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AstraZeneca annonce le retrait de son vaccin anti-Covid-19 en raison du "déclin de la demande". Pourtant, en suivant les événements depuis 2021, on serait en droit de croire que ce retrait serait dicté par d’autres raisons.

Un an après la levée de l’état d’urgence sanitaire mondial lié à la pandémie du Covid-19, les controverses autour des vaccins utilisés contre le SARS-CoV-2, en particulier celui d’Oxford-AstraZeneca, persistent. Ce vaccin a été sujet à débat depuis sa mise sur le marché et n’a pas réussi à faire consensus.

Alors que les études scientifiques sur les effets à long terme desdits vaccins sont en cours, AstraZeneca a annoncé, le 8 mai, avoir initié le retrait de son produit, en raison du "déclin de la demande". "Étant donné que de nombreux vaccins mis à jour ont été développés pour les variantes du Covid-19, il existe désormais un surplus de vaccins disponibles", a expliqué le géant pharmaceutique britannique dans un communiqué reçu par l’AFP.

"Conclure ce chapitre"

AstraZeneca note que dans une première étape, le vaccin sera retiré du marché européen. Il précise, par ailleurs, œuvrer avec les autres régulateurs "pour initier des retraits d’autorisations de mise sur le marché pour le Vaxzevria là où il n’y a pas de future demande attendue pour le vaccin". Cette démarche s’inscrit dans la volonté d’AstraZeneca de "conclure ce chapitre" de sa lutte contre le SARS-CoV-2 qui a coûté la vie à près de 7 millions de personnes à travers le monde jusqu’en mai 2024.

Par ailleurs, sur le site de l’Agence européenne des médicaments (EMA ou European Medicines Agency en anglais), la fiche du vaccin a été mise à jour, révélant que l’autorisation de vente de ce médicament préventif avait été retirée "à la demande du titulaire de l’autorisation de mise sur le marché", en l’occurrence le laboratoire pharmaceutique britannique.

Des soupçons

Pourtant, l’évolution des événements, depuis 2021, suggère que ce retrait pourrait être motivé par des raisons qui ne sont pas strictement commerciales. En effet, en mars 2021, soit trois mois après la commercialisation du vaccin développé conjointement par l’Université d’Oxford et AstraZeneca, l’agence britannique des médicaments rapporte sept décès liés à des thromboses veineuses chez des personnes ayant reçu ce vaccin. Le même mois, un jeune homme français, âgé de 24 ans, décède d’une thrombose veineuse abdominale, dix jours après avoir reçu une dose du même vaccin.

Le laboratoire pharmaceutique ne reconnaîtra pas la relation causale entre le syndrome de thrombose-thrombocytopénie (STT, un problème de santé impliquant des caillots sanguins et un faible taux de plaquettes, NDLR) et son vaccin. Dans une lettre de réponse envoyée en mai 2023, AstraZeneca déclare aux avocats d’une personne ayant développé, en avril 2021, un accident vasculaire cérébral (AVC), à la suite de l’administration du vaccin britannique, qu’elle n’est pas "d’accord pour dire que le STT est causé par le vaccin de manière générale".

Cette même année, l’EMA estime, de son côté, qu’un lien de cause à effet entre le vaccin et ces thromboses est "possible". Cependant, elle précise que les bénéfices du vaccin surpassent indéniablement ses effets, soulignant que le taux de mortalité lié au Covid-19 (3,4% avant le début des campagnes de vaccination à grande échelle, selon l’Organisation mondiale de la santé) est plus élevé que celui associé à ces thromboses (un cas pour un million de vaccinés par ce produit).

Néanmoins, toujours en avril 2021, la firme pharmaceutique met à jour, avec l’accord du régulateur britannique (MHRA ou Medicines and Healthcare products Regulatory Agency, en anglais) les informations relatives à son vaccin afin d’intégrer la mention selon laquelle "le vaccin AstraZeneca-Oxford pourrait, dans des cas exceptionnellement rares, déclencher un STT". Malgré cela, le vaccin est resté en circulation pendant trois ans.

Haute cour britannique 

Jusqu’aujourd’hui, un groupe de 50 familles au Royaume-Uni a intenté un procès contre AstraZeneca. Dans l’un des documents juridiques, datés de février 2024, le laboratoire admet que son vaccin peut "dans de très rares cas, causer un STT". Cette affirmation pourrait changer la donne, car elle suggère que la société pharmaceutique serait tenue de verser des dommages et intérêts aux victimes ou des proches endeuillés, réclamant, selon le Telegraph, des indemnités estimées à près de 100 millions de livres sterling.

Est-il donc possible que les implications juridiques aient influencé la décision d’AstraZeneca de retirer son vaccin? Seul le temps nous apportera les réponses définitives.

Quid des vaccinés?

Bien que les données juridiques puissent être ambiguës, une vérité reste indiscutable: selon les données scientifiques actuelles, les personnes ayant reçu le vaccin d’AstraZeneca ne semblent pas courir un risque plus élevé sur le long terme que les personnes auxquelles ont été administrés d’autres vaccins, voire celles qui n’en n’ont reçu aucun.

Les études de pharmacovigilance, réalisées (toujours) après la mise sur le marché des médicaments – y compris les vaccins – afin de détecter les effets secondaires à grande échelle, n’ont toujours pas été publiées. Plusieurs études récentes ont conclu que le risque de développer un STT est légèrement plus élevé avec le vaccin d’AstraZeneca, mais uniquement durant les quelques dizaines de jours suivant la vaccination.

Une étude de cohorte nationale menée au Danemark et en Norvège, citée par une méta-analyse publiée par Faksova et al., a justement révélé une augmentation du taux d’événements thromboemboliques veineux estimée à 2,5 événements pour 100.000 vaccinations avec le vaccin Oxford/AstraZeneca, pendant la période à risque de 0 à 42 jours.

Il serait, finalement, important de rappeler que c’est grâce à la vaccination, en plus de l’immunité naturelle acquise, que le monde a réussi à contenir la pandémie de Covid-19. Dans une étude publiée le 1ᵉʳ mai, Jackson et al. tentent d’infecter délibérément 36 personnes (avec leur consentement) avec une nouvelle souche mise au point au laboratoire afin de tester de nouveaux vaccins et traitements. Ils échouent à induire la maladie. Cette étude prouve ainsi la puissance de l’immunité protectrice induite par la vaccination ou par une infection précédente par le SARS-CoV-2.

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