont donc salués en entrechoquant leurs poings, salutation devenue populaire depuis l’irruption de la pandémie de coronavirus, tout en se parlant sans masques sanitaires, à courte distance.

" Il est raisonnable de s’attendre à ce qu’il prenne des précautions supplémentaires " lors de ce voyage, avait indiqué sa porte-parole Karine Jean-Pierre dans l’avion emmenant M. Biden à Tel-Aviv, invoquant la propagation rapide de nouveaux variants.

Les journalistes ont cherché à en savoir plus. S’agit-il vraiment de précautions sanitaires ? L’objectif n’est-il pas d’éviter une poignée de main embarrassante, en l’occurrence avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, en Arabie Saoudite où il se rend vendredi ?

" Nous essayons de minimiser les contacts autant que possible ", a justifié la porte-parole. " Je ne dirais pas qu’il s’agit d’un changement " des protocoles sanitaires, a-t-elle ajouté en réponse aux reporters lui rappelant que mardi encore, Joe Biden avait multiplié les accolades lors d’une réception de parlementaires à la Maison Blanche.

Mercredi pourtant, on l’a vu à l’aéroport de Tel-Aviv prendre affectueusement ses interlocuteurs par le bras. Et même serrer la main, assez longuement, au doyen Benjamin Netanyahu, plus pérenne des Premiers ministres israéliens de l’histoire, passé l’an dernier à la tête de l’opposition.

Un échange " émouvant " avec des victimes de la Shoah
Invoquant la propagation rapide de nouveaux variants de la Covid-19, le président Biden a décidé de minimiser les contacts lors de sa visite en Israël et en Arabie Saoudite. (AFP)

D’ailleurs, M. Netanyahu a publié sur son compte Twitter les images d’une chaîne israélienne le montrant serrer la main de Joe Biden. Et selon le porte-parole de M. Netanyahu, le président américain, coutumier de ce genre de déclarations, a dit à ce dernier : " tu sais que je t’aime ".

En visitant le mémorial israélien de la Shoah de Yad Vashem, à Jérusalem, M. Biden a, par ailleurs, eu un échange très proche et visiblement très émouvant avec deux survivantes du génocide juif par l’Allemagne nazie. Le président américain, qui s’était baissé pour mieux converser avec Giselle Cycowicz et Rena Quint, assises, a pris chacune des deux femmes dans ses bras.

La tournée de M. Biden doit aussi le mener en Cisjordanie occupée, et, vendredi, en Arabie Saoudite, pays qu’il avait promis pendant sa campagne de traiter en " paria " après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en octobre 2018.

M. Biden doit y tenir une réunion avec le roi Salmane et son équipe dirigeante, dont fait partie le prince héritier Mohammed ben Salmane, accusé par les renseignements américains d’avoir supervisé cet assassinat.

Cette future rencontre fait déjà couler beaucoup d’encre et les experts s’accordent à dire que la Maison-Blanche fera tout pour éviter une image et des gestes de trop grande proximité.

L’un des objectifs de Joe Biden est de convaincre le premier exportateur mondial de brut d’ouvrir les vannes pour calmer les prix de l’essence, dont la flambée, le mois dernier, a ulcéré les automobilistes américains.

Avec AFP