Intouchable au sprint, Jasper Philipsen a remporté sa quatrième victoire dans le Tour de France mercredi à Moulins pour prendre une option quasi définitive sur le maillot vert s’il parvient jusqu’à Paris. Cette fois, le nouvel empereur du sprint n’aura même pas eu besoin de son poisson-pilote de luxe Mathieu van der Poel, malade et distancé dans le final, pour lever les bras à Moulins. Calé dans le sillage du Néerlandais Dylan Groenewegen, un concurrent, le Belge a réglé le sprint massif avec une marge énorme sur le reste de la meute.

Étape par étape, de Bayonne à Moulins en passant par Nogaro et Bordeaux, Philipsen efface ainsi des tablettes son surnom de " Jasper Disaster " pour s’inscrire dans la lignée des plus grands sprinteurs de l’histoire récente du Tour, les Mark Cavendish, Alessandro Petacchi, Marcel Kittel et André Greipel. " C’est vraiment un Tour de rêve pour moi. Tout fonctionne comme sur des roulettes ", constate le coureur d’Alpecin qui, après avoir aussi gagné le sprint intermédiaire, s’envole en tête du classement par points du maillot vert. " C’est l’homme le plus rapide du monde ", en conclut son manager Christoph Roodhooft.

Grand Chelem en vue?

Derrière, la concurrence encaisse. Fabio Jakobsen qui s’annonçait comme son principal rival? Loin derrière, toujours meurtri par sa chute à Nogaro. Wout Van Aert, la superstar du vélo? Toujours bredouille malgré tous ses efforts. Bryan Coquard? Méritant, mais abonné aux places d’honneur (encore 4e mercredi).

" Jasper est juste super rapide, et aussi très frais. Il passe bien les bosses. C’est le sprinteur qui survit le mieux en montagne, un avantage pour lui ", souligne son équipier Jonas Rickaert. De quoi envisager le Grand Chelem, alors qu’il reste encore peut-être trois occasions pour les sprinteurs en fin de semaine prochaine? Et rejoindre, voire dépasser, le grand Mark Cavendish, vainqueur de six étapes en 2009? " Jasper grimpe bien, mais il reste encore beaucoup de montagne. Allons à Paris déjà ", temporise Ramon Sinkeldam, autre lieutenant du pur-sang belge.

De fait, les choses sérieuses reprennent dès jeudi avec une étape de saute-moutons dans les vignobles du Beaujolais avant l’ascension vendredi du Grand Colombier. Surtout, les Alpes sont déjà au pied de la porte, pour une foison de cols à partir de samedi.

" En garder sous la pédale "

On peut aisément comprendre dans ces circonstances que le peloton ait choisi, avant l’inévitable furie finale, de se la couler douce mercredi. La vision d’un chevreuil s’ébrouant tout près de la route, dans les champs jaunis de l’Allier, a fait parcourir un très léger frisson dans le peloton. La possibilité d’une bordure dans un final venté a fait lever quelques sourcils.

Pour le reste, ce fut une procession langoureuse à travers l’Allier, en chasse derrière l’échappée du jour (Amador, Louvel et Oss) pour arriver sous des trombes d’eau –presque une bénédiction après la fournaise de la veille– à Moulins. " C’était un peu stressant quand même, mais mon équipe a une nouvelle fois fait du très bon travail ", a souligné le maillot jaune Jonas Vingegaard. Acteur d’une étape complètement dingo la veille vers Issoire, le Danois pense qu’il n’y aura " pas d’attaque folle " jeudi, car tout le monde voudra " en garder sous la pédale pour ce week-end dans les Alpes. Surtout samedi et dimanche, qui sont des étapes vraiment très dures ".

En attendant, Jasper Philipsen poursuit son règne.