Les victoires aux décibels ne font pas des titres, mais les fans des Celtics joueront jusqu’au bout leur rôle de 6e homme jeudi, pour l’ultime match de la finale au TD Garden, qui sera encore un enfer vert à ignorer pour les Warriors.

C’est tout le paradoxe qui accompagne le parcours de Boston dans ces play-offs: ils comptent six succès et cinq revers à domicile, un bilan moyen, rattrapé par une plus grande aisance à s’imposer à l’extérieur (8 fois en douze matches).

Mais l’équipe du Massachusetts, en quête d’un 18e titre record mais dos au mur, car menée 3-2 et tenue de s’imposer pour survivre, ne saurait se passer de l’infatigable soutien de ses supporteurs.

" C’est le dernier match à domicile de la saison. J’ai hâte d’être face à la foule, sachant qu’ils vont nous donner un regain d’énergie, comme ils l’ont toujours fait. Ça va être très bruyant, il va y avoir une sacrée ambiance ", se félicite d’avance Jayson Tatum.

Une ambiance qui rejaillit dans les rues de la ville, où " on saigne vert " (" we bleed green ").

Aux abords de la salle, les maillots verts et blancs ne se comptent plus les jours de match, la foule s’amassant ensuite dans les bars pour y assister.

D’abord parce qu’il n’y a que 18.000 places, ensuite parce qu’il faut débourser de 500 dollars pour les moins chères, sous le toit, à 18.000 dollars si on veut être " courtside " à côté du rappeur Jay-Z.

Volcanique

De l’avis de nombreux observateurs de la NBA, le public vert est le plus volcanique qu’il ait été donné de voir et d’entendre depuis longtemps dans le cadre d’une finale. Souvent pour le meilleur, le bruit assourdissant, le soutien non-stop des siens pendant les matches, parfois pour le pire, les insultes incessantes proférées à Draymond Green lors des matches 3 et 4.

L’ailier des Warriors, qui n’a pas la langue dans sa poche, est devenu l’ennemi public N.1 à Boston, après avoir imposé et gagné un gros combat physique dans le deuxième match à San Francisco.

Et les " F… you Draymond " (Va te faire… Draymond) de fleurir dans le Garden, où étaient présents ses enfants et sa compagne, qui a jugé ce traitement particulier " écœurant et honteux " sur les réseaux sociaux.

" Nous avons déjà joué devant des gens insultants. Lâcher des +Va te faire…+ quand il y a plein d’enfants autour, c’est très classe. Beau travail, Boston ", avait cinglé dans un même élan le shooteur des Warriors Klay Thompson.

" Le TD Garden… Contrairement à n’importe quel type de jardin à Boston, ils n’y font pas pousser de belles fleurs. Ils cultivent des fans méchants ", avait ensuite asséné Max Kellerman, consultant pour ESPN.

" Le pompon "

Des insultes qui fusent, c’est le lot quotidien des 30 salles de NBA, certaines, à caractère racistes, entraînant un bannissement à ceux qui les profèrent, comme cela s’est vu à Utah.

Mais à Boston elles se sont fait entendre de façon constante et assourdissante, dans cette finale.

" Ils sont bruyants, très bruyants. Odieux même. Les fans de Cleveland étaient odieux aussi, mais ces gens-là, c’est le pompon. Après, quand on essaie de gagner un championnat, ça doit faire du bruit. Les fans doivent être à fond. Donc je respecte ça et je pense qu’après les séries, je l’apprécierai même ", a tempéré Green.

Si Stephen Curry a réduit au silence à lui seul la furia adverse au match N.4, avec une masterclass à 43 points, pour arracher l’égalisation à 2-2 dans la série, son coéquipier Keyvon Looney reconnaît que la gestion de l’environnement n’est pas simple: " quand les choses ne vont pas dans votre sens, c’est là que la foule entre en jeu et qu’il faut être vraiment capable de répondre à l’adversité. C’est le plus grand défi à relever ".

L’enjeu d’une quatrième bague à accrocher en huit ans s’y prête. Et si besoin, pour Golden State, il y aura un 7e match décisif dimanche, au Chase Center de San Francisco, où le boucan peut aussi être d’enfer.