De l’autre côté du monde, Stephen Sondheim, légende de la comédie musicale américaine et parolier de West Side Story, s’éteint le 26 novembre à l’âge de 91 ans. Né le 22 mars 1930 à New York, il était considéré comme l’un des plus grands compositeurs de comédie musicale et était perçu comme un intellectuel du genre, car il préférait le théâtre d’art au divertissement si répandu à Broadway. La comédie musicale le prend très jeune, à 9 ans, lorsqu’il assiste à Very Warm for May à Broadway, une évasion qui lui permet d’échapper à une enfance très sombre et solitaire, une famille marquée par l’absence du père et une mère abusive.

Il est formé tout jeune, à l’âge de dix ans, par le grand maître de la comédie musicale Oscar Hammerstein (Show Boat, The Sound of Music), et Hal Prince (South Pacific). Après un bref passage par la rédaction de mots croisés et la télévision, et des années universitaires durant lesquelles il dévore les films d’Orson Welles, Emeric Pressburger et Michaël Powell, Raoul Walsh, Michaël Curtiz ou John Ford, Stephen Sondheim est engagé à seulement 25 ans, en 1957, pour écrire les paroles de West Side Story, son premier spectacle sur Broadway, plus tard adapté à l’écran par Robert Wise et refait tout récemment, ironie du sort, par Steven Spielberg. La pièce carburera à Broadway le temps de… 732 performances!

La suite de ses oeuvres en tant que compositeur ou parolier appartient proprement à la légende: Gypsy (1959) est adapté au cinéma et donne encore l’un de ses meilleurs rôles à l’enchanteresse Natalie Wood, après la Maria de West Side Story, A Funny Thing Happened on the Way to the Forum (1962) porté à l’écran par Richard Lester, l’énorme Sweeney Todd (1979), oeuvre noire, sordide et sublime, transfigurée par Tim Burton en 2009, ou encore A Little Night Music (1974), Sunday in the Park with George (1984) ou Into the Woods (1989), remis au goût du jour par Disney en 2014 avec un casting de stars.

Au cours de sa longue carrière, ce géant de Broadway a remporté pas moins huit Grammy Awards, autant de Tony Awards, un Oscar (pour la chanson originale interprétée par Madonna dans Dick Tracy, réalisé en 1990 par Warren Beatty), ainsi qu’un prix Pulitzer. Preuve de la longévité de ses oeuvres, deux de ses pièces, Company, créée en 1970, et Assassins, qui date de 1990, étaient jouées à Broadway cet automne. Sa mort coïncide étrangement avec la sortie en salles de deux hommages à son oeuvre: le très bon remake par Steven Spielberg de West Side Story et l’excellent Tick Tick… BOOM!, avec Andrew Garfield, sur la disparition prématurée (à 35 ans, en 1996) de Jonathan Larson, jeune compositeur et metteur en scène fasciné, puis coaché par Sondheim.

Abonnez-vous à notre newsletter

Newsletter signup

Please wait...

Merci de vous être inscrit !