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Le Tour de France a été rattrapé par une chaleur de lézard mardi sur les routes d’Auvergne où Pello Bilbao a apporté à l’Espagne sa première victoire depuis cinq ans qu’il a dédiée à Gino Mäder, son coéquipier décédé il y a un mois. " Je voulais gagner pour Gino, atteindre le plus grands des objectifs pour lui ", a souligné le Basque à l’issue de la 10e étape qu’il a remportée à Issoire en réglant au sprint un petit groupe d’échappés.

À 33 ans, Pello Bilbao courait depuis des années après cette première victoire dans le Tour, tout comme l’Espagne qui était bredouille depuis 100 étapes et le succès d’Oscar Fraile à Mende en 2018. Elle survient l’année où la Grande Boucle partait de son Pays basque natal et arrive un mois après la mort de Gino Mäder, son équipier chez Bahreïn, dans une descente de col sur le Tour de Suisse. " Je voulais faire quelque chose pour lui dans ce Tour. Je voulais le faire dès la première semaine qui était aussi très importante pour moi. Ça n’avait pas marché. J’étais un peu submergé par l’émotion. Mais, aujourd’hui, j’avais la tête claire. C’est très spécial ", a-t-il souligné, la larme à l’œil.

Avant-même le départ, le Basque avait annoncé qu’il verserait tous les jours un euro à une association environnementale pour chaque coureur terminant derrière lui, suivant l’exemple de Gino Mäder qui avait pris cette initiative au Tour d’Espagne en 2021. " Je continue son travail. On voulait une victoire pour Gino dans ce Tour et c’est un honneur pour moi de l’avoir fait ", a insisté Bilbao qui était plus que ravi que cette 10e étape lui coûte cher en euros. D’autant qu’elle lui permet de remonter au cinquième rang du classement général où il ne pointe plus qu’à 4min 34s du maillot jaune Jonas Vingegaard. Celui-ci a fini avec tous les favoris dans le peloton, à près de trois minutes du vainqueur au terme d’une étape très agitée.

Après une journée de repos lundi le Tour de France a redémarré mardi pour une 10e étape de baroudeurs entre Vulcania et Issoire en Auvergne. Crédit photo: Thomas Samson/AFP

Coup de chaud pour Gaudu et Bardet

Avec une température dépassant les 35 degrés, les coureurs ont souffert le martyre au lendemain de la journée de repos sur un parcours très exigeant qui n’a pour autant pas dissuadé le peloton de partir dans tous les sens.

Plusieurs leaders comme David Gaudu et Romain Bardet ont subi un terrible coup de chaud lors d’un début d’étape complètement dingue où la moitié des coureurs ont cherché à partir en échappée, dont… Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard. En temps normal, une étape comme celle de mardi devrait constituer une simple journée de transition pour les favoris à la victoire finale. Mais 2023 n’est décidément pas une année normale avec ces deux ogres lancés dans une bataille de chiffonniers par tous temps et sur tous les terrains.

Quelques kilomètres après le départ de Vulcania, on a donc retrouvé le Slovène et le Danois dans un petit groupe lancé en chasse-patate derrière la première échappée du jour. Parmi eux, Romain Bardet, sur ses terres. Mais le Français allait payer l’addition en explosant complètement dans la première ascension du jour avalé à une allure folle par le peloton, comme s’il avait piétiné un nid de frelons. " On a l’impression que la journée de repos était il y a longtemps ", a plaisanté Pogacar, jamais aussi content que lorsqu’une course vire au grand bazar. Lorsque les choses se sont enfin calmées après cinquante kilomètres chaotiques, une échappée a pu partir et le groupe Gaudu/Bardet revenir sur le peloton.

Devant, une quinzaine de coureurs, dont les Français Julian Alaphilippe et Warren Barguil, ont alors joué la gagne au sein de petits groupes se pourchassant au gré des ascensions. À 30 km du but, le Letton Krists Neilands s’est lancé dans un raid solitaire courageux, avant d’être rattrapé dans le final par un groupe de quatre coureurs. Dont Bilbao qui s’est imposé devant l’Allemand Georg Zimmermann et l’Australien Ben O’Connor pour décrocher la plus grande victoire de sa carrière.

Une nouvelle occasion pour les sprinteurs

Mercredi, la 11e étape du Tour entre Clermont-Ferrand et Moulins représente l’une des dernières chances pour les sprinteurs de s’illustrer avant l’entrée dans les Alpes. Les trois côtes au programme sur le parcours de 179,8 km dans l’Allier ne devraient pas peser sur le déroulement de la course et tout laisse à croire qu’on s’oriente vers un sprint massif dans la ville de Coco Chanel. Moulins est la dernière préfecture métropolitaine à ne pas encore avoir accueilli le Tour de France en 120 ans.

Ce sera l’occasion pour Jasper Philipsen de porter à quatre son nombre de victoires dans cette 110e édition de la Grande Boucle, avant une étape plus accidentée le lendemain et le retour de la montagne dès vendredi au Grand Colombier. Départ à Clermont-Ferrand à 13h05 (14h05, heure de Beyrouth), arrivée à Moulins à 17h30 (18h30, heure de Beyrouth).