La race d’un chien ne permet pas de prédire son caractère, d’après une étude publiée dans Science. Le travail mené sur 2.000 chiens de nombreux traits comportementaux peuvent être hérités, que la race peut partiellement prédire. Ce n’est pas le cas des traits de caractère.

Tout le monde le sait, les pitbulls et les rottweilers sont agressifs, alors que les labradors sont affectueux. Sauf que non. Ces stéréotypes liés aux races canines sont largement infondés. C’est ce qui ressort d’une étude publiée dans la revue Science.

Selon ce travail mené sur 2.000 chiens et plus de 200.000 réponses à un questionnaire mené auprès de 18.385 propriétaires, de nombreux traits comportementaux peuvent être hérités. La race permet de prédire partiellement la plupart des comportements, mais ne permet pas de prédire certains traits de caractère, comme l’affection ou la propension à s’énerver.

"La génétique joue un rôle dans la personnalité de tout chien individuellement, mais la race ne permet pas de prédire ces traits efficacement", explique Elinor Karlsson, l’une des auteures de cette recherche. "Nous avons démontré que les critères définissant un golden retriever sont ses caractéristiques physiques, comme la forme des oreilles, la couleur et la qualité du pelage, la taille. Nous n’avons pas pu démontrer s’il est affectueux", ajoute-t-elle.

Pourtant, de tels stéréotypes figurent parfois dans la loi, comme le fait d’interdire des pitbulls au Royaume-Uni et dans de nombreuses villes américaines.

Des exceptions

Les chercheurs ont séquencé l’ADN de 2.155 chiens de race ou croisés, afin de trouver des variations génétiques communes qui pourraient permettre de prédire leur comportement. Ils ont combiné ces résultats avec les réponses au questionnaire menée auprès des propriétaires de chien. Le site utilisé est Darwin’s Ark. Il représente une base de données en accès libre réunissant les informations livrées par des propriétaires sur les comportements de leur animal.

Dans leurs analyses, les chercheurs ont pris en compte les stéréotypes affectant possiblement les réponses. Ils ont établi des définitions fixes pour certains comportements, comme l’obéissance, la sociabilité ou encore l’intérêt pour les jouets. Les traits physiques ont également été étudiés.
Les chercheurs ont finalement trouvé 11 endroits du génome associés à des différences comportementales, dont l’obéissance, la capacité à rapporter un objet, ou encore les hurlements. Dans ces cas-là, la race jouait bien un certain rôle: les beagles et les limiers ont tendance à hurler davantage, les border collies sont obéissants,  plus que les shiba inus.

Néanmoins, l’étude souligne des exceptions. Ainsi, même si les labradors sont ceux qui hurlent le moins, 8% d’entre eux le font. Et si 90% des lévriers n’enterraient pas leur jouet, 3% le faisaient fréquemment. De plus, en observant les réponses à plusieurs questions portant sur les possibles réactions agressives des chiens, "nous n’avons vu aucun effet de la race", constate Elinor Karlsson.

Au total, la race n’expliquait que 9% des variations comportementales. L’âge permettait ainsi de mieux prédire certains traits, comme le fait de s’amuser avec un jouet. Par contre, les traits physiques pouvaient être cinq fois mieux prédits par la race que le comportement.

Idéaux physiques

Avant les années 1800, les chiens étaient d’abord sélectionnés pour leur rôle dans la chasse, pour garder la maison ou les troupeaux. Mais le concept "de race canine moderne, mettant l’accent sur des idéaux physiques et la pureté de la lignée, est une invention victorienne", souligne l’étude.

Les chiens au sein d’une race peuvent avoir des comportements différents, certains ayant hérité des variations génétiques de leurs ancêtres, alors que d’autres non. Fait intéressant: la sociabilité envers les humains est très héréditaire chez les chiens, quoique ne dépendant pas de la race.

Les chercheurs ont localisé un endroit de l’ADN canin qui pourrait expliquer 4% des différences de sociabilité entre les individus. Et cet endroit correspond à celui, dans le génome humain, responsable de la formation de la mémoire longue. "Il se pourrait que comprendre la sociabilité envers les humains chez les chiens aide à comprendre comment le cerveau se développe et apprend", avance Kathleen Morrill, auteure principale de l’étude. La prochaine étape, selon elle, consisterait à se pencher sur les troubles comportementaux chez les chiens et leurs possibles liens avec ceux des humains.

"On ne peut pas demander à un chien quels sont ses problèmes, ses pensées, ses angoisses, mais on sait qu’ils ont des vies émotionnelles riches et sont atteints de troubles qui se manifestent dans leur comportement", fait remarquer la chercheuse.

Comprendre les liens entre la race et le comportement pourrait ainsi aider à déterminer quels gènes sont responsables de certains troubles psychiatriques chez les humains, comme les troubles obsessionnels compulsifs.

Avec AFP/Issam Ahmed

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