Le 15 avril 1993, le Limoges CSP devenait, en basket, le premier club français à triompher dans une compétition européenne, imité dans la foulée par l’Olympique de Marseille en football, puis l’OM-Vitrolles en handball, lors d’une année qui a marqué l’histoire des sports collectifs tricolores.

Limoges, à jamais les premiers

Contrairement à une idée répandue, c’est bien le CSP qui a décroché la première étoile continentale d’un club français. Dominateur sur la scène nationale dans les années 80, avec deux triplés (1983 à 1985 et 1988 à 1990), le Cercle Saint-Pierre se forge également un palmarès en Europe en remportant deux Coupes Korac (1982 et 1983). Mais il bute sur la marche supérieure, la Coupe des clubs champions, en 1990 en demi-finales contre Split (ex-Yougoslavie/Croatie) emmené par son joueur vedette Toni Kukoc et son entraîneur Bozidar Maljkovic.

Deux ans plus tard, Maljkovic, alors sur le banc de Barcelone, est en conflit avec son club, et se laisse tenter par l’idée de rejoindre Limoges. Ce recrutement va changer la destinée du club limougeaud. Dès son arrivée, l’entraîneur pose les bases de sa méthode de travail: " Première chose: le mot fatigue est interdit ", raconte-t-il dans le documentaire de L’Équipe " Limoges 1993, le coup parfait ".

Dans la foulée d’une préparation " invraisemblable " à l’intersaison, " du jamais-vu " selon le spectaculaire Richard Dacoury, emblème de l’équipe, Limoges accède au Final Four de la C1 de l’époque, à Athènes. Entre le Paok Salonique non loin de ses bases, le Real Madrid du géant lituanien Arvydas Sabonis et Trévise, guidé Kukoc juste avant qu’il ne rejoigne les Bulls de Michael Jordan en NBA, Limoges fait figure d’intrus.

Mais la bande de Dacoury, Frédéric Forte, Jim Bilba et Michael Young va créer la surprise contre le Real en demi-finale (62-52) puis Trévise en finale (59-55), pour rentrer dans le Panthéon du sport français, le 15 avril.

OM, la glorieuse épopée

Un mois plus tard, c’est au tour de l’Olympique de Marseille d’écrire une ligne dans le palmarès européen de son sport. Le 26 mai, à Munich, grâce à une tête de Basile Boli, Marseille dompte l’AC Milan (1-0) et efface des années de désillusions pour le foot français en C1, après les échecs de Reims (1956, 1959), Saint-Étienne (1976) et… le sien deux ans plus tôt. En 1991, l’OM se présente en effet en favori de la finale contre l’Étoile rouge de Belgrade après avoir battu, déjà, l’AC Milan en quart de finale (1-1 puis 1-0). Mais, sans doute tétanisés par l’enjeu, les Olympiens s’inclinent aux tirs au but contre le club alors yougoslave (0-0, 5 t. a. b. à 3), à Bari (Italie).

Deux ans plus tard, ils retournent en finale, cette fois sans être attendus et sans leur buteur Jean-Pierre Papin, parti à l’AC Milan justement. Une tête décroisée de Boli juste avant la mi-temps (43e) suffit à leur bonheur. L’équipe de Fabien Barthez, Marcel Desailly et Didier Deschamps triomphe du Milan de Paolo Maldini, Franco Baresi et Marco van Basten.

Trois décennies plus tard, l’OM demeure le seul club français de football à être parvenu à soulever la " coupe aux grandes oreilles ", malgré les efforts répétés de son rival honni, le Paris Saint-Germain.

Vitrolles, le sacre oublié

En 1993, un autre club français a remporté une compétition européenne, devenant même le premier à gagner une coupe d’Europe de handball. Mais ce titre, beaucoup l’ont oublié. Il faut dire qu’il ne reste plus grand-chose de l’OM-Vitrolles, présidé à l’époque par Jean-Claude Tapie et renommé pour coller au club de football dirigé par son frère Bernard: il a disparu trois ans après ce sacre en Coupe des Coupes (C2), en raison de problèmes financiers.

Et quatre années après sa création à la suite de la fusion du Stade marseillais UC et de Vitrolles. Basile Boli s’en souvient forcément, lui, car avec plusieurs de ses coéquipiers, il était dans le palais des Sports de Marseille lorsque les autres olympiens, Jackson Richardson, Philippe Gardent et Bruno Martini, entre autres, ont battu d’une courte tête les Hongrois de Veszprem (23-21 après une victoire 23-22, à l’aller), tenants du titre.

Quatre jours seulement après la finale de Munich, Marseille empochait un nouveau trophée européen, au handball cette fois. Grâce à sa flopée d’internationaux français, la plupart " Bronzés " en 1992 aux JO de Barcelone avec les Bleus et vice-champions du monde quelques mois plus tôt avec les " Barjots ". Le début du sentier de la gloire pour le handball français. L’OM-Vitrolles connaît elle, en cette année 1993, son apogée, avant une chute tout aussi rapide.

AFP