Les disparités de couverture entre les hommes et les femmes sont moins criantes dans les grandes compétitions internationales, même si la différence dans les rémunérations dans, par exemple, le football, est énorme. Par ailleurs, au Liban et à l’échelle mondiale, les journalistes sportives sont parfois victimes de remarques misogynes, voire machistes de la part de professionnels du secteur et du grand public.

À l’échelle des grandes compétitions internationales, si les disparités de couverture sont moins criantes, nous sommes cependant encore loin de l’égalité entre les femmes et les hommes. Par exemple, en France, en football, le championnat de football féminin est nettement moins médiatisé que la "Ligue 1" masculine.

À noter également que les écarts de revenus entre filles et garçons pour la pratique professionnelle d’un même sport sont importants. Ainsi, la Football International Federation Association (FIFA) a accordé un "Prize money" de 400 millions de dollars aux sélections qui ont participé à la coupe du monde masculine 2018, alors que la coupe du monde féminine avait bénéficié d’un "prize money" de 50 millions de dollars seulement. Cependant, ces récompenses financières ont plus que triplé en quatre ans pour les femmes. En effet, au cours de la coupe du monde 2014, elles s’élevaient à uniquement 15 millions de dollars.

D’un point de vue économique, ces écarts peuvent être compréhensibles, le football féminin n’attirant pas encore autant de spectateurs et de téléspectateurs que celui des hommes. Ainsi, dans un pays comme les États-Unis, où le football féminin est nettement plus performant et populaire que le "soccer" masculin, l’égalité des salaires entre les professionnels des deux sexes a récemment été avalisée.

Des homologues masculins et un public parfois misogynes

Quant à la perception des hommes du milieu sportif des femmes libanaises journalistes dans ce secteur, Sindi Abi Tayeh (Al-Diyar) souligne qu’"en règle générale, dans le milieu des médias couvrant le sport libanais, plusieurs journalistes ont des activités dans plusieurs médias du fait de la faible rémunération attribuée dans la profession. Quand les hommes peuvent vous mettre de côté, ils ne se gênent pas, sans que ces comportements ne soient cependant généralisés dans le milieu."

Sindi Abou Tayeh (Al-Diyar)

De son côté, Mona Yaacoub (LBCI) souligne que c’est surtout le grand public qui la prend parfois pour cible. Ainsi, elle souligne: "Au cours de mon expérience de journaliste sportive, je n’ai pas été sujette à des remarques sexistes dans ce milieu. Cependant, j’entends parfois des remarques moqueuses de la part du grand public libanais du type: ‘Tu es une femme, pourquoi tu travailles dans le sport?’"

En plus d’être journaliste sportive, Mona Yaacoub évolue en première division de basket avec Homenetmen

Quant à Rayane Moussalem (AFP), elle souligne que ses aptitudes professionnelles ont sans doute facilité son intégration. Ainsi, elle explique que "dans tous les médias où je suis passée, il y avait beaucoup plus d’hommes que de femmes dans l’équipe. À aucun moment je n’ai été victime de misogynie ou de machisme de la part de mes collègues. Je pense que mes connaissances et mes compétences ont contribué au fait qu’il n’y ait pas de moquerie ou de commentaires déplacés. J’ai toujours été très appréciée dans le milieu du sport. Sur les réseaux sociaux, on peut toutefois faire l’objet de remarques sexistes du genre: ‘Retourne à la cuisine.’ Mais la part de ces commentaires reste très minime. Les remarques sexistes à l’égard des journalistes sportives sont cependant un phénomène mondial et pas exclusivement libanais."

Rayane Moussalem, au cours de sa couverture des Jeux Olympiques

En effet, dans un pays comme la France, où exercent de nombreuses journalistes sportives, un documentaire intitulé Je ne suis pas une pute, je suis une journaliste, sur Canal +, produit par Marie Portolano, avait fait grand bruit en 2021, en raison de nombreux témoignages de reporters sportives françaises qui avaient été victimes de misogynie, de machisme et même de certaines agressions sexuelles (baisers forcés) par leurs confrères masculins. Ce documentaire a même entraîné le licenciement du journaliste sportif star de Canal +, Pierre Ménès, en raison de son comportement déplacé envers ses consœurs.

Enfin, Ghina Chehwan (LBCI) souligne que dans la chaîne où elle travaille, "nous sommes constamment soutenues et incitées à aller de l’avant. Dans le milieu, j’ai eu une mauvaise expérience au cours d’une conférence sur les journalistes sportives féminines où tous les intervenants étaient des hommes. Il y avait uniquement une modératrice de débat. Je suis jeune avec un visage d’enfant et j’avais exposé mon ambition de devenir journaliste sportive pour notamment faire des enquêtes sur la corruption dans le sport, et un intervenant m’avait sèchement répondu que j’étais une femme et que je ne pourrais rien faire".

Ghina Chehwan (LBCI). En parallèle à son activité de journaliste, Ghina Chehwan pratique le Parkour, qui est un sport visant à franchir, de façon acrobatique, en ville et en pleine nature des obstacles qui se présentent

Le chemin paraît encore long pour les femmes dans le milieu médiatique sportif libanais. Mais Ghina, Mona, Rayane et Sindi font figure de journalistes sportives compétentes et passionnées, qui ne manqueront pas de susciter de nouvelles vocations chez les générations futures.