A Chypre, le pape se dit \
©Le pape François recevant des cadeaux du patriarche chrétien maronite du Liban Beshara al-Rai (à gauche) et de l'archevêque de la communauté catholique maronite de Chypre Selim Sfeir (à droite), lors de sa visite à la cathédrale maronite Notre Dame de Grâce de la capitale Nicosie, le 2 décembre 2021. (AFP)


 

Au coeur de la Méditerranée orientale, le pape François devrait renouveler vendredi ses appels à la "fraternité" et au "dialogue", au deuxième jour de sa visite à Chypre où il célèbrera une grande messe à laquelle sont attendues des milliers de personnes.







Jeudi, le pape François s'est dit "très préoccupé" par la crise sociale, économique et humanitaire que traverse le Liban voisin de l'île méditerranéenne, lors d'un discours dans une cathédrale maronite.

"Quand je pense au Liban, je suis très préoccupé par la crise dans laquelle il se trouve et je ressens la douleur d'un peuple fatigué et éprouvé par la violence et la souffrance", a-t-il déclaré quelques heures après son arrivée sur l'île.

Le pape a ajouté "porter dans (sa) prière le désir de paix qui monte du coeur de ce pays", situé à quelque 160 km des côtes chypriotes.

Selon des officiels de l'Eglise maronite, quelque 1000 Libanais se sont rendus sur l'île pour la visite du souverain pontife en République de Chypre, à majorité orthodoxe et où vivent entre 5000 et 7000 maronites.




Le pontife argentin de 84 ans a aussi lancé jeudi un vibrant appel à l'"unité", déplorant la "terrible lacération" de l'île divisée depuis l'invasion turque de 1974.

"Le chemin de la paix, qui guérit les conflits (...), est balisé par un mot: dialogue", a déclaré le pape, au moment où les pourparlers avec l'autoproclamée République turque de Chypre Nord (RTCN, reconnue uniquement par Ankara) pour la réunification de l'île sont au point mort depuis 2017.Aux portes d'une région minée par les conflits et la crise migratoire, le pape a de nouveau mis en garde le continent européen contre "les murs de la peur" et les "intérêts nationalistes".Ce voyage est aussi marqué par le dialogue avec les orthodoxes, séparés de l'église catholique depuis le schisme de 1054 entre Rome et Constantinople.

Vendredi matin, le Saint-Père sera reçu par l'archevêque Chrysostome II, primat de l'église locale, avant de rencontrer le Saint-Synode, à la cathédrale orthodoxe de Nicosie, où il prononcera un discours.


Il se rendra ensuite au stade de la capitale pour célébrer une messe devant quelque 7.000 fidèles, selon les organisateurs, encadrés par un important dispositif de sécurité.

Y sont attendus les membres de la communauté catholique latine de Chypre, composée d'environ 25.000 membres - aujourd'hui majoritairement des travailleurs immigrés asiatiques et des réfugiés africains.

Rhose, une nounou philippine installée à Chypre depuis 18 ans, explique avoir demandé à son employeur de l'autoriser à se rendre au stade. "Même si ce n'est que pour deux ou trois heures, je suis si heureuse", a-t-elle confié à l'AFP.

Après la venue de Benoît XVI en 2010, il s'agit de la deuxième visite d'un pape sur l'île méditerranéenne, dans laquelle François voit "un véritable point de rencontre entre différentes ethnies et cultures".

A travers ce voyage - son 35e à l'étranger depuis son élection en 2013 - le souverain pontife entend aussi braquer à nouveau les regards sur la question migratoire, enjeu majeur à Chypre et dans la région, sur fond de tensions au sein de l'Union européenne.

Lui-même issu d'une famille de migrants italiens installés en Argentine, il n'a de cesse de prôner l'accueil des milliers de "frères et soeurs", sans distinguer la religion, ou le statut de réfugié ou d'exilé économique.

Vendredi après-midi, le pape présidera une prière œcuménique avec des migrants dans une église située près de la zone tampon administrée par l'ONU.

Le pape compte faire transférer de Chypre en Italie 50 migrants, a annoncé le président chypriote Nicos Anastasiades qui a rencontré François jeudi à Nicosie. Le Vatican n'a pas confirmé dans l'immédiat cette annonce.

La République de Chypre affirme que quelque 10.000 migrants en situation irrégulière sont arrivés au cours des dix premiers mois de l'année, la plupart depuis le nord de l'île.

Rapporté à sa population de quelque un million d'habitants, elle dit enregistrer le plus grand nombre de primo-demandeurs d'asile en Europe.

AFP

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