Les différentes crises traversées par le Liban ces dernières années n’ont pas empêché la Fédération libanaise de football d’activer sa communication sur les différents réseaux sociaux et de développer en interne des retransmissions en direct des différentes compétitions de football locales.

En dépit des crises économique et sanitaire de ces deux à trois dernières années, la Fédération libanaise de foot a développé en 2020 une nouvelle cellule "Media" pour augmenter la notoriété de ce sport au Liban, et ainsi inciter à sa pratique.

Dans un entretien avec Ici Beyrouth, la directrice du département media, Faten Abi Faraj, explique que la création de ce département avait pour "but de toucher davantage le grand public. Au moment de l’ouverture d’une section active sur les réseaux sociaux, il y avait le Covid-19. Nous nous sommes rendu compte que, certes, il existait un grand nombre de médias qui traitaient l’actualité du football libanais, mais avec une abondance de fake news. De surcroît, le grand public a le droit de suivre en détail les sélections nationales et les activités de la fédération pour comprendre comment ce sport est en train d’être développé au Liban. À partir de cet état des lieux, nous avons ouvert une nouvelle section media en 2020. En parallèle de quoi, il y a malheureusement eu le début de la crise sanitaire du Covid-19."

La Fédération libanaise de football axe sa stratégie sur les trois principaux réseaux sociaux que sont Facebook, Twitter et Instagram. Abi Faraj explique que "nous avons progressivement développé les comptes Facebook, Twitter et Instagram de la fédération. Twitter est un puissant outil à l’international. Toutes les fédérations internationales de football l’utilisent. Les personnes les plus âgées sont essentiellement actives sur Facebook. Quant aux générations les plus jeunes, elles sont quant à elles plus actives sur Instagram." La Fédération libanaise de football compte aujourd’hui près de 5.700 followers sur Twitter et 41.000 sur Facebook.

On peut toutefois déplorer que la communication sur les comptes des réseaux sociaux de la Fédération ne se fasse qu’en arabe. En effet, il existe d’importantes communautés libanaises vivant à l’étranger depuis de longues années qui sont notamment très intéressées par les performances de l’équipe nationale, et qui pourraient être la cible d’une communication en anglais et en français, voire en espagnol. Abi Faraj explique qu’une "communication en de nouvelles langues est difficile à développer avec l’équipe actuellement en place. Il faudrait du personnel supplémentaire. Mais les services de traduction des réseaux sociaux, même s’ils ne traduisent pas parfaitement, transmettent le message principal."

Développement d’une plateforme pour les retransmissions en direct

La Fédération libanaise de foot a su tirer profit de la période de la crise sanitaire pour se développer davantage et mettre en place de nouveaux outils de communication. Abi Faraj explique que "pendant le Covid-19, notre activité a naturellement été ralentie avec le report de plusieurs compétitions. Cette période morte nous a incités à travailler sur le live, autrement dit les retransmissions en direct. Nous avons franchi ce cap par l’intermédiaire de la plateforme de streaming Mycujoo. Aujourd’hui la Fédération libanaise de foot dispose via Youtube d’une sorte de web TV. D’autres fédérations font également des diffusions numériques, mais aucune n’est aussi active que la Fédération libanaise de football. Nous avons progressivement recruté des cameramen et des commentateurs. Nous travaillons pour développer une meilleure organisation pour la saison 2022-2023, avec une équipe plus nombreuse dédiée au live."

Si la crise sanitaire a permis à la Fédération libanaise de football de réfléchir et de mettre en place de nouveaux outils comme le live, la crise économique est quant à elle un frein à l’optimisation de cet outil de communication. Abi Faraj souligne que "les conditions économiques du pays rendent le budget encore plus difficile à respecter. Je dois faire beaucoup de calculs avant de recruter quelqu’un de nouveau. Avant de mettre en place un plan, je dois toujours me référer au comité exécutif pour que les coûts de l’opération soient étudiés et éventuellement avalisés. Tout est devenu plus cher, ce qui nous impacte financièrement. Il y a également un impact sur la qualité technique des retransmissions dû à la baisse de la qualité de l’internet."

Substitution de la fédération aux diffuseurs

Face à des diffuseurs aux budgets limités dans cette période de crise, la Fédération a complété les diffusions de la MTV (détentrice des droits TV et numériques pour 600.000 dollars de 2019 à 2022) pour la première division libanaise cette année. Abi Faraj souligne en effet que la "MTV a la première division uniquement. Et la chaîne ne diffuse pas l’intégralité des six matches de chaque journée de première division. Certains jours, elle n’a diffusé que trois matches et il y a eu une journée où elle n’en a diffusé qu’un seul. Nous avons donc dû combler cete lacune en retransmettant ces rencontres sur notre plateforme YouTube."

Au niveau des matches de l’équipe nationale, la Fédération s’est également, dans certains cas, totalement substituée aux diffuseurs. Abi Faraj explique que "nous avons pris des droits numériques pour des matches de certaines équipes nationales sur Youtube, alors que des télévisions locales n’avaient pas manifesté d’intérêt pour ces droits. Les matches de futsal de l’équipe nationale ont ainsi par exemple pu être diffusés sur nos plateformes. Notre ligne de conduite est de suivre toutes les catégories d’équipes nationales et nous accordons la même importance à toutes."