Première arrivée au sommet dans le Tour de France, la Planche des Belles Filles a presque toujours offert une photographie nette du favori de la Grande boucle, analyse Thibaut Pinot, voisin de la montée vosgienne qui attend vendredi le peloton.

Ses pentes, " tellement irrégulières qu’elles font vraiment mal " en configuration " Super Planche " (7 km à 8,7%), offrent une première rencontre en moyenne montagne à Tadej Pogacar, intouchable sur les pavés comme sur les " raidards ". Avec comme en 2019, pour prolonger le plaisir, un kilomètre de route en grande partie non goudronnée jusqu’à la ligne d’arrivée pour tenter de déstabiliser le peloton.

" On n’a jamais vu depuis 2012 un coureur lâché dans la Planche des Belles Filles jouer ensuite la victoire finale du Tour ", tranche Pinot, dont le village de Melisey est niché à moins de vingt kilomètres de cette ascension devenue un classique du Tour en seulement dix ans.

" Cette montée est assez révélatrice parce qu’on ne peut pas se cacher ", juge le grimpeur français, transformé le temps d’une journée de mai en guide de cette Planche qu’il gravit une " dizaine de fois dans l’année ".

" Les montées alpestres sont plus régulières, même en n’étant pas trop bien, on peut limiter la casse, analyse le Franc-Comtois. Ici, on ne peut pas trop. Tout de suite, on voit qui sera dans le match. "

Sur la Planche, ils recherchent des sensations –

En cinq passages de la Grande boucle depuis 2012, cette côte d’entraînement de Thibaut Pinot a livré quatre fois sa vérité. Bradley Wiggins y avait endossé le maillot à l’issue de l’ascension inaugurale, pour ne plus jamais le perdre. En 2014, Vincenzo Nibali y avait fait coup double et l’Italien était resté en jaune jusqu’à Paris. En 2017, Christopher Froome y avait mis les mains sur la tunique dorée. Inutile enfin de rappeler le mémorable contre-la-montre final de 2020 ayant couronné Tadej Pogacar et détrôné Primoz Roglic.

Seule exception, 2019. L’étoffe avait bien changé d’épaules mais c’était l’échappé Giulio Ciccone qui l’avait endossé au détriment de Julian Alaphilippe. Surtout, parmi les prétendants au général, Geraint Thomas y avait livré la meilleure impression quand Egan Bernal, futur vainqueur, y avait lâché une poignée de secondes (neuf).

L’ajout d’une portion type gravel avait intimidé le peloton et retardé les attaques, estime Pinot, cinquième ce jour-là. " Après le mur final d’avant, on savait qu’il ne restait qu’entre trente secondes et une minute à faire à bloc et puis c’était fini. Là, on doit enchaîner un deuxième mur ", décrit le grimpeur de Groupama-FDJ.

Les images de coureurs vidés, tétanisés, posant pied à terre sur la ligne témoignaient de l’extrême exigence de ce final.

" En 2019, Julian (Alaphilippe), même en n’attaquant qu’à 500 mètres, avait bien coincé dans les 100 derniers parce qu’ils sont vraiment interminables. On ne peut pas se permettre de faire le fou au milieu de la Planche parce qu’on peut le payer dans les deux murs d’arrivée. "

Le nouveau maillot jaune Tadej Pogacar est prévenu. Même si les règles habituelles ne s’appliquent pas au Slovène qui, l’an passé, n’avait même pas attendu la dernière ascension pour assommer la concurrence dès le premier rendez-vous en montagne, au Grand-Bornand.

" Nous avons une équipe forte et nous allons essayer de contrôler la course, a affiché jeudi le jeune ambitieux. Ce ne sera pas un désastre si l’échappée va au bout mais je vais essayer de gagner. "

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