Le partenariat entre l’Arabie saoudite et les États-Unis remonte, officiellement, à 1945. Des décennies de refroidissement et de réchauffement pour les deux pays, toujours liés par le pétrole. 

C’était le 14 février 1945 : Rencontre historique entre le roi Abdel Aziz ben Saoud et le président Franklin D. Roosevelt sur le USS Quincy. Un pacte est scellé entre les Etats-Unis, qui assure au royaume une protection militaire, contre un accès privilégié au pétrole saoudien.

L’Arabie saoudite et les États-Unis sont liés par un partenariat de longue date en matière de sécurité, même si plusieurs crises ont émaillé leurs relations.

Joe Biden se rend vendredi 15 juillet pour la première fois en tant que président américain dans ce pays.

Il rencontrera le prince héritier Mohammed Ben Salmane, tournant la page de la brouille ayant suivi l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.

La guerre en Ukraine a propulsé les cours du pétrole à des niveaux records et Washington veut notamment obtenir du royaume saoudien qu’il accroisse ses exportations.

Un premier demi-siècle houleux

La découverte à la fin des années 1930 de vastes réserves de pétrole sous les sables du désert saoudien donne au royaume le rang de partenaire vital pour les États-Unis, avides d’or noir.

Le 14 février 1945, leur partenariat est scellé lors d’une rencontre historique entre le roi Abdel Aziz ben Saoud et le président Franklin D. Roosevelt. Le pacte assure au royaume une protection militaire contre un accès privilégié au pétrole.

 

Le 16 octobre 1973, dix jours après le début de la guerre israélo-arabe, les pays arabes de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) menés par Ryad font du pétrole une arme, augmentant son prix de 70% et imposant un embargo pétrolier (octobre 1973 – mars 1974) aux soutiens d’Israël, notamment les États-Unis.

Après l’invasion du Koweït par l’Irak de Saddam Hussein en août 1990, l’Arabie saoudite autorise le déploiement de centaines de milliers de militaires américains sur son sol. Le pays va servir de base à la coalition internationale, dirigée par Washington, qui chasse les troupes irakiennes.

À partir du Koweït, les avions de la coalition vont décoller pour faire respecter une " zone d’exclusion aérienne " au-dessus du sud de l’Irak, provoquant la colère des extrémistes saoudiens qui mènent deux attentats anti-américains sur le sol saoudien dans les années 1990.

2001, année noire

Après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, revendiqués par Al-Qaïda, les relations bilatérales connaissent leur revers le plus sérieux : 15 des 19 pilotes qui avaient détourné les avions et provoqué la mort de quelque 3.000 personnes étaient des Saoudiens.

L’Arabie saoudite est accusée de financer en sous-main l’extrémisme islamiste. Washington transfère au Qatar le QG de ses forces aériennes dans le Golfe.

En octobre 2013, Ryad annonce son refus de siéger au Conseil de sécurité de l’ONU pour protester contre l’inaction du Conseil, mais aussi de Washington, face à la guerre en Syrie.

L’Arabie saoudite, qui appuie la rébellion contre le président Bachar al-Assad, n’a pas caché sa colère après que le président Barack Obama a renoncé en septembre à des frappes contre le régime syrien.

L’accord sur le nucléaire conclu en 2015 avec l’Iran, son grand rival, ébranle davantage la confiance de Ryad.

L’amour fou avec Trump

Le royaume salue l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, reçu avec faste en mai 2017 pour son premier déplacement présidentiel à l’étranger. Trump y appelle à " isoler " l’Iran chiite.

Ryad et Washington annoncent des méga-contrats excédant 380 milliards de dollars, dont 110 pour des ventes d’armements américains au royaume.

Après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en octobre 2018, Trump n’a pas exclu que le prince héritier Mohammed ben Salmane ait été au courant. Mais " les États-Unis entendent rester un partenaire inébranlable de l’Arabie saoudite ", dit-il.

Peu après son installation à la Maison blanche, fin janvier 2021, Joe Biden appelle à la fin de la guerre au Yémen et interrompt les ventes d’armes à la coalition menée par Ryad.

Le 12 février, Washington retire les rebelles yéménites, appuyés par l’Iran, de sa liste des " organisations terroristes ".

Des débuts compliqués avec Biden

Le 26, le rapport du renseignement américain sur le meurtre de Khashoggi est rendu public. Il accuse le prince héritier d’avoir " validé " l’assassinat, ce que l’Arabie dément.

La Maison Blanche indique que Joe Biden entend " recalibrer " la relation avec Ryad et communiquera avec le roi Salmane, plutôt qu’avec MBS.

Début juin 2022, Joe Biden admet envisager de se rendre en Arabie Saoudite, qu’il avait pourtant promis de traiter en État " paria " pendant sa campagne.

Accusé de revirement, il justifie son déplacement le 10 juillet par la nécessité notamment de " contrer la Russie " et d’assurer une " plus grande stabilité " au Moyen-Orient.

Avec AFP