Tirage rêvé sur le papier, la réception délocalisée de Marseille en 16e de finale de la Coupe de France dimanche (22h, Beyrouth) ressemble depuis quinze jours à un véritable casse-tête pour les amateurs de Chauvigny (N3).
" Le père Noël est passé avant l’heure. Nous sommes tombés sur un gros morceau, sur le Graal. C’est un truc énorme pour le club ", avait réagi l’entraîneur chauvinois Stéphane Malloyer quelques instants après que le tirage désignant l’OM comme adversaire.
Un jackpot financier, une bouffée d’oxygène à coup sûr après deux années soumises au Covid-19, surtout quand on évolue en 5e division, avec l’un des plus petits budgets de ce niveau (250.000 euros) et dans un certain anonymat (7e sur 14 équipes dans le groupe Nouvelle-Aquitaine).
Une aventure avec la Vieille Dame ne se refuse pas, elle se savoure même, malgré les aléas sanitaires et organisationnels, dans cette bourgade de 7.000 habitants proche de Poitiers qui n’avait jamais atteint un tel stade de l’épreuve de toute son histoire, ni affronté un club de l’élite. Elle a éliminé Le Havre (L2) entraîné par Paul Le Guen au 8e tour, puis le Chartres (N2) de Jean-Pierre Papin en 32e de finale.

" Pas la même saveur " à Limoges
" C’est l’effervescence, on n’a pas l’habitude ", confirmait en début de semaine Yann Gabillon, 47 ans, ancien joueur de National (au SO Châtellerault) et président du club depuis cet été, qui travaillait à l’aveugle à la préparation de ce rendez-vous, redoutant comme bon nombre d’autres dirigeants de clubs sportifs les décisions du gouvernement concernant les jauges.
Ce dont ce dirigeant était alors sûr, c’est que l’accueil d’une Ligue 1, qui plus est Marseille avec ses supporters nécessitant une sécurité accrue, ne pourrait se faire dans la Vienne, département guère loti en enceintes sportives pouvant accueillir 10.000 spectateurs dans de bonnes conditions de sécurité et de confort.
" Le charme de la Coupe opère toujours, mais c’est vrai que ça n’aura pas la même saveur que si c’était sur nos bases ", regrettait-il en pensant aux bénévoles et aux personnes qui œuvrent au quotidien au sein de l’USC.
Comme terre de repli, et de par son expérience récente – l’organisation du 32e de finale Trélissac-Marseille en janvier 2020 – c’est Limoges, distante d’une centaine de kilomètres de Chauvigny, et son atypique stade de Beaublanc qui a hérité de l’affiche, avec son lot d’investissements inhérents.
" Un gros billet à dépenser en terme de sécurité ", résume Yann Gabillon qui tablait sur environ 11.000 spectateurs: " Cela serait la plus grosse affluence de Chauvigny de son histoire et peut-être quelque chose que l’on ne reverra jamais, donc on va le savourer ".

Jauge à 8.000
Il n’a pas tiqué suite aux annonces de Jean Castex fixant à 5.000 personnes les jauges dans les stades à compter du lundi 3 janvier, soit le lendemain du match face à Marseille.
Davantage en revanche quand la Préfecture de Haute-Vienne, au regard notamment du pedigree de l’équipe visiteuse, et de l’heure tardive du coup d’envoi, a voulu devancer l’entrée en vigueur de cette mesure, en limitant à 5.000 le nombre de places autorisées à Beaublanc.
Une décision préjudiciable, voire catastrophique financièrement pour le petit club poitevin qui s’est démené les deux jours suivant pour obtenir 3.000 places supplémentaires, portant ainsi à 8.000 le nombre de spectateurs qui pourront assister à cette rencontre.
Dans un communiqué jeudi, l’US Chauvigny a " remercié la préfète ainsi que la ville de Limoges, malgré ce contexte sanitaire difficile, d’avoir entendu les demandes des amateurs de football de la Vienne et de la Haute-Vienne ".
Alors Marseille, une bonne affaire ? " Ça dépendra, on fera les comptes à la fin ", a conclu le président. Il ne crachera surement pas, comme il est d’usage en Coupe de France, sur la cession de la part de recette des Marseillais.
Source AFP