La vie c’est un sandwich. On est toujours entre deux. Entre moi et soi.  Entre deux toi. Entre nous et eux. Entre le père et la mère. Entre l’un et l’autre.

Entre deux phases. Entre deux mondes. Entre deux régions. Entre deux pays. Deux milieux.

Entre les mots et le silence.

Parfois on oublie ce qu’il y a au fond, au fond de nous. Ce qui nous fait, nous a fait. Ce qui est nous. Parfois on noue. On ajoute des choses qui compliquent ce que l’on veut dire. Parfois on noie ses sentiments dans un océan de choses et d’autres. Par pudeur peut-être. Par peur d’être mal compris. Au fond des sentiments, profonds. On peut se faire mal. Mal comprendre. Pour pas grand-chose. Ça peut faire des dégâts. Des dégâts des autres. Des autres usés. Usés de se perdre dans ce toi qui noue des bouts de défi. Des bouts de sentiments. La pudeur des sens qui mentent. Des mots sculptés comme un défilé de haute-couture.

Où aller?

Par où commencer ?

Dire des choses décentes. Par pudeur. Beaucoup de paroles. Sans histoire. Des nœuds. Des messages codés.

Va comprendre. Va savoir. Va. En code et en code. Ça continue. Entre nous et eux. Entre moi et soi. Entre deux toi. Et tu sais que ça va vite. Que chaque jour c’est des escaliers que l’on descend quatre à quatre. Qu’on se remet à faire des nœuds sans même y avoir pensé. Il faudrait couper. Se couper la parole. Un silence intelligent. Sans nœud. Sans code. Un langage simple. Il faudrait un langage simple. Sans pudeur. Un langage qui dessine les sentiments.

Je parle et je trace des liens. J’écris et je tends des mains. Toutes ces errances. Toutes ces pages. Blanches. Raturées. Déchirées. Déchiquetées. Toute cette encre versée. Ces larmes étouffées. Tout ce que l’on garde en soi finalement. Au milieu. En sandwich. Entre les cris et les larmes. Entre la pudeur et la colère. Tout ce mélange. Cet amalgame de choses et d’autres. Ces états d’âme. Ce pas grand-chose… à dire. Ce pas grand-chose qu’on est. On naît pas grand-chose. Une tranche dans un sandwich. Un pion sur un damier. Un numéro. Rangé dans une case. Une catégorie. Un type. Un genre. Un stéréotype. Toute cette chanson. On la connaît par cœur. On nous catégorise au milieu du sandwich.

Et si l’on nous demandait juste d’être? D’être nous-mêmes au milieu de tout ça. Avec nos forces. Nos faiblesses. Nos joies. Nos peines. Nos histoires… uniques. Nos expériences. Nos envies. Nos passions. Nos opinions. Nos croyances. Et si l’on nous demandait juste ça? Être sans label.

Et si nous arrêtions de nous ranger dans des cases? Et si nous arrêtions d’être si conformistes. Conventionnels. De s’attacher à des standards souvent si artificiels. Des diagrammes sans queue ni tête. Si nous tissions des liens entre nous juste pour ce que nous sommes. L’un et l’autre. Juste parce qu’il fait bon d’être ensemble.

Tout ça tourne. Dans ma tête, au milieu du sandwich. Entre-deux. Toujours au milieu. Toujours entre deux. Mais avec une seule vie. Une seule. Un seul moi. Toujours le même. Unique comme des milliards d’autres.

Voilà. Ça tourne autour de ça. Tranquillement. Sans excès. Sans forcer. Sans se forcer.
Ça tourne autour de ça tout ce silence, tous ces mots qui tournent en moi.