Fouad Rahmé, ancien président du RDCL, véritable gentleman engagé sans répit pour la cause libanaise, n’est plus. Un cœur immense s’en est allé. 

Fouad Rahmé était de ces personnes à qui la vie allait comme un gant. Malheureusement, le destin, fourbe dans sa capacité de sélectionner les meilleurs pour les inviter à la noce plus tôt que prévu, en a décidé autrement. Aussi s’en-il est allé dimanche avec son grand sourire, son enthousiasme, sa joie de vivre et son optimisme inébranlable, jusqu’à la dernière minute, malgré l’épreuve de maladie.

Fouad Rahmé avait un très grand cœur, serviable comme on n’en trouve plus, extrêmement fidèle, passionné, particulièrement persévérant, courageux et remarquablement instruit. C’est une bibliothèque qui brûle avec son départ. L’homme était un infatigable lutteur, enchaînant les batailles économiques et sociales sans repos. Même dans son dernier combat, le plus dur, le plus éprouvant, il était toujours positif, sûr de vaincre la maladie qui a finalement eu raison de lui. Qu’à cela ne tienne, ses amis, et plus globalement le Liban, ont certainement gagné un allié de choc au paradis, d’où il continuera d’irradier de toutes ses ondes positives.

Un engagement sans relâche

Fouad Rahmé était une personne engagée, jouissant d’une intelligence vivace. Il a défendu le secteur privé, l’économie libre, travaillant sans relâche pour la redynamisation du Rassemblement de dirigeants et chefs d’entreprises libanais (RDCL) et la mise en forme des réformes nécessaires dont le Liban a tant besoin.
Il s’est plus globalement battu sans interruption pour la liberté de son pays. Aussi, lorsque sa fille avait rejoint la révolution, Fouad Rahmé avait recouvré une seconde jeunesse, vibrant à chaque instant au rythme des espoirs de cette nouvelle génération, dont il louait le courage et l’esprit d’initiative et d’innovation. Par contre, la terrible atomisation de Beyrouth, le 4 août 2020, devait, elle, s’avérer destructrice à plus d’un niveau, autant pour la famille que pour lui, puisque c’est elle qui libéra non seulement le chaos et la mort, mais aussi la maladie.

Envers et contre tout, Fouad Rahmé a continué à rêver d’un meilleur Liban! C’est à cela qu’on reconnaît les grands hommes, ils sourient face au néant, armés d’un espoir tenace, indestructible. Habités par la Vie.

Mais pouvait-il en être autrement? Fouad Rahmé était lui-même l’incarnation d’un roc, sa mère étant de Akkoura et son père de Bécharré, cocktail extraordinaire d’un maronitisme profond, montagnard, inébranlable. Mais il n’en fit jamais un refuge: sa force rayonnante n’avait pas besoin de se replier et se cacher. Aussi avait-il choisi d’être un fédérateur, ne jugeant jamais les autres sur leurs appartenances, mais sur leurs convictions politiques.

"Corporate Guru of Lebanon"

Banquier, Fouad Rahmé avait plus de 30 ans d’expérience dans le financement des entreprises. Il a réalisé plus de 2 milliards de dollars de transactions pour financer des PME, des entreprises familiales et des startups avec pratiquement zéro défaut. Il disposait dans ce cadre d’un vaste réseau.

Connu comme le "Corporate Guru of Lebanon" ou Gourou corporatif du Liban, il était devenu la référence pour les entrepreneurs en quête de conseils dans le financement et l’investissement. Il entretenait des relations étroites avec les principaux dirigeants de Kafalat, IDAL, la BDL, les PDG des cabinets d’audit et de conseil et la plupart des cadres supérieurs des banques.

D’ailleurs, Fouad Rahmé avait occupé plusieurs postes de direction dans des banques du groupe alpha. Il avait également occupé de 2011 à 2016 le poste de directeur général de BLC Invest.

En 2016, il avait créé un fonds de capital-investissement destiné au marché libanais et avait levé plus de 15 millions de dollars dès les premiers mois de travail. Il présida ainsi également le RDCL durant plusieurs années.

Élève des pères jésuites au Collège Notre-Dame de Jamhour, il était titulaire d’une maîtrise en génie civil de l’Université Saint Joseph – ESIB et d’un MBA de HEC-France. Il était aussi membre fondateur du Rassemblement de Saydet el-Jabal, membre fondateur tout récemment et au nez et à la barbe de la maladie du Conseil national pour la levée de l’occupation iranienne. Il faisait partie de plusieurs associations et ONG ainsi que des anciens de HEC section Liban. Il était par ailleurs, le vice-président très actif de l’ATCL.

Tout cela.

Parfois, la maladie est pire qu’un mélange tératologique entre Genghis Khan et Houlagou Khan.

Une belle étoile du Liban s’en est allée, rejoindre d’autres contrées trop tôt. Mais, où qu’il se trouve, Fouad Rahmé restera fidèle à sa patrie qu’il a aimée au-delà de tout: le Liban libre.

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