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Le sprinter libanais Noureddine Hadid – qui s’était qualifié pour les 100 mètres – a été arrêté pour avoir déserté l’armée libanaise

Faisant suite à un dramatique retournement de situation, la participation du Liban aux Jeux olympiques de Paris 2024 a été marquée par la controverse et le chaos administratif. Le pays du cèdre ne peut plus désormais être représenté dans l’épreuve d’athlétisme.

Noureddine Hadid, soldat et athlète de 31 ans, a été incarcéré pendant 15 jours pour avoir déserté l’armée. Cet événement a interrompu son parcours olympique et suscité des doutes autour de la représentation du Liban.

En l’absence de M. Hadid, le Comité olympique libanais a dû relever un défi majeur, celui de choisir un remplaçant. Initialement, Aziza Sbeity, la femme la plus rapide de l’histoire du Liban, était la favorite. Cependant, la place était réservée à un athlète homme, la fédération ayant insisté sur l’envoi de M. Hadid. Pour Le Liban qui n’a pas pu se conformer à l’échéance du 7 juillet pour la nomination d’un nouvel athlète, la situation est précaire.

Le 22 juillet dernier, le Comité olympique libanais a publié sa liste d’athlètes et de délégations qui prendront part aux Jeux olympiques de Paris 2024. À la grande surprise de tous, le comité a sélectionné Marc-Anthony Ibrahim, le détenteur du record national des 400 mètres et 400 mètres haies, malgré les règles olympiques qui n’accordent de wild card que pour les 100 mètres, les 800 mètres et les marathons réservés aux nations non qualifiées. La Fédération libanaise d’athlétisme a aussitôt rejeté cette décision en excluant l’entraîneur Georges Assaf et en menaçant d’en faire de même avec M. Ibrahim, si celui-ci venait à prendre part aux jeux.

"Je peine à comprendre la décision prise à l’égard de Georges Assaf. Je n’ai tout simplement pas compris", déclare le président du Comité olympique libanais, Pierre Jalkh, à Ici Beyrouth. "C’est une position trop dure que la fédération se doit de justifier", ajoute-t-il.

Dans un entretien avec Ici Beyrouth, le président de la Fédération libanaise d’athlétisme, Roland Saadé, a maintenu que M. Hadid était le seul candidat éligible, réitérant la décision de la fédération de ne pas sélectionner un remplaçant.

Interviewé par Ici Beyrouth, Noureddine Hadid a fait part de sa frustration: "L’armée ne m’a pas donné le feu vert pour voyager. C’est là le problème, malheureusement. J’ai purgé ma peine pour pouvoir voyager régulièrement. C’est malheureux, et j’ai beaucoup d’interrogations là-dessus. Je finirai par représenter le Liban; il n’y a aucune raison de me rejeter".

Outrage et critiques

Les décisions prises par la Fédération libanaise d’athlétisme ont provoqué indignation et confusion au sein de la communauté sportive. Après tout, la fédération a suspendu la participation du club de sport de l’armée libanaise, exclu l’entraîneur Georges Assaf et refusé de sélectionner un athlète suppléant pour les Jeux olympiques. Ainsi, tout espoir libanais de prendre part à l’épreuve d’athlétisme est tombé à l’eau.

Des athlètes de renom comme Aziza Sbeity ont exprimé leur désarroi face à cette situation. Sur Facebook, Mlle Sbeity critique les actions prises par la fédération, tout en soulignant le rôle crucial que joue M. Assaf dans le domaine de l’athlétisme au Liban. "Sans l’entraîneur Georges Assaf, la fédération ne se serait jamais distinguée", écrit-elle, mettant en exergue le caractère "absurde" de la décision prise.

Pris dans les feux croisés, Marc-Anthony Ibrahim s’est également offusqué; il précise que c’est par le biais des médias qu’il a appris sa nomination. "Je ne comprends pas comment j’ai pu être sélectionné", déclare-t-il à Ici Beyrouth, soulignant le manque de clarté et de communication dont ont fait preuve la fédération et le Comité olympique. "Mon entraîneur a été écarté sans raison. Pourquoi?", se demande-t-il.

Mauvaise gestion et échec de tout un système

Un nouveau tournant s’est révélé le 27 juillet dernier, lorsque la Fédération libanaise d’athlétisme est revenue sur décision, réintégrant le club sportif de l’armée libanaise. Cela dit, la participation du Liban aux épreuves d’athlétisme demeure incertaine, l’échéance fixée pour la sélection des athlètes n’ayant pas été respectée.

Cette situation met en lumière un problème plus généralisé au sein du secteur sportif libanais – celui de la mauvaise gestion et du manque d’organisation – qui limite le soutien aux athlètes et les laisse démoralisés. Aziza Sbeity l’a clairement exprimé: "Ma fédération m’a trahie, et j’assume chaque mot".

Même si le Liban a peu de chance de remporter une médaille aux épreuves d’athlétisme, sa participation est tout de même importante pour la fédération, la communauté sportive libanaise et les athlètes avant tout.

Tout compte fait, les revers essuyés par le Liban soulignent une opportunité ratée aux Jeux olympiques, tout en reflétant un manque de soutien aux athlètes. Livrée au chaos, la communauté sportive libanaise devrait tirer des leçons et aller de l’avant, en priorisant le bien-être et le succès de ses athlètes.

 

 

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