Après deux ans d’interruption en raison des crises politique, économique, sociale, sécuritaire ou autre pandémie de Covid-19, le marathon de Beyrouth a fait son grand retour cette année.
Placé sous le thème " Une course de l’espoir pour le Liban ", cet événement organisé par l’Association du marathon de Beyrouth (BMA, son acronyme en anglais) a rassemblé 7 000 coureurs de 59 nationalités différentes, dans une ambiance d’enthousiasme inégalée dans la zone du Beirut Water Front, où ont eu lieu le départ et l’arrivée. Certes, nous sommes loin des 48 000 coureurs engagés dans la précédente édition (2018), mais cette année, l’essentiel était avant tout d’organiser (pardon Monsieur le Baron). En effet, la BMA s’était fort prudemment abstenue d’inviter des coureurs professionnels étrangers. Cette abstention forcée, était logiquement dictée par la situation financière calamiteuse qui étouffe le Liban.
L’absence des stars sportives n’a pas empêché pour autant la politique de s’inviter en force à cette manifestation. Lancée à partir du Beirut Water Front, dans le centre-ville de la capitale, la dix-septième édition de cette traditionnelle fête sportive s’est déroulée en présence d’un parterre de personnalités politiques, diplomatiques et militaires, notamment le mohafez de Beyrouth Marwan Abboud. Également de la fête, l’ambassadrice des États-Unis Dorothy Shea et le commandant de la FINUL, le général Stephano del Col, ont participé à la course des 8 km.
Pour revenir à la course, l’élite des marathoniens mondiaux absente cédait la place aux coureurs locaux qui profitaient de l’aubaine pour se refaire une santé à l’occasion de cette édition. Ainsi, chez les hommes, c’est Tony Hanna (Let’s Run) qui a remporté la palme en un temps de 2h33 devant Zaher Zeineddine de l’armée libanaise et Samir Selman (Let’s Run). Pour sa part, Chirine Njeim du club Inter-Lebanon a été sacrée en bouclant la course en 3h00’18. Un chrono plutôt modeste pour notre championne nationale, bien loin de son propre record du Liban (2h36’40). À noter que Chirine Njeim n’a pas vraiment eu à forcer son talent dans la mesure où elle avait atterri à Beyrouth, après un vol transatlantique, quelques heures seulement avant le coup d’envoi du marathon. Katia Rached, et Nadine Kalot complétaient le podium féminin.
Mais au-delà des résultats techniques et de la victoire des coureurs libanais, cette course constitue un véritable triomphe pour les organisateurs, au premier rang desquels se trouve May el-Khalil, fondatrice et présidente de l’Association du marathon de Beyrouth. Cette dernière avait concrétisé son rêve d’enfant en organisant la première édition du marathon en 2003. À noter que le Marathon de Beyrouth fait partie depuis 2014 du circuit international des IAAF Road Race Label Events, dans la catégorie des " Labels d’argent ".
" Je vis un bonheur extraordinaire ", nous a confié, euphorique, May el-Khalil après la course. " Après deux années de frustration et d’impuissance, c’est un soulagement intense ", a-t-elle poursuivi. " On va pouvoir se concentrer sur nos activités avec plus de sérénité. Je vous promets un marathon d’envergure mondiale pour 2022 ".
A condition bien sûr que nos dirigeants attentionnés veuillent bien courir dans la bonne direction.