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Des téléphones portables aux voitures, en passant par les maisons de plus en plus connectées, les appareils et engins électriques sont partout. Mais quand l’électricité vient à manquer ou que les batteries ne fonctionnent pas, leur utilisation peut devenir problématique. Un chercheur libanais pourrait avoir trouvé la solution, avec un tout nouveau genre de cellules photovoltaïques.

Et s’il était possible d’utiliser son téléphone ou sa voiture électrique sans jamais avoir à les recharger? De se servir de panneaux solaires en continu, même la nuit, sans batteries? Cela pourrait bientôt être possible grâce à un nouveau genre de cellules photovoltaïques développées par Raja Yazigi.

Depuis trois ans, ce physicien et ingénieur libano-franco-suisse cherche une manière de capter l’énergie produite par la journée le jour, mais surtout par la Terre la nuit. "Le jour, la Terre reçoit de l’énergie du soleil sous forme d’ondes lumineuses. La nuit, elle la réémet exactement en même quantité, mais sous forme d’ondes infrarouges. Le but de ce nouveau matériau c’est d’être capable de capter cette énergie aussi bien le jour que la nuit", indique-t-il à Ici Beyrouth.

Un matériau plus efficient 

Ce nouveau matériau, c’est donc la trouvaille de Raja Yazigi. Si sa composition reste pour l’instant secrète, il s’agit d’un élément de synthèse, comme le silicium utilisé dans les cellules photovoltaïques classiques et dans la plupart des matériaux électroniques. "Les propriétés de photoconductivité de ce nouveau matériau sont meilleures que celles du silicium des cellules photovoltaïques actuelles. Pour une même unité d’énergie reçue, il va générer plus de courant électrique", explique-t-il.

La phase de recherche désormais terminée, Raja Yazigi espère démarrer la synthétisation de ce nouveau matériau semi-conducteur prochainement. Plusieurs laboratoires, tous situés en France ou dans la région "francophone", ont été trouvés. "Dès que l’argent des investisseurs aura été reçu [au moins cinq millions de francs suisses], on pourra commencer. La production du premier échantillon devrait prendre deux ans", ajoute-t-il.

Un alliage de plusieurs atomes

Si la production de ce nouveau matériau est coûteuse, elle ne deviendra pas, à terme, plus chère que celle des cellules photovoltaïques classiques. "Durant mes recherches, j’ai eu le choix entre trois matériaux. Les deux que j’ai écartés utilisaient des atomes assez onéreux, comme l’argent, le sélénium et le titane, entre autres. Celui que j’ai choisi n’a rien d’exotique si ce n’est sa composition. C’est un alliage entre plusieurs atomes, c’est ça la nouveauté. Donc il ne sera pas plus cher que le silicium actuel", estime Raja Yazigi.

Naturellement, le chercheur vise un marché B2B, c’est-à-dire que ses clients seront les entreprises du secteur de l’énergie solaire. "Ce serait prétentieux d’affirmer que j’ai déjà un plan totalement défini, mais les clients pourraient être les producteurs de cellules, comme le géant chinois Suntech qui produit des panneaux solaires classiques", envisage-t-il.

Faire profiter les pays arabes

Réaliste, Raja Yazigi sait bien que, si son invention a du succès, elle bénéficiera avant tout aux poids lourds de l’énergie solaire. "Elle devrait m’échapper au bout d’un moment. Je vise un marché qui fait, actuellement, 200 milliards de dollars de chiffre d’affaires par an, avec une croissance annuelle de 30%. Les pays européens ne pourront pas satisfaire individuellement les besoins mondiaux. Les acteurs déjà installés, comme les asiatiques Sharp, Suntech et Q-Cells en bénéficieront aussi", avance-t-il.

Confiant sur la viabilité de son invention, il espère qu’elle profitera, d’ici quelques années, au monde entier, mais surtout au monde arabe. "Certains pays de la région pourraient produire des cellules, et tous en bénéficieraient, pour leurs maisons, leurs voitures. On pourrait également alimenter des mini-usines de désalinisation autonomes d’eau de mer, cela créerait des emplois", imagine Raja Yazigi avec, forcément, le Liban en tête.

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