Le Maroc, d’abord emballant contre le Canada (2-1) avant de finir fébrilement, a décroché jeudi pour la deuxième fois de son histoire un ticket en 1/8 de finale, prenant même la 1re place du groupe F du Mondial-2022 qu’il achève invaincu.

Après un nul contre la Croatie (0-0) et une victoire encore plus retentissante contre la Belgique (2-0), les Marocains se sont une nouvelle fois montrés efficaces en dépit du premier but encaissé depuis que Regragui a remplacé au pied levé Halilhodzic au coeur de l’été.

Après trois éliminations frustrantes en Coupe du monde dès le premier tour, les Lions de l’Atlas réussissent même pour la première fois la passe de deux victoires d’affilée. C’est de bon augure pour la suite, même s’ils pourraient maintenant trouver sur leur route l’Allemagne, qui les avait éliminés en 1986 lors de leur unique 1/8 jusque-là, ou encore l’Espagne, qui tenteront à leur tour dans la soirée de les imiter dans le groupe E qui comprend également le Costa Rica et le Japon.

Face à un Canada aussi naïf qu’imprécis techniquement en dépit d’un jeu direct ambitieux, les Marocains se sont montrés expéditifs, ouvrant la marque dès la 4e minute après une bourde de Borjan dont la sortie loin de son but a été sanctionnée par une frappe lointaine de Ziyech.

Rapidement, Hakimi a ensuite offert la balle du break à En-Nesyri (23), permettant ainsi à l’équipe de se reposer encore plus sur un jeu privilégiant la circulation du ballon dans l’entrejeu. Un peu endormi par cette entame facile, le Maroc a toutefois imperceptiblement relâché son étreinte.

Alors que le Canada, avec David sur le banc, n’avait jamais été dangereux jusque-là, il a trouvé le moyen de tromper la vigilance du revenant Bounoud, surpris par une déviation de son propre défenseur Aguerd (40). En 2e période, alors que les Canucks avaient haussé leur niveau, c’est Hutchinson (71) qui a trouvé la barre de Marocains peut-être devenus avares de leurs efforts ou simplement fatigués.

Au lieu de décrocher un premier point honorifique en Coupe du monde, les joueurs de Herdman, qui devra encore attendre pour devenir le premier sélectionneur à s’imposer chez les hommes et les femmes à ce niveau, doivent finalement se contenter d’une 6e défaite d’affilée en autant de rencontres.

Prochain hôte du Mondial-2026 avec les USA et le Mexique, le Canada peut estimer avoir fait bonne impression avec son jeu débridé mais il a également pu mesurer le chemin à accomplir pour être plus compétitif dans quatre ans.

En parallèle, la Belgique, troisième du Mondial-2018, a quitté la Coupe du monde dès le premier tour jeudi à Doha après avoir buté sur la Croatie (0-0), malgré trois énormes occasions de Lukaku en fin de match. Luka Modric et ses équipiers, finalistes malheureux de l’édition précédente, poursuivent eux l’aventure.

Deuxièmes du groupe F dominé par le Maroc (vainqueur jeudi du Canada), les hommes au damier rencontreront lundi le premier du groupe E, celui de l’Espagne, de l’Allemagne, du Costa Rica et du Japon. La déception doit être immense pour la génération dite dorée des Courtois, Hazard, entré seulement en toute fin de match, et autre De Bruyne qui abattait peut-être sa dernière carte dans un grand tournoi cet automne au Qatar.

Pour certains joueurs belges, largement trentenaires (à l’image des défenseurs Jan Vertonghen et Toby Alderweireld), cette rencontre a donc eu les allures d’un jubilé. Victorieux mais laborieux face au Canada (1-0) avant de couler face au Maroc (0-2), les Diables Rouges, qui devaient s’imposer jeudi pour poursuivre l’aventure, ont été incapables de marquer. Les occasions n’ont pourtant pas manqué en fin de rencontre après l’entrée au jeu de Lukaku.

Lukaku si proche du but

Quitte à être éliminés, les joueurs du plat pays ont voulu le faire en mode " guerrier ", avait prévenu le capitaine Eden Hazard à la veille du choc. Le sélectionneur espagnol de la Belgique a d’ailleurs joué son va-tout en surprenant dès l’avant-match avec quatre changements par rapport à l’équipe qui avait pris l’eau (0-2) quatre jours plus tôt face au Maroc.

Plutôt que de s’en remettre aux Hazard (en laissant les frères Eden et Thorgan sur le banc), Roberto Martinez a préféré occuper les flancs avec Yannick Carrasco et Dries Mertens. Et aux avant-postes, Romelu Lukaku, convalescent, n’étant toujours pas apte à débuter un match, c’est Leandro Trossard qui a été chargé d’évoluer en faux 9.

En alignant trois flèches aux avant-postes, Martinez pensait bien surprendre. Mais ce sont les Croates qui se sont créés la première occasion dès la dixième seconde sur un tir mal cadré d’Ivan Perisic. Les Belges ont connu une autre grosse frayeur dès la 16e minute, quand un penalty sifflé pour une faute de Carrasco a finalement été annulé à la suite d’un hors-jeu de Kramaric repéré par le VAR.

Pour le reste, on a revu à de rares moments seulement des bribes de l’équipe si séduisante en 2018, qui a trôné près de quatre ans en tête du classement Fifa. Surtout grâce à l’entrée au jeu à la pause de Romelu Lukaku (qui n’avait joué que 38 minutes depuis la fin août), lequel a directement pesé sur la physionomie du match.

Le meilleur buteur de l’histoire de la sélection (65 buts) s’est créé une première occasion, de la tête, trois minutes après sa montée au jeu avant de servir de point d’appui très précieux aux joueurs de la deuxième ligne, puis de trouver le poteau du but de Dominik Livakovic à l’heure de jeu.

Mais face à des Croates, qui n’avaient besoin que d’un nul pour être qualifiés, les Belges se sont exposés à des contres, forçant Thibaut Courtois à intervenir avec brio à quatre reprises (50, 53, 54, 67e). Et Lukaku regrettera longtemps les occasions manquées dans les dernières secondes, comme à la 90e quand il n’avait plus qu’à pousser le ballon dans le but vide au lieu de maladroitement l’amortir de la poitrine.

AFP