Les îlots inhabités de Tiran et Sanafir, situés en pleine mer Rouge, feront partie de l’agenda du président Biden au Moyen-Orient. Sous souveraineté égyptienne, ces îlots ont fait l’objet d’un accord de rétrocession à l’Arabie Saoudite, qui s’engageait en contrepartie à soutenir financièrement le pays. Cette décision doit cependant être ratifiée par Israël, la zone étant régie par les accords de Camp David, ce qui est impossible, car l’Arabie Saoudite et l’État hébreu ne se reconnaissent pas formellement. Un casse-tête diplomatique que tentera de résoudre le président Biden lors de sa visite dans les deux pays. 

Ils ont beau être inhabités, ils n’en sont pas moins stratégiques: Tiran et Sanafir, îlots pris entre l’Égypte, l’Arabie saoudite, Israël et la Jordanie, pourraient être au menu de la première visite de Joe Biden comme président des États-Unis au Moyen-Orient.

Deux îlots en pleine mer rouge

Tiran, 61,5 km², est une île à six kilomètres à l’est de la péninsule du Sinaï, à l’entrée du golfe d’Aqaba. Sanafir, 33 km², est, elle, à 2,5 kilomètres plus à l’est.

Le long de la barrière de corail de la mer Rouge, ces deux îlots ont longtemps accueilli des plongeurs venus du monde entier.

Tiran abrite en outre un petit aéroport, principalement utilisé pour le transport logistique de la force multinationale d’observateurs installée au Sinaï depuis l’accord de paix entre Israël et l’Égypte. Aujourd’hui, elle compte 1.700 membres dont 450 Américains.

Une souveraineté disputée 

Sous souveraineté égyptienne depuis 1950, occupés en 1967 par Israël au terme de la guerre éclair du canal de Suez, Tiran et Sanafir sont au cœur des guerres israélo-arabes.

C’est la fermeture du détroit de Tiran — qui mène aux ports israélien d’Eilat et jordanien d’Aqaba — par le président égyptien Gamal Abdel Nasser qui avait précipité le conflit de 1967, à l’issue duquel l’État hébreu occupait la péninsule du Sinaï.

L’accord de paix de Camp David signé en 1979 par les deux belligérants a permis à l’Égypte de récupérer ces territoires. Mais Le Caire s’est engagé à une démilitarisation du Sinaï et à ne pas poster de troupes sur ces deux îlots. Seule la force multinationale d’observateurs est autorisée dans la zone.

Entre 2016 et 2017, une série de jugements contradictoires a été prononcée par la justice égyptienne, avant que la Cour suprême constitutionnelle ne tranche en faveur d’une rétrocession pure et simple à l’Arabie saoudite.

Un pas vers la normalisation saoudo-israélienne

Le président Abdel Fattah al-Sissi a ordonné le transfert en faveur de son grand allié en échange du soutien financier de l’opulente pétromonarchie.

Mais le statut de Tiran et Sanafir n’est pas encore totalement réglé car il est régi par les accords de Camp David. L’État hébreu doit donc encore ratifier ce transfert de souveraineté. Un pas longtemps impossible à franchir parce que, officiellement, l’Arabie saoudite et Israël ne se reconnaissent pas.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, à quelques heures du vol du président américains, de hauts responsables proches du dossier ont déclaré à l’AFP que l’État hébreu " n’avait aucune objection " à la rétrocession de ces deux îlots.

Selon la presse israélienne, Ryad se serait engagé à respecter la démilitarisation de Tiran et Sanafir et à laisser passer les navires israéliens.

Certains observateurs voient dans cet accord un premier pas vers la normalisation des relations entre la grande monarchie du Golfe et Israël, tous deux grands alliés des États-Unis et ennemis farouches de l’Iran.

Avec AFP