L’ex-gloire du tennis allemand Boris Becker saura vendredi si la justice britannique l’envoie en prison pour quatre chefs d’accusation liés à sa faillite personnelle, dont il a été récemment reconnu coupable à Londres.

Boris Becker, 54 ans, déclaré en faillite en 2017, risque jusqu’à sept ans de prison pour chacune des infractions retenues contre lui par le jury populaire de la Southwark Crown Court à Londres: un chef de retrait de biens, deux de non-divulgation de biens et un de dissimulation de dette.

Le sextuple vainqueur de tournois du Grand Chelem, qui vit au Royaume-Uni depuis 2012, a été reconnu coupable le 8 avril d’avoir dissimulé ou transféré illicitement des centaines de milliers d’euros et de livres sterling pour ne pas régler ses dettes après avoir été déclaré en faillite.

Il lui est notamment reproché d’avoir transféré des centaines de milliers de livres sterling d’un compte professionnel sur d’autres comptes, notamment de ses ex-épouses, de ne pas avoir déclaré une propriété en Allemagne et d’avoir caché un emprunt de 825.000 euros et des parts dans une société. Rien que ça.

La procureure Rebecca Chalkley l’avait accusé d’avoir utilisé un compte professionnel comme une " tirelire " pour des dépenses du quotidien ou les frais de scolarité de ses enfants.

Boris Becker, qui conteste l’intégralité des charges, a été acquitté de vingt autres chefs d’accusation, y compris ceux qui concernaient la disparition de ses trophées.

Il avait assuré à l’audience qu’il ignorait où ceux-ci se trouvaient.

Faillite et embarras

Parmi les neuf distinctions sur lesquelles les créanciers auraient aimé mettre la main figurent deux de ses trois coupes remportées à Wimbledon, deux trophées de l’Open d’Australie et sa médaille d’or du double aux JO de 1992.

L’ancien numéro 1 mondial du tennis a indiqué lors du procès qui s’est tenu du 21 mars au 8 avril avoir encore en sa possession " beaucoup " de récompenses et de souvenirs amassés en 15 ans sur le circuit, mais certains ont disparu.

Il avait déjà vendu aux enchères une partie de ses récompenses pour 700.000 livres (840.000 euros) afin d’éponger une partie de ses dettes.

À l’époque de sa banqueroute, les dettes du joueur étaient estimées jusqu’à 50 millions de livres sterling (59 millions d’euros).

L’annonce de sa faillite était intervenue quelques jours avant le tournoi de Wimbledon, sur lequel l’ancien tennisman travaillait pour la BBC et des télévisions australiennes et japonaises.

À l’audience, il avait raconté à quel point il avait été " choqué par la situation ". " C’était partout aux informations, j’ai passé les portes de Wimbledon et tout le monde savait. J’étais embarrassé parce que j’étais en faillite ", avait-il déclaré.

" Marque Becker " ternie

Selon l’ancien numéro un mondial, sa banqueroute et son traitement dans les médias ont mis à mal la " marque Becker ", si bien qu’il a ensuite eu des difficultés à rembourser ses dettes.

Cette affaire n’est pas la première pour l’ex-tennisman à la retraite sportive agitée, qui avait habité à Monaco et en Suisse avant de s’installer en Angleterre.

Il a déjà eu des déboires judiciaires pour des dettes impayées avec la justice espagnole, concernant des travaux dans sa villa de Majorque, et avec la justice suisse, pour ne pas avoir payé le pasteur qui l’avait marié en 2009.

En 2002, la justice allemande l’avait condamné à deux ans de prison avec sursis ainsi qu’à 500.000 euros d’amende pour quelque 1,7 million d’euros d’arriérés d’impôts.

Acculé par la justice britannique, il tente en 2018 un ultime coup de poker, affirmant avoir été nommé par le président centrafricain " attaché " auprès de l’Union européenne pour les affaires culturelles, sportives et humanitaires de ce pays.

Son avocat avait argué que son rôle lui accordait une immunité diplomatique l’empêchant d’être poursuivi pour le paiement d’autres dettes, avant de renoncer à cette revendication.

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