Fêtard et ancien gros fumeur, Alexandre Boucheix est devenu un improbable phénomène dans le monde de l’ultra-trail sous le soubriquet de " Casquette verte ". Ce trentenaire parisien un rien déjanté inspire les novices avec son parcours et ses succès.

Samedi soir à Grenoble, Boucheix a ajouté une nouvelle ligne à son palmarès en remportant la course d’endurance extrême de l’Ultra tour des quatre massifs (Ut4M), un parcours de 173 km avec 11.500 mètres de dénivelé positif au travers des massifs alpins du Vercors, Taillefer, Belledonne et Chartreuse, qu’il a bouclé en 28 heures 28 minutes !

Il y a un mois, il avait remporté l’Ultra 01 (dans l’Ain), 172 km couru en 20 h 35 min.

" A la base je voulais juste faire un semi-marathon ", raconte à l’AFP Boucheix, en évoquant ses débuts de coureur, une casquette verte posée à l’envers sur sa tête, héritage de ses années d’étudiant devenue son signe distinctif sur les sentiers et… réseaux sociaux.

Son histoire commence à la machine à café d’une multinationale. Jeune cadre dynamique, Boucheix est interpellé par un collègue qui se prépare pour courir une épreuve de 80 km. C’était en 2015. Le Parisien, lycéen très sportif, a pris 25 kg durant ses études de commerce, " des seins, des bourrelets " qui ne le dérangent pas, mais sa curiosité est piquée.

Il galère d’abord mais très vite progresse. Un 10 km, puis le marathon, le trail et l’ultra distance. Aujourd’hui, il compte une quarantaine de courses dont six victoires sur les douze derniers mois avec une 43e place sur la référence mondiale, l’Ultra-Trail du Mont-blanc (UTMB), avant de finir 18e sur la renommée Diagonale des fous.

Une bonne bière

" J’ai découvert un monde où l’on pouvait avoir des hallucinations comme quand je me droguais mais c’est légal, en montagne, dans un milieu naturel, en faisant du sport valorisé par les autres et pour soi ", explique-t-il, toujours avec une pointe d’humour.

Le garçon au débit impressionnant et au visage enfantin jongle désormais au quotidien entre ses " fichiers excel " et sa vie baskets aux pieds dans laquelle il pousse son corps à bout.

Ce qui ne l’empêche pas d’engloutir une bière d’un seul trait une fois la ligne d’arrivée passée, un rituel désormais très attendu par la communauté qui le suit de plus en plus sur les réseaux. " C’est hallucinant, c’est un truc de dingue! Y a un microcosme du trail, dès qu’on sort du lot, rapidement ça peut faire le tour ".

Mehdi Mainguené, un Breton de 44 ans, fait partie de ceux qui ont découvert le trail grâce à " Casquette Verte ".

" C’est une personne qui montre que c’est possible, un profil atypique. Il a ouvert la voie à des gens comme moi. C’est une image moderne du trail ", explique à l’AFP ce Rennais, qui s’est mis à courir il y a deux ans.

" Quelqu’un comme tout le monde "

Boucheix explique sa popularité par le fait qu’il est " quelqu’un comme tout le monde ". " On ne peut pas s’identifier à Kilian Mbappé mais à un joueur amateur qui va en finale en Coupe de France et qui est boucher à côté. Je ne veux pas dire que je suis la magie de la Coupe de France, que je suis le Petit-Quevilly du trail! Mais il y a un peu de ça ".

Mais il se défend d’être un exemple à suivre, lui qui avale 5.000 calories par jour – " si je ne bouffe pas trois fois ce quelqu’un mange normalement, je ne tiens pas " , qui fumait comme un pompier jusqu’à la promesse du jour de ses 30 ans en novembre dernier, qui court 30 km par jour et qui ne manque jamais une occasion de faire la fête.

" Casquette Verte " est connu comme le loup blanc sur les courses de trail. Sur l’Ut4M, tout le monde ne parle que de lui. Mais le gars de Saint-Mandé (Val-de-Marne) sait que tout ça n’aura qu’un temps.

" Dans mon +taff+, ça manque de sens profond, j’aimerais basculer dans un monde caritatif où il y a un vrai fond ", se projette-t-il.

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