Restera-t-il un terrain qui lui résiste? Indétrônable en géant, en progrès fulgurants en vitesse, le Suisse Marco Odermatt a remporté jeudi le super-G de Wengen (Suisse), devant le leader norvégien de la spécialité Aleksander Aamodt Kilde. " C’est incroyable ", a exulté " Odi ". " J’étais super motivé aujourd’hui, la montagne est magnifique, je voulais skier vite " sur cette piste " que personne ne connaissait " en super-G, " mais je ne savais pas que ça pouvait marcher ".
A mi-saison, le skieur de 24 ans compte déjà six victoires et 396 points d’avance au classement général de la Coupe du monde sur Kilde, plus rapide sur le haut du tracé mais finalement relégué à 23/100 après s’être laissé embarquer dans un saut trop long.
" Tous les deux, on offre toujours un beau combat ", s’est réjoui le vainqueur du gros globe 2020, qui avait remporté trois des quatre premiers super-G de l’hiver, et a salué son rival suisse avec un large sourire dans l’aire d’arrivée.
L’Autrichien Matthias Mayer, champion olympique en titre de la discipline, a complété à 58/100 le podium de cette course atypique, reprise du super-G annulé à Bormio, alors que Wengen n’avait pas accueilli l’épreuve depuis 1994.

" Plus difficile " samedi ?
" Que dire de plus? C’est titanesque ", a renchéri Mayer au sujet d’Odermatt, dauphin d’Alexis Pinturault l’an dernier dans la course au gros globe et qui règne désormais sans partage sur le circuit mondial.
Toujours aussi insensible à la pression, le skieur élevé sur les rives du Lac des Quatre-Cantons, au cœur de la Suisse, a triomphé dès sa première course sur la piste mythique du Lauberhorn, surplombée par l’Eiger, le Mönch et la Jungfrau dans un ciel étincelant.
Lui qui avait écrasé le géant d’Adelboden samedi dernier sur une neige glacée n’a guère paru perturbé par les conditions plus douces de Wengen, ainsi que par l’extrême étroitesse du haut du parcours, déjà un passage-clé de la descente avant qu’on ne lui ajoute des portes.
Le leader du classement général, qui n’avait jamais gagné en Suisse et vient de le faire deux fois d’affilée, lance idéalement les deux descentes disputées vendredi – dans une version écourtée – puis samedi sur cette même piste.
" Je ne sais pas si je suis prêt ", a-t-il relativisé. " Bien sûr que la course d’aujourd’hui me donne une grande confiance pour la course de demain et la descente plus courte, mais pour samedi ce sera plus difficile avec le départ en haut ".

Pinturault préfère s’entraîner
Mais pour le Français Johan Clarey, 18e jeudi, le jeune Suisse " s’adapte à toutes les conditions, c’est ça qui est impressionnant. Dès le deuxième entraînement, il était dans le coup en descente (…) C’est un surdoué ".
Au point de pouvoir s’imposer dans le jardin de son compatriote Beat Feuz, triple vainqueur ici? " Franchement, je ne dis plus rien ", a plaisanté Clarey. " Je ne pensais pas, mais je pense que oui, finalement ".
Derrière le skieur de Tignes, Nils Allègre a pris la 25e place, Matthieu Bailet la 26e, Blaise Giezendanner la 36e, Maxence Muzaton la 47e et le champion du monde du géant Mathieu Faivre la 48e et dernière.
" Il n’y a pas beaucoup de dénivelé donc si on loupe des kilomètres heure aux endroits clés, forcément c’est compliqué ", a décrypté Nils Allègre, décrivant une " neige froide et lente ".
Sortant d’une 3e place en géant puis d’une sortie en slalom à Adelboden, le détenteur du gros globe Alexis Pinturault avait choisi de faire l’impasse sur ce super-G et sera de retour dimanche pour le slalom du Lauberhorn.
" Parfois on me demande pourquoi j’aime ce sport: voilà pourquoi ", a-t-il commenté sur Instagram jeudi en postant une vidéo de son entraînement en géant dans son fief autrichien de Reiteralm, par un temps splendide.

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