Irrésistible, le jeune prodige belge Remco Evenepoel est devenu champion du monde de cyclisme dimanche à Wollongong (Australie) au terme d’un raid solitaire de plus de trente kilomètres, devançant le Français Christophe Laporte (2e) et l’Australien Michael Matthews (3e).

Le Flamand de 22 ans offre à son pays son premier titre mondial depuis dix ans après être déjà devenu, il y a deux semaines à la Vuelta, le premier Belge à remporter un grand Tour depuis 1978.

Il s’est imposé en solitaire avec 2 min 21 sec d’avance sur le premier peloton réglé par Christophe Laporte, après 266,9 km d’une course disputée sous un soleil éclatant.

" Je suis super heureux. Je rêvais d’être champion du monde. Un monument, une classique, un grand Tour, le Mondial…: j’ai tout gagné cette année, c’est incroyable ", a réagi celui qui a aussi remporté Liège-Bastogne-Liège au printemps et la Classica San Sebastian cet été.

Le Belge succède au palmarès au Français Julian Alaphilippe, qui avait remporté les deux dernières éditions mais n’a pas pu se mêler à la lutte pour les premières places cette fois.

Van der Poel au commissariat

La course a aussi été marquée par l’abandon précoce de Mathieu van der Poel, un des grands favoris mais qui n’avait plus de forces au bout d’une trentaine de kilomètres après avoir été arrêté par la police et passé une partie de la nuit au commissariat.

Le Néerlandais est accusé d’avoir poussé deux adolescentes qui l’empêchaient de dormir, dans le couloir de sa chambre d’hôtel. Emmené au commissariat et inculpé pour deux cas d’agression, il doit comparaître mardi devant un tribunal australien.

Evenepoel a fait la différence à 35 kilomètres de l’arrivée en s’extirpant d’un groupe de vingt-cinq coureurs qui avaient pris les commandes et comptaient alors environ deux minutes d’avance sur le peloton où figuraient les principaux favoris, dont Wout van Aert, Julian Alaphilippe et Tadej Pogacar.

Très remuant depuis le début de l’étape, impressionnant de puissance, Evenepoel a seulement été accompagné du Kazakhe Alexey Lutsenko, qu’il a ensuite lâché dans l’avant-denier montée du Mount Pleasant, sur le circuit urbain de Wollongong.

Pas de " regrets " français

" Je sentais que j’étais le plus fort, il n’y avait pas de temps à perdre sur un tel circuit, après j’ai continué à pousser ", a expliqué Evenpoel.

Passé en mode contre-la-montre, le médaillé de bronze du chrono de dimanche dernier n’a cessé d’étendre son avance pour gagner le droit de savourer longuement son exploit.

Il a franchi la ligne, le doigt sur la bouche, comme pour faire taire les critiques, nombreuses dans son pays.

Pour la Belgique, c’est une revanche éclatante sur l’année dernière où l’équipe s’était liquéfiée à domicile sous la pression et la rivalité entre Evenepoel et Van der Aert.

L’autre grand leader flamand, quatrième dimanche, devra donc attendre au moins un an de plus pour espérer décrocher le maillot arc-en-ciel qui le fait rêver.

" Aujourd’hui, on a couru en équipe, c’était pour lui ou pour moi. L’attaque de loin a payé, on le mérite ", a commenté Evenpoel.

Les Français, qui avaient animé tout le début de course et comptaient trois coureurs dans le groupe de tête (Bardet, Sivakov, Pacher), n’ont pour leur part pas réussi à suivre mais voient leurs efforts récompensés par la médaille d’argent de Christophe Laporte.

" C’est un coureur très fort qui gagne et un coureur très fort qui fait deux. Donc on ne peut pas avoir de regrets aujourd’hui ", a commenté Alaphilippe, positivant malgré la perte de son maillot.

Au tableau des médailles par nations, la Belgique compte désormais 27 titres, devant l’Italie (19) et la France (10).