Son retour sur le devant de la scène est flamboyant, à son image: après deux ans en retrait, la fantasque Américaine Sha’Carri Richardson s’est parée d’or mondial sur 100 m pour ses premiers pas en grands championnats, lundi à Budapest.

Couloir 9, en retard sur ses rivales, Richardson a signé une fin de course canon pour les coiffer sur la ligne d’arrivée. A la clé, un chrono de 10 sec 65 (vent: -0,2 m/s), record personnel et meilleure performance de la saison égalée, pour devancer deux Jamaïcaines déjà médaillées l’été dernier, Shericka Jackson, et la tenante du titre mondial, Shelly-Ann Fraser-Pryce.

Sûre de son fait, la petite bombe texane a immédiatement levé les bras au ciel. Jamais personne n’avait couru aussi vite en finale mondiale.

A 23 ans, sa consécration sur la course reine parachève son retour au premier plan. Avant ça, la sprinteuse à la personnalité haute en couleurs, qui avait épaté dès 2019 sous les couleurs de l’université de Louisiane, comme le perchiste star Armand Duplantis, restait sur deux déceptions majeures.

Il y a deux ans, elle avait bien franchi les redoutables sélections américaines olympiques, mais une suspension pour un contrôle positif au cannabis l’avait privée des Jeux de Tokyo.

Il y a un an, elle avait échoué à se qualifier pour les Mondiaux de Eugene (Oregon), les tout premiers sur le sol américain.

" Je ne suis pas de retour, je suis meilleure ", se plaît-elle à répéter. Elle a prouvé qu’elle n’a pas menti.

Nouvelle star ?

" Ce chemin, depuis que je suis devenu pro, c’est de savoir que peu importe ce qui arrive, il ne faut pas perdre la foi, pas perdre de vue ses objectifs. Il y aura des bons jours, des mauvais, des horribles, mais il y aura toujours un lendemain à aimer ", philosophe Richardson.

" Je veux dire à mes fans, n’abandonnez pas, ne laissez pas les médias, les gens de l’extérieur vous définir ", ajoute-t-elle.

Et si, avec elle, l’athlétisme mondial venait de trouver une de ces stars qu’elle recherche depuis que la légende du sprint Usain Bolt a quitté la piste ?

" C’est génial pour ce sport parce qu’elle a une personnalité unique ", estime Michael Johnson, grand nom de l’athlé devenu consultant pour la BBC. " Ce sport en a besoin, pour attirer des gens qui ne sont pas seulement fans d’athlétisme. "

Inspirée par les looks détonnants de Florence Griffith-Joyner, dont les records du monde du 100 m et du 200 m tiennent depuis la fin des années 1980, Richardson, adepte des perruques flashy, ongles et cils interminables, et autres tatouages, a le don de ne pas passer inaperçue.

Pêle-mêle, on se souvient de sa combinaison résille rose osée l’été dernier et de sa perruque orange feu arborée aux récents " trials ".

Mais Richardson, simples tresses jaunes et rouges sur la piste hongroise, c’est aussi une athlète qui, si elle fuit les médias, n’a pas hésité à s’exprimer sur sa dépression traversée après le décès de sa mère en 2021, ou encore qui prend la parole sur les réseaux sociaux pour essayer de fédérer les athlètes américains avec l’objectif affiché de mieux défendre leurs intérêts.

15e médaille pour Fraser-Pryce

Son sacre n’est pas une surprise au regard de sa saison estivale: avant Budapest, l’Américaine avait gagné huit des neuf 100 m qu’elle avait courus (séries comprises) et comptait quatre des sept chronos les plus rapides de l’été.

Quintuple championne du monde de la ligne droite, Fraser-Pryce est détrônée dans la capitale hongroise mais elle obtient néanmoins, à 36 ans, la sixième médaille mondiale de sa carrière à la longévité exceptionnelle sur la course reine, la quinzième au total. Le tout dans une saison lancée très tardivement, il y a un mois seulement, à cause d’un genou récalcitrant.

Arrivée avec le statut de femme la plus rapide en 2023 (10.65), et longtemps idéalement placée en finale, Jackson doit elle se contenter de l’argent, comme en 2022.

La Jamaïcaine venue du 400 m aura l’occasion de prendre sa revanche sur 200 m, dont elle est championne du monde en titre, à partir de mercredi.

Même si Richardson a prévenu: " Je suis prête, mentalement, physiquement, et émotionnellement, et je suis là pour rester ", lançait-elle début juillet dans une de ses très rares déclarations. " Je suis de retour ", a-t-elle répété une fois de plus dans la nuit hongroise, sa médaille d’or autour du cou.

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